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Jean-Jacques Barrelle peut être considéré, avec Pierre Dargent et Mme Chaput, comme un des pères de la parodontologie en France.
Il fallait être un réel visionnaire pour proposer, dès 1948, la création, à l’École odontologique de Paris (qui deviendra par la suite la Faculté de chirurgie dentaire Paris 7-Garancière), d’un service de « pyorrhée », qui sera renommé plus tard, en 1962, service de parodontologie.
Nommé professeur de premier grade des Écoles...
Jean-Jacques Barrelle peut être considéré, avec Pierre Dargent et Mme Chaput, comme un des pères de la parodontologie en France.
Il fallait être un réel visionnaire pour proposer, dès 1948, la création, à l’École odontologique de Paris (qui deviendra par la suite la Faculté de chirurgie dentaire Paris 7-Garancière), d’un service de « pyorrhée », qui sera renommé plus tard, en 1962, service de parodontologie.
Nommé professeur de premier grade des Écoles nationales de chirurgie dentaire, il travaille à la reconnaissance et à la création universitaire d’une section de parodontologie et se voit attribuer la responsabilité du département de parodontologie de Garancière, charge qu’il assumera jusqu’en 1981, date de la cessation de ses activités universitaires.
Durant toute sa carrière professionnelle, il n’a eu de cesse de promouvoir la parodontologie, en dispensant de nombreux cours universitaires en France et à l’étranger (il fut le premier enseignant de parodontologie lors de la création de la Faculté de chirurgie dentaire de Monastir en Tunisie, par exemple). En 1971, il rédige, en collaboration avec Simon Hirsch, deux tomes intitulés « Introduction à la parodontologie » et publie en 1974 l’ouvrage « La dynamique des occlusions ». Ces livres ont accompagné la formation et l’initiation à la parodontologie de bon nombre d’étudiants, praticiens et même enseignants pendant de longues années.
Il est à l’origine des principales institutions représentant la parodontologie en France : président fondateur en 1966 du Cercle de parodontie, puis de la Société française de parodontologie en 1971 avec Pierre Dargent, co-président fondateur du Collège national des enseignants en parodontologie et Henri Koskas.
Je lui dois d’avoir orienté, encouragé et aidé toute ma carrière professionnelle et universitaire : c’est lors d’un cours de formation en parodontologie, organisé par Edmond Benqué et animé par Pierre Dargent et Jean-Jacques Barrelle que nous avons découvert à la fin des années 60 cette discipline encore très confidentielle à cette époque. L’enthousiasme suscité par ce cycle devait aboutir à la création du Cercle de parodontie du Sud-Ouest, précurseur de la SFPIO Midi-Pyrénées et à ma décision d’aller plus loin et de suivre un enseignement de spécialité aux États-Unis. C’est encore Jean-Jacques Barrelle qui m’a accueilli à Garancière à mon retour, au moment où d’autres portes s’étaient fermées. J’ai toujours été reconnaissant de son attitude à mon égard. Nos relations professionnelles ont rapidement évolué vers une véritable amitié, car si j’avais pu apprécier ses qualités professionnelles, je découvrais en même temps ses qualités humaines, sa générosité et sa gentillesse, sa modestie et son respect de l’autre.
Il écrivait en 1961 : « La pensée évolue et la profession comprend que la connaissance des tissus de soutien de la dent et de leur comportement situe tous les problèmes de l’odonto-stomatologie dans un contexte biologique et fonctionnel qui va contribuer à hausser le niveau de ce qui était un art à celui d’une science », ceci 50 ans avant l’avènement de la médecine fondée sur la preuve (Evidence based Dentistry). Fallait-il être réellement en avance sur son temps !
Mais son côté artistique va s’exprimer au travers de la photographie qu’il pratique en amateur éclairé parallèlement à son activité clinique et universitaire, puis en véritable professionnel par la suite.
Je souhaite que la jeune génération qui porte avec conviction actuellement les couleurs de la parodontologie puisse se souvenir que Jean-Jacques Barrelle fait partie de ceux qui ont posé la première pierre de l’édifice à une époque où le terme de parodontologie n’existait même pas encore.
Nos affectueuses pensées vont vers Christine, son épouse, collaboratrice de l’odontologiste, muse du photographe, qui sut l’accompagner, le soutenir, le protéger et l’aimer.