Éditorial
Rédacteur en chef
Il y a peu, j'ai eu l'occasion de revoir les sculptures filiformes d'Alberto Giacometti. Au sein de l'exposition qui lui était consacrée au Tate Modern de Londres, une vidéo tournait en boucle, montrant les doigts noueux de l'artiste qui modelaient inlassablement l'argile, repoussant certaines parties tout en soulignant un volume, une courbe ou un creux.
Tandis qu'il affrontait la matière brute pour y faire émerger une tête, sa voix expliquait la douloureuse quête de vérité au...
Il y a peu, j'ai eu l'occasion de revoir les sculptures filiformes d'Alberto Giacometti. Au sein de l'exposition qui lui était consacrée au Tate Modern de Londres, une vidéo tournait en boucle, montrant les doigts noueux de l'artiste qui modelaient inlassablement l'argile, repoussant certaines parties tout en soulignant un volume, une courbe ou un creux.
Tandis qu'il affrontait la matière brute pour y faire émerger une tête, sa voix expliquait la douloureuse quête de vérité au sujet de la forme du visage qu'il espérait créer. Il disait : « Tu ne trouves pas, tu ne trouves pas et à un moment, même si c'est parfois une illusion, tu trouves une grande ouverture... »
Je me souviens qu'alors, j'avais pensé à tout le temps que j'avais consacré, comme bien d'autres étudiants ou collègues, pour essayer de trouver dans la littérature scientifique des ébauches de réponses à des problématiques cliniques. Cette recherche n'avait rien d'artistique mais par bien des aspects, l'opiniâtreté de la démarche, l'insatisfaction fréquente qu'elle génère ou la perception excitante mais trop souvent fugace d'entrevoir une bribe de solution m'était apparue alors très proche de ce qu'exprimait la voix rocailleuse de l'artiste à l'imposante chevelure.
Accompagnés par leur équipe d'enseignants, les confrères se formant au sein du DUCICP de l'Université Paris 7, au-delà de leur apprentissage clinique en prothèse et chirurgie implantaire, se sont lancés avec enthousiasme dans une autre quête de vérité : faire le point sur les connaissances avérées concernant la péri-implantite, question ô combien d'actualité et pour laquelle les certitudes apparaissent aussi solides que l'était la satisfaction de Giacometti pour son travail sans cesse recommencé.
C'est ainsi que chacun s'est colleté avec courage à la matière scientifique publiée pour vous proposer les différentes contributions rassemblées dans ce numéro thématique « Péri-implantite » qui n'a pour seule ambition que de contribuer à apporter un éclairage sur les nombreuses zones d'ombre de cette problématique clinique.
Au cours de cette aventure complexe et chronophage, je ne sais pas si certains d'entre eux ont réussi à trouver une petite ouverture vers une vérité concernant les sujets qu'ils ont traités, mais je suis sûr que tous, même ceux qui n'étaient pas rompus à l'analyse critique de la littérature scientifique, ont cheminé avec la passion et la rigueur scientifique que partagent l'ensemble des membres de cette formation universitaire en implantologie.
Je les remercie tous très sincèrement d'être allés au bout de cette démarche commune.
Tout le DUCICP de l'Université Paris 7 se joint à moi pour vous souhaiter une bonne lecture de ce 96e numéro d'Implant !