Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2010

 

Revue Scientifique Internationale – La sélection

Parodontologie

Yves Reingewirtz  

L’événement est suffisamment rare pour qu’on s’y attarde. Le monde scientifique a pour habitude de se réjouir de la parution de nouvelles revues professionnelles. Il faut savoir, lorsque se profile le crépuscule de l’une d’entre elles, saluer la qualité des articles qu’elle a pu proposer, et il est aussi bon de se rappeler que le monde de la presse, comme celui d’autres outils de communication, peut être victime de la crise. Alors saluons une dernière fois la revue Perio qui vient d’éditer son dernier numéro, et avec elle, notamment, ses prestigieux coéditeurs, Pierre Baehni, Iain Chapple, Jean-Louis Giovannoli et Joerg Meyle. Et pour marquer ce qui a été à nos yeux l’une des qualités premières de cette revue, son « internationalité », retenons pour analyse un papier signé par l’équipe indienne du Dr Bhongade, responsable du Département de parodontologie du Collège dentaire de Sharad Pawar à Sawangi, Wardha, Maharastra.

But de l’étude

Le traitement des lésions furcatoires de classe II représente sans doute l’une des difficultés majeures à traiter pour le parodontiste. Si l’apport de biomatériaux de comblement ne représente qu’un intérêt relatif et variable suivant son type, l’utilisation de membranes occlusives destinées à guider la régénération tissulaire est elle, en revanche, un atout biologique majeur. Les auteurs de cette étude proposent de comparer les résultats de deux types de membrane, l’une test, greffe de tissu conjonctif, l’autre contrôle, membrane de collagène d’origine bovine.

Matériels et méthodes

Au total, 20 patients ont été inclus dans cette étude et ont reçu, de façon aléatoire et après réalisation d’un lambeau au niveau d’une molaire mandibulaire présentant une furcation de Classe II, soit un greffon conjonctif prélevé au palais, soit une membrane collagène d’origine bovine (Bio-Gide®, Geistlich Pharma). Les niveaux de sondage des défauts horizontaux et verticaux ont été relevés et comparés avant traitement, puis à 3 et 6 mois.

Résultats

• La réduction verticale de la profondeur de poche à 6 mois était significative pour les groupes test (2,43 ± 0,46 mm) et contrôle (2,21 ± 0,61 mm), sans différence notable entre les deux groupes.

• Le gain vertical d’attache à 6 mois était plus important pour le groupe test (2,08 ± 0,67 mm) que pour le groupe contrôle (1,73 ± 1,15 mm), sans différence statistiquement significative entre les deux groupes (p = 0,06).

• La fermeture complète de l’une des furcations a pu être obtenue dans un seul des deux groupes, le groupe test.

Conclusion

Six mois après chirurgie, l’utilisation de greffon conjonctif comme celle de collagène résorbable en tant que barrières pour traitement de lésions furcatoires de Classe II a pour résultat, d’une part, le gain vertical d’attache, d’autre part la réduction horizontale de la profondeur de poche.

Commentaires

Plusieurs conclusions cliniques sont à porter à l’actif de cette étude. Tout d’abord, la technique RTG peut être appliquée par l’utilisation de greffon autogène conjonctif. Deuxièmement, cette barrière est aussi efficace, voire davantage qu’une membrane de collagène bovin, même si la différence entre les deux membranes n’est pas significative. Troisièmement, non seulement la technique de la barrière conjonctive permet d’espérer un gain de niveau d’attache horizontal et vertical, mais en plus et selon les cas, cette technique permet d’espérer la fermeture complète de la furcation. Inconvénient majeur pourtant à souligner dans la technique du greffon conjonctif : la nécessité d’un second site opératoire ; à rapprocher du risque non moins critique de l’origine bovine de la membrane utilisée comme contrôle et susceptible de contamination.