Implant n° 2 du 01/05/2016

 

ÉDITORIAL

Olivier Fromentin  

Rédacteur en chef

La notion de valeur est un produit de notre esprit. Dans sa décision, le consommateur exprime ses préférences, ses choix, ses perceptions subjectives de la valeur des choses

Dans un récent sondage commandé par l'Association Nationale des Industries Alimentaires 79 % des consommateurs français interrogés sur leur alimentation déclarent qu'ils sont prêts à payer plus pour un produit contenant des ingrédients de grande qualité. Suite à la défiance des consommateurs apparue après les scandales concernant l'origine de la viande ou la qualité des produits transformés, ils sont plus de 90 % à souligner que l'alimentation reste le poste de dépense sur lequel ils souhaitent le moins rogner. Le responsable de cette association, après avoir alerté sur le danger du low cost alimentaire responsable de l'appauvrissement de l'offre et des produits, a commenté ces résultats en ces termes : « L'obligation d'informer ne suffit pas, le consommateur veut qu'on l'aide à choisir. Il réclame plus d'éthique et d'honnêteté. Je crois à l'éducation alimentaire ».

Selon l'adage, « comparaison n'est pas raison », mais néanmoins la tentation est grande de mettre en perspective cette déclaration avec les différents évènements judiciaires intervenus autours d'enseignes de soins dentaires low cost en France ou en Espagne.

Remplacer « alimentaire » par « sanitaire » dans la citation reprise plus haut et la phrase garde toute sa pertinence dans un contexte où le coût, la valeur financière est présentée comme le frein essentiel à l'accès aux soins dentaires.

Pour Guillaume Nicoulaud, « la notion de valeur est un produit de notre esprit, de notre perception individuelle des choses. Lorsqu'un consommateur achète des produits issus du commerce équitable, quand il boycotte une marque, quand il préfère une voiture qui rejette moins de dioxyde de carbone, dans chacune de ces situations, il exprime ses préférences, ses choix, ses perceptions subjectives de la valeur des choses ».

Nos traitements prothétiques ou implanto prothétiques seront toujours trop « chers », particulièrement dans une situation durable de maîtrise des coûts de l'assurance maladie et de pression exercée par les mutuelles complémentaires, ou la caricature du professionnel de santé présenté comme un « rentier cupide » tirant profit du système est tentante... Dans ce contexte balbutiant de prise de conscience collective que derrière les concepts marketing de low cost et autre pricing strategy, le risque est grand de découvrir une réalité très riche en déception, il faut réaffirmer avec conviction nos valeurs professionnelles auprès de nos patients ainsi que la valeur des soins prodigués en termes de qualité et de bénéfices réels apportés.

  • 1. http://www.lsa-conso.fr/alimentation-les-francais-prets-a-payer-plus-pour-un-produit-de-qualite-infographie,213690

  • 2. http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/liquidation-judiciaire-des-centres-dentaires-low-cost-dentexia-771659

  • 3. http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/02/20/espagne-et-maintenant-la-bulle-dentaire_4868951_3234.html

  • 4. Guillaume Nicoulaud. La valeur des choses www.contrepoints.org/2011/04/07/20383-la-valeur-des-choses