Implant n° 3 du 01/09/2017

 

ÉDITORIAL

Olivier Fromentin  

Rédacteur en chef

Solliciter et obtenir des partenariats est un réel parcours du combattant

Organiser une manifestation scientifique n'est pas chose facile. Au-delà des frais inhérents éventuellement aux intervenants, l'ensemble de l'intendance nécessite une gestion rigoureuse afin d'équilibrer un budget souvent très contraint entre recettes et dépenses. Une partie non négligeable des recettes provient des partenaires industriels en rapport avec la thématique du congrès.

Pour y avoir été confronté, solliciter et obtenir des partenariats est un réel parcours du combattant dont l'issue n'est jamais certaine malgré les efforts déployés. En complément des fusions d'entreprises qui réduisent d'autant le nombre d'interlocuteurs potentiels, un autre écueil réside dans l'application scrupuleuse du Sunshine Act à la française.

Il ne s'agit malheureusement pas d'une législation récente, obligeant à annoncer uniquement une météo clémente, mais de modalités pratiques datant de 2013[1] issues de la loi Bertrand promulguée en 2011 à la suite de « l'affaire du Médiator ». En instaurant une transparence obligatoire des avantages consentis par les entreprises, cette loi visait à « renforcer la confiance entre le citoyen et les professionnels du secteur ». Ainsi doivent être rendus publics les avantages dont le montant est égal ou supérieur à 10 € TTC (...), obligeant à de nombreuses formalités administratives tant au niveau de l'entreprise privée partenaire que d'institutions publiques comptables de cette transparence.

Il me serait facile de rappeler quelques affaires récentes, fortement médiatisées, où ces dispositions n'ont pas empêché que la perméabilité entre conflit d'intérêts potentiel et opinion d'expert n'ait pas été envisagée à sa juste « valeur » et gloser sur éthique, lien d'intérêt et cupidité. Mais, pour revenir à mon propos initial concernant les difficultés liées à l'organisation bassement logistique d'une réunion scientifique, je souhaitais aborder l'autre face rarement évoquée de la problématique.

À savoir tous ceux qui donnent de leur temps, sans espérer en retirer un bénéfice matériel, afin de construire un projet commun ou, simplement, participer à une activité d'intérêt collectif. Qu'il me soit permis de prêcher pour notre « paroisse » et ici mettre en avant celles et ceux qui, dans nos organisations professionnelles à but non lucratif, nos universités et parfois nos hôpitaux, aident, transmettent une compétence ou une connaissance, et cela souvent sans compter le temps donné au détriment de leur vie familiale ou de leurs loisirs.

Il est malheureusement trop rare de les remercier publiquement, au prétexte fallacieux qu'un engagement désintéressé est souvent suspect d'un intérêt inavouable et que la prise de conscience de la richesse qu'ils apportent ne se manifeste qu'après leur départ.

Donc, à titre personnel, et je pense nombreux parmi vous sont ceux qui s'y associeront, pour toutes celles et tous ceux qui participent de manière désintéressée à une activité au service de notre profession, de la formation des futurs confrères ou de la prise en charge des patients, contribuant ainsi à maintenir la dentisterie de qualité que nous souhaitons tous pérenniser contre vents et marées, MERCI !

  • 1. [1] Décret no 2013-414 du 21 mai 2013 relatif à la transparence des avantages accordés par les entreprises produisant ou commercialisant des produits à finalité sanitaire et cosmétique destinés à l'homme.