Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2010

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Parodontologie

Renaud Rinkenbach  

But de l’étude

Il réside dans l’évaluation du développement dento-alvéolaire de l’enfance à l’âge adulte, chez des sujets présentant une occlusion idéale et sans antécédent de traitement orthodontique.

Matériels et méthodes

L’échantillon étudié était constitué de 436 modèles d’étude correspondant à 189 hommes et 247 femmes suédois, d’âge compris entre 5 et 31 ans. Les modèles ont été réalisés sur des patients de 5, 7, 10, 13, 16...


But de l’étude

Il réside dans l’évaluation du développement dento-alvéolaire de l’enfance à l’âge adulte, chez des sujets présentant une occlusion idéale et sans antécédent de traitement orthodontique.

Matériels et méthodes

L’échantillon étudié était constitué de 436 modèles d’étude correspondant à 189 hommes et 247 femmes suédois, d’âge compris entre 5 et 31 ans. Les modèles ont été réalisés sur des patients de 5, 7, 10, 13, 16 et 31 ans, puis regroupés en fonction des stades de développement dentaires. Différentes variables ont été appréciées, parmi lesquelles : la largeur dentaire, la longueur, la largeur et la profondeur d’arcade ainsi que la hauteur palatine. L’ensemble des données a été analysé en utilisant le test t- de Student.

Résultats

• Pas de différence de largeur dentaire entre la droite et la gauche que l’on soit en denture temporaire ou permanente. Les deuxièmes molaires maxillaires et mandibulaires sont plus larges de 2,7 mm que leurs homologues lactéales. Il n’existe statistiquement aucune différence significative concernant les premières molaires déciduales et leurs remplaçantes.

• La longueur d’arcade diminue entre 7 et 13 ans à cause de la perte du lee-way* (– 1 mm au maxillaire, – 3 mm à la mandibule), puis cette valeur diminue légèrement jusqu’à 31 ans. On remarque une augmentation de l’arc incisivo-canin, de 4 mm à la mandibule et de 6 mm au maxillaire, lors de l’éruption des dents permanentes. Cette mesure diminue ensuite de 2 mm aux deux arcades jusqu’à 31 ans.

• La largeur intercanine augmente de 4 mm entre 5 et 10 ans, puis se stabilise vers 16 ans au maxillaire. À la mandibule, on note un pic à 10 ans, puis une décroissance continue, plus marquée chez les garçons, a été observée. La distance interprémolaire évolue de la même manière.

• Augmentation de la profondeur d’arcade en rapport avec une éruption plus vestibulaire des incisives. L’auteur note une diminution de 1 à 2 mm de cette mesure jusqu’à l’âge de 31 ans, expliquant probablement la réduction du surplomb de 0,7 mm entre 13 et 31 ans.

• La hauteur palatine augmente considérablement entre 5 et 16 ans (6,6 mm chez les femmes et 6,3 mm chez les hommes) avec une moyenne de 0,5 mm par année. Cette croissance ne se stabilise pas et se poursuit à un rythme de 0,1 mm par année jusqu’à l’âge de 31 ans.

Conclusion

Cet article nous montre le côté dynamique de la mise en place de l’occlusion, échafaudage rythmé par la croissance osseuse des maxillaires. Ces mesures mettent clairement en évidence la poursuite de la croissance verticale des procès alvéolaires même après l’âge arbitraire des 18/20 ans. Ces données sont à prendre en compte notamment lors de la pose d’implant dentaire.

Commentaires

La connaissance de la morphogenèse des arcades dentaires est primordiale en ODF, surtout lorsque l’on veut établir un plan de traitement qui prenne en compte le potentiel dynamique de ces dernières. Ces données établies de manière exhaustive sont une manne pour le chirurgien-dentiste et constituent une référence incontournable pour toute étude sur l’établissement de l’occlusion.

Parmi les données remarquables de cette étude, soulignons la poursuite de la croissance alvéolaire maxillaire verticale au-delà de l’âge de fin de croissance staturale. La pose d’un implant, et par la même occasion la création d’une ankylose prothétique, peut engendrer certaines déconvenues avec le temps, qu’il faudra prendre en compte. Cette croissance continue permettra d’expliquer la perte de l’alignement dentaire et l’apparition d’une infraclusion avec le temps, lors du remplacement de l’une d’entre elles par un implant. Il semble évident que plus la croissance verticale de l’étage inférieur de la face est importante, plus la différence esthétique sera perceptible. Pour ces raisons, il conviendra de moduler les plans de traitement concernant la prise en charge d’agénésies des incisives latérales maxillaires. Un sourire gingival découvrant les collets dentaires ne pardonnera pas cette sidération de la croissance alvéolaire à moyen terme et, dans certains cas, la mésialisation d’une ou des deux canines s’avérera plus judicieuse pour le patient. Bien entendu, d’autres facteurs, comme le profil d’émergence canin, seront à mettre en balance avec le risque relatif d’apparition d’une infraclusion. Un torque incisif insuffisant, engendrant un angle interincisif insuffisant, favorisera la croissance alvéolaire antérieure et, pour la même raison, pourra être considéré comme un facteur prédictif défavorable qui devra être vérifié par l’orthodontiste, avant la dépose de l’appareil.

L’auteur a arrêté ses mesures à des adultes de 31 ans. Il semble évident que les modifications alvéolaires n’ont pas de limite d’âge et rendent ces conclusions encore plus réalistes avec le temps.

* Lee-way : espace de dérive mésiale qui apparaît lors du passage de la denture mixte à celle adolescente (remplacement des molaires temporaires par des prémolaires définitives plus petites).