Il est temps que les instances ministérielles et universitaires de ce pays accordent aux praticiens hexagonaux une chance de formation internationale par la maîtrise de l'anglais à la sortie des études universitaires.
Le congrès annuel de l'EAO (European Association of Osseointegration, Association européenne pour l'ostéo-intégration) s'est déroulé à Stockholm le mois dernier, réunissant plus de 2 000 participants. La fréquentation des différentes nations est un indice de leur dynamisme et, une nouvelle fois, les ressortissants français n'étaient pas les plus nombreux, loin de là puisqu'ils représentaient un peu plus de 2 % des congressistes.
Un autre indice de l'activité scientifique des différents pays et de l'activité de leurs universités, c'est la présentation de posters. Cette année, 542 posters avaient été retenus par le comité scientifique parmi les 650 présentés, et là, la présence française était encore plus discrète que dans les salles : la France présentait 3 posters en recherche fondamentale sur les 135 exposés, soit 2,2 %. Les nations les plus actives sont l'Italie et le Brésil, avec 15 posters chacune, suivies par le Japon (14), la Chine (12), l'Allemagne (10), la Suède (8) et la Corée du Sud (7). La France fait moins bien que l'Autriche, l'Inde et les États-Unis, et est à égalité avec l'Ukraine et le Royaume-Uni. Quand on connaît le niveau sanitaire de ces deux pays, on ne peut que s'inquiéter de l'effort déployé par les universités françaises dans la recherche fondamentale.
Il est légitime de se dire que notre représentation dans les matières fondamentales théoriques a été négligée au profit de la clinique. Si nous examinons à nouveau les chiffres, on trouve 2 posters sur 201 dans la catégorie études cliniques chirurgie et prothèse, soit 1 % des présentations. De nouveau l'Italie est la nation la plus active avec 37 posters, suivie par la Chine (20), la Corée du Sud (15), la Grèce (14) et la Turquie (12). La France est derrière le Portugal, l'Espagne, la Serbie et la Moldavie. Ce qui se passe de commentaire.
Les derniers groupes de présentations cliniques concernaient les études sur les aspects biologiques des tissus péri-implantaires, les résultats à long terme et les complications, avec 117 posters. La France, ce qui est encore plus inquiétant, était totalement absente et ne présentait aucune étude sur ces thèmes. Encore une fois l'Italie arrive en tête avec 24 posters, suivie par le Brésil (11), l'Allemagne (10), la Chine et les États-Unis (9), la Turquie (8), l'Espagne (7) et le Portugal (6).
D'où vient le problème ? Pourquoi la France est-elle aussi absente dans la représentation européenne de la recherche en implantologie ? Est-ce un problème de langue ? Un problème de budget ? Quoi qu'il en soit, l'université française devrait s'inquiéter de cette absence de participation sur le plan international. Car curieusement, parmi les membres de l'EAO, les Français forment le groupe le plus nombreux parmi toutes les nations représentées. Est-ce parce que, maîtrisant parfaitement la langue de Shakespeare, ce petit groupe trouve dans l'association un dernier refuge d'échanges et formation de haut niveau ? C'est vraisemblable, et il est temps que les instances ministérielles et universitaires de ce pays accordent aux praticiens hexagonaux une chance de formation internationale par la maîtrise de l'anglais à la sortie des études universitaires. Il est plus que temps d'abandonner l'idée de la suprématie de la langue française sur le plan de la communication et de la formation dans le domaine médical pour adopter une attitude pragmatique permettant aux praticiens d'accéder à la formation qu'ils méritent.