Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/02/2020

 

Éditorial

Georges. D. RACHLIN  

Parodontie Exclusive
Cabinet Dentaire Hôpital Européen de Marseille

« All that's new is not true, all that's true is not new »

G. M. Kramer (Boston)

C'est avec honneur que j'ai accepté d'être rédacteur en chef invité d'un numéro spécial du JPIO consacré à la thérapeutique parodontale « evidence based ». En effet, nos objectifs doivent être basés sur la preuve et aussi sur la pérennité. C'est pourquoi je cite ici deux phrases d'« une bible » de la parodontologie : Periodontal Therapy de...


« All that's new is not true, all that's true is not new »

G. M. Kramer (Boston)

C'est avec honneur que j'ai accepté d'être rédacteur en chef invité d'un numéro spécial du JPIO consacré à la thérapeutique parodontale « evidence based ». En effet, nos objectifs doivent être basés sur la preuve et aussi sur la pérennité. C'est pourquoi je cite ici deux phrases d'« une bible » de la parodontologie : Periodontal Therapy de Goldman H. M. et Cohen D. W.

Dans l'édition de 1980, Goldman écrivait dans la préface : « ... basic and clinical research have demonstrated data concerning not only the etiology of periodontal disease but clinical approaches to it. ... The excisive and reconstructive reparative techniques have become firmly established... »

Ce sont ces données que je voudrais partager avec les lecteurs du journal : ce sont les recherches fondamentales et cliniques qui ont établies l'étiologie et les traitements des parodontites.

Dans ce numéro spécial, nous allons donc rappeler les objectifs de cette thérapeutique qui n'ont jamais changé et qui sont indispensables au traitement des parodontopathies. Ils sont toujours les mêmes quelle que soit la technique de traitement envisagée:

1/ élimination des facteurs étiologiques locaux :

C'est la phase essentielle de la thérapeutique parodontale. Elle va supprimer l'inflammation et c'est la première « ligne d'attaque » contre la maladie parodontale (CIANCIO). Cette phase comprend la motivation à l'hygiène, le détartrage et le surfaçage radiculaire. Une réévaluation conclura cette étape et l'analyse des résultats nous permettra d'évaluer la nécessité d'un traitement chirurgical ou non.

2/ élimination de la « poche » et création d'un sulcus minimum (GOLDMAN) :

Ces 2 premiers objectifs, obtention d'un sulcus minimum et contrôle de la plaque bactérienne, sont complémentaires et sont les piliers du rationnel de la thérapeutique parodontale.

3/ architecture gingivale et osseuse physiologique :

La morphologie gingivale du parodonte sain correspond à la morphologie osseuse sous-jacente. C'est ce que l'on cherchera à obtenir en fin de traitement.

Reconstruire de l'os, a été le rêve de tous les parodontistes jusqu'à ce que l'on parle de reconstruire tout le parodonte et cela grâce à la technique de Régénération Tissulaire Guidée (RTG) !

Depuis des années de recherche sur le traitement des Parodontites la RTG a été la seule nouveauté : c'est pourquoi, dans ce numéro spécial, deux articles d'auteurs différents, seront consacrés à cette technique.

4/ contrôle de l'occlusion :

Il est important de contrôler les forces nocives qui s'appliquent sur les dents présentant des problèmes parodontaux. Les pertes osseuses dues à la maladie, associées à ces forces peuvent générer un traumatisme occlusal secondaire qui sera responsable d'une perte osseuse suplémentaire (LINDHE).

5/ hygiène quotidienne et maintenance aisées :

On sait depuis longtemps que la motivation et la compliance des patients sont des facteurs incontournables du traitement et du suivi des maladies parodontales. Mauvaise hygiène et pas de surveillance entraineront un risque élevé de reprise de la maladie (POLSON).

6/ l'esthétique qui devient une obligation majeure associée au traitement :

L'esthétique est, de nos jours, un résultat obligatoire du traitement en Dentisterie. Il en est de même en Parodontie. On a vu le développement des techniques chirurgicales muco-gingivales reconstructrices. Il faut aussi obtenir des résultats « esthétiques » en chirurgie osseuse, qu'elle soit résectrice ou régénératrice.

On aurait pu ajouter un dernier paragraphe dans ce numéro spécial : l'« evidence based implantology ». En effet, la technique chirurgicale, que le Pr. Branemark, avait codifié dès l'année 1976, et qu'il destinait, en priorité, aux parodontistes a été profondément transformée : modification du protocole de base, extraction / implantation immédiate, mise en charge « prématurée » et même des modifications de l'état de surface des implants, .... Si cela ne semble pas avoir changé, à court terme, le taux de survie des implants, on voit apparaître, dans le temps, des problèmes au niveau des papilles, des crêtes alvéolaires péri-implantaires et de la muqueuse vestibulaires (LANG), mais ceci est une autre histoire !

Je remercie encore Paul Mattout de la confiance qu'il m'a accordée pour l'édition de ce numéro, ainsi que tous les praticiens qui ont apportés leur connaissance, leur expérience, et leur travail dans sa rédaction.