Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 3 du 01/09/2020

 

Article

Vianney DESCROIX  

Professeur des Universités en biologie orale, UFR d'odontologie Garancière, Université de Paris
Chef de Service d'odontologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, APHP Sorbonne Université

Résumé

Résumé

Le syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus-2 (SRAS-CoV-2) est dû à un nouveau coronavirus qui a provoqué une pandémie mondiale de la maladie respiratoire humaine Covid-19, entraînant une menace grave pour la santé et la sécurité publiques. L'analyse de l'arbre génétique suggère que le SRAS-CoV-2 appartient au même groupe de bêtacoronavirus que le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV) et le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). Bien que la voie de transmission virale reste un mystère, le SRAS-CoV-2 semble provenir d'un réservoir animal, probablement celui de la chauve-souris. Les caractéristiques cliniques de Covid-19, telles que la fièvre, la toux, l'essoufflement et la fatigue, sont similaires à celles retrouvées dans de nombreuses infections respiratoires aiguës. Il n'existe actuellement aucun traitement spécifique pour la Covid-19 mais la thérapie antivirale combinée à des soins de soutien est la principale stratégie. Nous résumons ici les progrès récents dans la compréhension des caractéristiques cliniques de la Covid-19 dans les différentes formes adultes et pédiatriques.

Summary

ABSTRACT

Severe acute respiratory syndrome coronavirus-2 (SARS CoV-2) is due to a new coronavirus which has caused global pandemic of human respiratory disease Covid-19, posing a serious threat to health and public safety. Analysis of the genetic tree suggests that SARS-CoV-2 belongs to the same group of beta-virus that the acute respiratory syndrome coronavirus severe (SARS-CoV) and respiratory syndrome coronavirus from the Middle East (MERS-CoV). Although the way to viral transmission remains a mystery, SARS-CoV-2 appears to come from an animal reservoir, probably bats. The clinical characteristics of Covid-19, such as fever, cough, shortness of breath and fatigue, are similar to those found in many respiratory tract infections. There is currently no specific treatment for Covid-19 but antiviral therapy combined with supportive care is the main strategy. Here we summarize recent advances in the understanding of the clinical features of Covid-19 in different adult and pediatric forms.

Key words

ARS-CoV 2, Covid-19, viral pneumonia, new coronavirus.

Introduction

Les virus de la famille des coronavirus provoquent généralement les symptômes du rhume courant, mais deux bêtacoronavirus – SRAS-CoV-1 et le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) – peuvent provoquer une pneumonie grave et une insuffisance respiratoire conduisant au décès. Fin 2019, une infection a été signalée chez des personnes qui avaient été exposées à un marché de fruits de mer à Wuhan, en Chine, où des animaux vivants ont été vendus. Il s'agit d'un nouveau bêtacoronavirus, nommé par la suite SRAS-CoV-2. Dès lors, le virus s'est propagé de manière ultra-rapide, conduisant à une pandémie mondiale de la Covid-19. Nous proposons dans cet article une revue des données cliniques et biologiques qui décrivent le mieux la maladie Covid-19. Il s'agit d'une maladie particulièrement récente, appelant à une grande prudence concernant les données scientifiques qui peuvent changer rapidement.

Transmission

Le SRAS-CoV-2 se propage principalement d'une personne à une autre par le biais de gouttelettes respiratoires, qui sont généralement libérées lorsqu'une personne infectée tousse ou éternue. Étant donné que les gouttelettes tombent généralement à quelques mètres, la probabilité de transmission diminue si les personnes restent au moins à 2 mètres l'une de l'autre. Il est peu probable que la transmission se produise par inhalation d'aérosols (virions en suspension dans l'air) mais il est à craindre que le virus puisse être aérosolisé au cours de certaines activités (par exemple, le chant) ou de procédures (par exemple, l'intubation ou l'utilisation de nébuliseurs). Il peut, en outre, persister dans les aérosols pendant plus de 3 heures (van Doremalen et al., 2020). L'ARN du SRAS-CoV-2 a été détecté dans le sang et les selles bien que la propagation fécale-orale n'ait pas été documentée. Le SRAS-CoV-2 peut persister sur le carton, le plastique et l'acier inoxydable pendant des jours (jusqu'à 72 heures) (van Doremalen et al., 2020). Par conséquent, la contamination des surfaces inanimées peut jouer un rôle dans la transmission (Wei et al., 2020).

L'un des défis majeurs à prendre en compte pour endiguer la propagation du SRAS-CoV-2 est que les personnes pré-symptomatiques sont contagieuses (Kimball et al., 2020). Des rapports récents suggèrent en effet que les patients peuvent être contagieux 1 à 3 jours avant l'apparition des symptômes et que 40 à 50 % des cas peuvent être attribuables à des transmissions de personnes asymptomatiques ou pré-symptomatiques (He et al., 2020). Juste avant ou peu de temps après l'apparition des symptômes, les patients présentent des taux viraux naso-pharyngés élevés, qui diminuent ensuite au cours d'une semaine environ (Wölfel et al., 2020). Les patients atteints d'une maladie grave ou chronique peuvent mettre plus de temps à éliminer le virus, bien que la durée de l'excrétion virale infectieuse ne soit pas claire (Liu et al., 2020).

Présentation clinique

Le SARS-CoV-2 provoque une maladie respiratoire nommée Covid-19 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il existe deux formes différentes de la maladie Covid-19 : une forme asymptomatique et une forme symptomatique (Plaçais et al., 2020).

La maladie Covid-19 peut évoluer en 3 phases avant le décès (Plaçais et al., 2020).

Premièrement, on observe une phase dite d'incubation. La durée d'incubation est définie par l'intervalle de temps entre la date d'un premier contact (contamination) et la date d'apparition des symptômes. En fonction des études, sa durée varie entre 1 et 14 jours (Tu et al., 2020). Guan et al. retrouvent une durée d'incubation de 4 jours (Guan et al., 2020) alors que Li et al. retrouvent une durée d'incubation de 5,2 jours (Li et al., 2020).

Deuxièmement, une phase symptomatique apparaît chez 70 % des personnes infectées, présentant une durée médiane de 8 jours.

Enfin, une troisième phase de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) survient chez 3,4 % des patients hospitalisés.

L'épidémie au sein du bateau Diamond Princess resté en quarantaine au port de Yokohama a permis une analyse de modélisation qui peut estimer la proportion de patients asymptomatiques parmi tous ceux qui se sont avérés positifs au SARS-CoV2 (Mizumoto et al., 2020) : 634 personnes ont été testées positives parmi 3063 testées au 20 février 2020. Dans cet échantillon, 17,9 % des personnes étaient asymptomatiques, ce qui chevauche une estimation récemment dérivée de 33,3 % (intervalle de confiance à 95 % [8,3-58,3]) à partir des données des citoyens japonais évacués de Wuhan. On observe une similitude rapportée des charges virales entre les patients asymptomatiques et symptomatiques (Zou et al., 2020). En outre, même s'il n'y a pas encore de preuve claire de transmission asymptomatique, la transmission du SRAS-CoV-2 par des cas asymptomatiques...