ÉDITORIAL
Rédacteur en chef
Cette année a débuté curieusement : lors des dramatiques événements du 7 et du 9 janvier, nous avons pu observer la force d’une communication efficace largement relayée par les médias. Si on examine à froid les événements, le défaut de protection d’un journaliste menacé de mort associé au défaut de surveillance d’individus reconnus dangereux a permis aux Français de découvrir leur ministre de l’Intérieur resté dans l’ombre de son ministère jusque-là. Les...
Cette année a débuté curieusement : lors des dramatiques événements du 7 et du 9 janvier, nous avons pu observer la force d’une communication efficace largement relayée par les médias. Si on examine à froid les événements, le défaut de protection d’un journaliste menacé de mort associé au défaut de surveillance d’individus reconnus dangereux a permis aux Français de découvrir leur ministre de l’Intérieur resté dans l’ombre de son ministère jusque-là. Les services de communication gouvernementaux ont réussi à gommer la bévue commise pour transformer les massacres perpétrés en éclatante démonstration de l’efficacité de nos forces de l’ordre. En d’autres temps, le limogeage du ministre aurait été exigé mais, par le biais des messages distillés pendant trois jours et le matraquage radiophonique et télévisuel, les Français ont vécu la série 24 heures chrono pour de vrai. Lors de la libération des derniers otages, le ministre a chaleureusement félicité les policiers, les gendarmes, les pompiers et… le personnel du ministère de la Santé. Il n’a jamais cité les médecins, les infirmiers, les ambulanciers, les psychiatres et les psychologues, tous présents au cœur de l’action tout au long des événements.
« Personnel du ministère de la Santé », fonctionnaire finalement, en pleine grève du corps médical, la messe est dite, pas la peine de discuter, hospitaliers et libéraux, même combat. La manifestation des professions médicales du 22 janvier annulée, les revendications se sont dissoutes dans l’oubli médiatique et la stupeur qui a saisi les Français.
Pourtant rien n’est réglé, le tiers payant généralisé reste d’actualité et est le but dogmatique à atteindre pour enfin fonctionnariser la médecine française. Le tiers payant, merveilleux système qui permet au patient d’être soigné « gratuitement » ou, plutôt, à la Sécurité sociale de payer le professionnel de santé quand elle le décide. Lorsque le remboursement tarde à venir, l’assuré social râle, et il y a 60 millions d’assurés sociaux susceptibles de manifester leur mécontentement. Si le malade sort du circuit, ce ne sont plus que les quelque 500 000 professionnels de santé qui attendent le règlement de leur travail. Des nantis qui peuvent attendre, sauf que pour les libéraux, leur banquier n’étant pas intéressé par la vision d’un compte qui suit le dangereux glissement du fameux trou de la Sécurité sociale, la banqueroute se profile.
Le système du tiers payant pour le patient le prive des libertés dont il dispose dans un système libéral : liberté de choix de ses professionnels de santé, liberté de choix de son traitement. Les pays qui ont choisi cette voie depuis plusieurs années ont une médecine plus proche de celle du tiers-monde que des standards actuels dans les pays développés.
C’est vers ce système que nous dirige le ministère, pour des raisons obscures de soi-disant économies, la fonctionnarisation du corps médical n’apportera aucune économie. Le tiers payant généralisé déresponsabilise le patient, le corps médical obéit aux injonctions du ministère et l’État n’a jamais montré une capacité de gestionnaire exemplaire. Le résultat ne se fera pas attendre longtemps, la faillite du système de santé français est assurée, le rétablissement du malade Sécurité sociale est plus qu’incertain et si convalescence il y a, elle sera longue et douloureuse.