CHIRURGIE
Cette étude multicentrique prospective a pour but d'évaluer le succès clinique et la fiabilité de l'implant Axiom® 2.8 développé par la société Anthogyr (France) sur une période de 1, 3 et 5 ans. Sur les 30 patients inclus initialement pour une indication d'édentement unitaire d'incisives mandibulaires ou latérale maxillaire, les résultats à 1 an sont présentés pour 24 patients pour lesquels toutes les données ont pu être recueillies. L'évaluation clinique a reposé sur la stabilité de l'implant, l'indice de saignement, la profondeur de sondage et le niveau subjectif de satisfaction du patient. De plus, des radiographies rétro-alvéolaires (le niveau osseux est exploité avec le logiciel Kinovea) et des photographies ont été réalisées à chaque étape. Les résultats cliniques après 1 an de mise en charge sont comparables à ceux d'implants de diamètre plus important et témoignent de la performance de cet implant Axiom® 2.8 dans ce type d'indication.
This prospective multicentric study evaluated the clinical success and the reliability of the Axiom® 2.8 implant developed by Anthogyr (France) over a period of 1, 3 and 5 years. 30 patients were initially included for an indication of single tooth edentation (mandibular or maxillary incisors). The one year outcomes are presented for 24 patients for whom all the data were able to be collected. The clinical evaluation is based on the stability of the implant, the Bleeding On Probing index, the Pocket Depth and the subjective level of satisfaction of the patient. Furthermore, local radiographs (the osseous level is exploited with the software Kinovea) and photos are taken at every stage. The clinical data after 1 year of loading are comparable to those of wider implants and gives evidence of the performance of the Axiom® 2.8 implant in this type of indication.
Au cours des 30 dernières années, les implants dentaires ostéo-intégrés ont démontré des taux de succès très élevés dans les diverses situations cliniques d'édentement. Les différents diamètres d'implants dentaires commercialisés permettent de s'adapter aux contextes anatomiques.
Il existe toutefois des difficultés pour le remplacement unitaire dans un volume osseux réduit comme pour les incisives mandibulaires ou certaines incisives latérales maxillaires. Des implants de faible diamètre existent sur le marché mais leurs dimensions, lorsqu'elles sont supérieures à 3 mm, sont moins adaptées au remplacement unitaire si le couloir implantaire est limité. Les implants de diamètre inférieur ou égal à 3 mm commercialisés n'ont longtemps été disponibles qu'en version monobloc, leur utilisation clinique requérant donc une mise en temporisation immédiate et parfois une rectification en bouche de la partie coronaire.
Les implants Axiom® 2.8 (Anthogyr-France) associent un diamètre réduit à une configuration en deux parties. Ils sont conçus avec les mêmes caractéristiques en termes de matériau (alliage de titane Ti-6Al-4V) et d'état de surface que les autres implants de cette marque utilisés depuis de nombreuses années. Ils présentent une connexion conique impactée. Cette connexion permet d'obtenir une résistance mécanique élevée et supérieure à celles d'implants concurrents utilisés dans ce type d'indications (fig. 1).
Une étude clinique multicentrique non interventionnelle a été conduite en France et en Suisse pour évaluer l'efficacité clinique de cet implant étroit en deux parties, pour le remplacement unitaire d'incisives mandibulaires ou d'incisives latérales maxillaires.
L'objectif de cette étude multicentrique est d'évaluer le succès clinique et la fiabilité de l'implant Axiom® 2.8 sur une durée de 5 ans. Cet article présente les résultats de l'évaluation intermédiaire à 1 an. Une évaluation à 3 ans est programmée.
Cinq centres investigateurs et 8 praticiens ont participé à cette étude :
- Pr Patrick Missika/Dr Hervé Tarragano/Dr Philippe Russe : Faculté de chirurgie dentaire Paris VII-Denis Diderot, service d'implantologie ;
- Dr Patrick Exbrayat : Cabinet dentaire Lyon ;
- Dr Patrick Limbour/Dr Jérémie Perrin : Faculté de chirurgie dentaire de Rennes, service d'implantologie ;
- Dr Abdessamad Boukari : Faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg, service d'implantologie ;
- Pr Jean-Pierre Bernard : Faculté dentaire de Genève, service d'implantologie.
Les implants ont tous été mis en place par des praticiens expérimentés en implantologie. Cette étude a été soumise au Comité d'éthique de la ville de Genève.
Des implants cylindriques vissés en 2 parties, Axiom® 2.8 (Anthogyr, Sallanches-France) en titane grade V, dotés d'une surface sablée BCP et traitée par l'acide et d'une connexion conique interne impactée ont été utilisés dans le cadre de cette étude et restaurés à l'aide de couronnes unitaires céramo-métalliques ou céramo-céramiques.
Trente patients ont été inclus et 24 ont été suivis pendant 1 an après la mise en charge. Ils seront revus à 3 ans et 5 ans après la mise en charge.
À chaque étape de suivi, les investigateurs ont réalisé une radiographie rétro-alvéolaire, une photographie en vue occlusale et une photographie en vue vestibulaire. Les critères suivants ont été évalués :
- contrôle de la stabilité de l'implant ;
- indice de saignement ;
- profondeur de sondage péri-implantaire ;
- satisfaction du patient.
Les mesures de niveau osseux sur les radiographies ont été réalisées par un évaluateur indépendant avec le logiciel Kinovea. L'échelle de mesure sur la radiographie était étalonnée grâce à la longueur connue de l'implant (fig. 2). La perte osseuse correspond à la différence entre le niveau osseux mesuré au départ (niveau osseux à la mise en charge) et celui mesuré 1 an après la mise en charge.
Une moyenne du niveau osseux a été calculée entre le niveau mésial et le niveau distal.
Vingt-quatre patients ont été suivis jusqu'à 1 an post-mise en charge. La moyenne d'âge est de 40 ans.
Les implants de longueur 14 mm sont les plus fréquemment posés (fig. 3 et 4) ; 66 % des couronnes sont des couronnes céramo-métalliques et 34 % des couronnes en céramo-céramique.
Onze implants sur les 21 mesurés présentent un gain osseux. Le niveau osseux de 3 implants est identique au stade de la mise en charge et 1 an après la mise en charge. Six implants présentent une perte osseuse comprise entre 0 et 1 mm. Un implant présente une perte osseuse supérieure à 2 mm (tableau 1).
Dix-neuf implants ont un indice de saignement égal à 0 et 5 implants ont un indice de saignement égal à 1 (tableau 2).
Cette mesure de profondeur au sondage présentera un intérêt dans sa comparaison avec les résultats à 3 ans et à 5 ans (tableau 3).
Un an après la mise en charge de l'implant, 100 % des patients étaient très satisfaits ou satisfaits du traitement (fig. 5).
Un seul implant a dû être déposé pour cause d'infection péri-implantaire précoce et a été reposé avec succès. Aucune douleur ni signe infectieux n'a ensuite été observé 1 an après la mise en charge.
Thomas, patient âgé de 18 ans, présente une agénésie de 12 et 22. L'espace mésio-distal est réduit, associé à une concavité des zones vestibulaires en regard des sites implantaires, au-dessus d'une crête compatible avec des implants de petit diamètre.
Madison G., 22 ans, présente une rhizalyse majeure de 22 suite à l'ectopie de 23 et à sa mise en place chirurgico-orthodontique.
Mélanie D. présente une agénésie de 12 avec persistance de l'incisive latérale temporaire.
Depuis la publication des principes de l'ostéo-intégration par Bränemark et al. [], l'évolution du niveau osseux crestal péri-implantaire est considérée comme l'un des facteurs d'évaluation du succès des implants dentaires. Selon Albrektsson et al. [], la radiographie d'un implant dentaire à hexagone externe ne doit présenter aucune image radio-claire péri-implantaire et la perte osseuse verticale doit être limitée à 1 mm la première année puis inférieure à 0,2 mm par année suivante. En 1981, Adell et al. [] montrent que plus de 50 % de la perte osseuse totale constatée sur une période de 12 mois a lieu pendant les trois premiers mois suivant la mise en charge. Deux années plus tard, ils constatent que l'essentiel de la perte osseuse a lieu dans les 12 mois après la connexion du pilier []. En 2007, Misch et al. [] ont publié un consensus mettant à jour les critères de succès, de survie et d'échec des implants. L'échelle de James-Misch a été modifiée et 4 catégories cliniques ont été définies : le succès, la survie satisfaisante, la survie compromise et l'échec. Un implant est considéré comme un succès clinique si aucune douleur ni sensibilité n'est présente lors de la mastication, si l'implant n'est pas mobile, si aucun exsudat n'a été observé et si la perte osseuse péri-implantaire est inférieure à 2 mm à partir de l'insertion de l'implant.
Si l'on considère ce dernier critère, 95 % des implants Axiom® 2.8 suivis à 1 an après la mise en charge présentaient une perte osseuse inférieure à 2 mm, voire même, pour la moitié des implants, un gain osseux. Il est donc possible de considérer que 95 % des implants posés dans le cadre de cette étude sont un succès clinique.
De plus, avec un seul implant perdu sur les 24 posés, le taux de survie implantaire observé 1 an après la mise en charge des implants est de 95,8 %. Aucun cas clinique n'a présenté de fracture du pilier ou de l'implant, ce qui permet de conclure à la fiabilité mécanique de cet implant Axiom® 2.8 en titane allié dans les indications retenues.
Du fait de son faible diamètre, l'implant Axiom® 2.8 est préconisé pour les espaces inter-dentaires étroits et plus précisément pour remplacer unitairement les incisives latérales maxillaires ou les incisives mandibulaires.
Ainsi, Barber et Seckinger [] rapportent que l'implant de diamètre 2,9 mm, utilisé dans leur étude, est préconisé pour remplacer les incisives mandibulaires et dans les cas où l'espace entre les dents est inférieur à 5 mm.
De même, Vigolo et al. []évoquent des taux de survie de 95,3 % sur 193 implants après 7 ans.
La fiabilité de ce type de connexion impactée est étayée par des études cliniques [-] et présente des taux de succès comparables à ceux des connectiques vissées, y compris dans le cas d'implants de diamètre étroit []. Les principales complications sont les mêmes que pour les implants conventionnels, les problèmes liés à la connectique représentant moins de 0,5 % des cas.
Ces résultats préliminaires à 1 an après mise en charge permettent de conclure positivement sur l'efficacité clinique et la fiabilité à 1 an de l'implant Axiom® 2.8. Les résultats à 3 et 5 ans complèteront utilement ces éléments à court terme.
Patrick Exbrayat
MCU-PH de Lyon
Directeur du DU de parodontologie et d'implantologie orale de Lyon
Expert près la Cour d'Appel de Lyon
Patrick Missika
MCU, Université Paris Diderot
Professeur associé Tufts University Boston
Expert près la Cour d'appel de Paris
Expert national agréé par la Cour de Cassation
Philippe Russe
DUCICP, Université Paris VII
DU de Tissus Calcifiés, Angers
Ancien AHU, Reims
Expert près la Cour d'Appel de Reims
Anaïs Margueritte, Chargée de Projets Cliniques, Anthogyr
Anthogyr (Sallanches, France), fabricant des implants utilisés dans cette étude, a financé partiellement cette étude clinique et fait don des implants et des composants prothétiques ; cependant, les données appartenaient aux auteurs et en aucun cas le promoteur n'a interféré avec la conduite de l'étude ou la publication de ses résultats.