ENDODONTIE
Jean-François MATERN* Matthieu SCHMITTBUHL**
*Médecin radiologue
**Ancien interne et assistant des Hôpitaux
***Ancien chef de clinique des Universités
Exercice privé,
Bischwiller
****DMD, M Sc, PhD
*****Professeur titulaire de radiologie
Faculté de médecine dentaire
Université de Montréal
******Chef du Département de Stomatologie,
Centre hospitalier de l’Université de Montréal
(CHUM)
L’endodontie a largement bénéficié de l’imagerie tomographie volumique à faisceau conique (Cone Beam Computed Tomography, CBCT), notamment grâce aux possibilités d’exploration en haute résolution que cette modalité offre. La qualité des images obtenues permet en effet des observations que nulle autre approche radiologique ne peut atteindre et contribue donc à fournir des informations très précieuses sur le plan à la fois du diagnostic et de la planification endodontique.
• Recherche de complications péri-apicales, notamment des parodontites péri-apicales dans un contexte clinique non contributif [1].
• Évaluation de la complexité morphologique radiculaire et appréciation de la configuration canalaire.
• Analyse des résorptions radiculaires internes, externes ou cervicales.
• Recherche de fractures ou de fêlures radiculaires.
• Planification des modalités de traitement canalaire ou encore des séquences de chirurgies endodontiques [2].
Le choix du champ de vue doit être adapté en fonction de la ou des dents suspectées. La plupart des situations se satisferont d’un champ de vue limité (5 x 5 ou 6 x 6 cm). Toutefois, l’exploration des molaires supérieures et de certaines prémolaires (des secondes) peut nécessiter un champ de vue plus large (8 x 8 cm) si des complications sinusiennes sont suspectées.
Toutes les autres problématiques (morphologie radiculaire, configuration canalaire, résorption interne ou externe, fracture) nécessitent de petits champs de vue (≤ 8 x 8 cm) centrés sur les dents concernées.
La haute résolution (≤ 0,15 mm) est la règle dans l’évaluation des problématiques endodontiques, en raison des détails anatomiques que le clinicien est susceptible de rechercher.
Toutefois, de nombreux artefacts provoqués par les restaurations dentaires, les pivots ou encore le matériel d’obturation canalaire lui-même viennent régulièrement affecter la qualité des images.
• Série de coupes axiales particulièrement utiles pour la détection des lésions péri-apicales.
• Coupes obliques mésio-distales ou bucco-linguales selon l’axe des racines dentaires afin d’être en mesure d’apprécier la configuration canalaire ou encore de rechercher une fracture radiculaire.
• Coupes orthogonales à la portion radiculaire, toujours dans l’objectif d’analyser la configuration canalaire.
• Lésion péri-apicale :
– lésion radio-claire de forme généralement arrondie, centrée sur l’apex, plus ou moins bien délimitée, parfois diffuse ou encore bordée d’un liseré d’ostéosclérose ;
– soufflure, érosion, perforation de corticales, signes d’ostéite et résorptions apicales fréquemment retrouvés.
• Résorptions radiculaires :
– résorption radiculaire associée à une atteinte pulpaire (radio-clarté observée au niveau de la paroi canalaire, de la surface radiculaire et affectant possiblement l’os parodontal voisin) ;
– résorption cervicale (image lacunaire cervicale plus ou moins diffuse progressant généralement en direction coronaire, pulpaire ou encore apicale). Les complications parodontales et les atteintes pulpaires sont à rechercher.
• Fractures radiculaires :
– recherche du trait de fracture ou de fêlure. La détection de la fracture est souvent rendue difficile en raison des artefacts provoqués par les matériaux dentaires à proximité ;
– des signes indirects, notamment toute lésion osseuse latéro-radiculaire, peuvent également contribuer au diagnostic de fracture.
• Morphologie radiculaire et/ou configuration canalaire complexe :
– recherche de variations morphologiques et aberrations anatomiques, détection de racines supplémentaires (radix entomolaris), évaluation des courbures ou dilacération radiculaires ;
– analyse du type canalaire (I-IV), détection de canaux supplémentaires, par exemple de second canal mésio-buccal (MB2) sur une première molaire supérieure, de canaux accessoires, évaluation de la forme canalaire (canaux en forme de C), localisation des foramina apicaux et appréciation de leur degré d’ouverture.
Si la radiographie conventionnelle reste une approche de première intention en endodontie, l’imagerie par CBCT apparaît clairement comme une modalité de choix dans de nombreuses situations cliniques en fournissant des multiples informations qui vont grandement faciliter le diagnostic et la prise en charge thérapeutique.