Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique
Parodontologie
À l’heure actuelle, les relations entre maladies parodontales et maladies systémiques sont de plus en plus étudiées, notamment le lien entre maladies parodontales et accouchements prématurés. Cette étude récente a eu comme objectif d’évaluer le lien entre maladies parodontales et vaginose bactérienne, ces deux pathologies ayant été liées aux accouchements prématurés. Les auteurs ont également étudié l’impact des rapports bucco-génitaux sur...
À l’heure actuelle, les relations entre maladies parodontales et maladies systémiques sont de plus en plus étudiées, notamment le lien entre maladies parodontales et accouchements prématurés. Cette étude récente a eu comme objectif d’évaluer le lien entre maladies parodontales et vaginose bactérienne, ces deux pathologies ayant été liées aux accouchements prématurés. Les auteurs ont également étudié l’impact des rapports bucco-génitaux sur la santé parodontale.
Au total, 3 569 patientes âgées de 15 à 44 ans, n’étant pas enceintes et ne présentant pas de pathologies gynécologiques majeures, ont été incluses dans cette étude. Un interrogatoire portant sur les habitudes d’hygiène bucco-dentaire et féminine ainsi que sur les pratiques sexuelles orales a été réalisé. Un examen parodontal systématique a été mis en place afin de relever la présence de signes inflammatoires (rougeur, saignement au sondage) ainsi que la présence de poches parodontales (3 sites au minimum > 4 mm). Un examen gynécologique a également été fait, consistant en une analyse de la composition du fluide vaginal afin de diagnostiquer la présence d’une vaginose bactérienne (critère de Nogent > 7).
28 % des femmes présentant une vaginose bactérienne présentent également une parodontopathie, cette proportion étant supérieure par rapport aux femmes sans vaginose bactérienne. Après ajustement des facteurs confondants, les auteurs estiment l’augmentation du risque de développer une maladie parodontale de 1,23 fois pour les patientes présentant une vaginose bactérienne.
Concernant l’étude de l’impact des pratiques sexuelles orales sur les maladies parodontales, cette étude démontre une augmentation du risque de développer une maladie parodontale pour les patientes ayant pratiqué des rapports bucco-génitaux avec des partenaires non circoncis (ratio de risque 1,28), ceci par rapport à celles ayant eu le même type de rapport avec un partenaire circoncis.
Il semble donc qu’un lien existe entre vaginose bactérienne et maladies parodontales. Le rôle joué par Fusobacterium nucleatum dans les deux pathologies pourrait faire penser que cette espèce bactérienne pourrait être le lien reliant les deux pathologies.
L’étude des pratiques sexuelles sur la survenue de maladies parodontales n’a pas abouti à des conclusions significatives, mais les auteurs rappellent la possibilité d’un transfert de germes des organes génitaux vers la cavité buccale, ces mêmes germes pouvant ainsi avoir une action pathogène sur le parodonte ainsi qu’une possible susceptibilité génétique chez certaines femmes, les rendant plus sensibles à l’agression bactérienne et donc à l’apparition de vaginose bactérienne ou/et de maladies parodontales.
Cet article au titre « accrocheur » et insolite ne permet pas, en définitif, de tirer de conclusions pouvant avoir des répercussions sur nos pratiques cliniques, spécifiquement dans la prise en compte de nouveaux facteurs de risque. Par ailleurs, ce papier présente tout de même comme intérêt de compléter certaines autres études ayant mis en évidence un lien entre maladies parodontales et naissances prématurées, ceci via le passage dans la circulation sanguine de bactéries parodontopathogènes.