MODE D’EMPLOI
Diplômé de la Faculté dentaire de
StrasbourgExercice exclusif en implantologie,
MulhouseDU d’implantologie de l’Institut de
stomatologie et de chirurgie maxillo-
faciale, ParisDU d’expertise bucco-dentaire,
MontpellierAttaché au Département de pathologie
et chirurgie buccale, Faculté dentaire de
StrasbourgChargé d’enseignement au DU
d’implantologie de la Faculté de
StrasbourgExpert in Oral Implantologie – DGOI – AFI
Le traitement de l’édenté complet par des implants dentaires est aujourd’hui une technique couramment utilisée et validée par de nombreuses études [1].
Afin d’écourter la durée du traitement et d’éviter les complications lors de la phase de temporisation, la mise en charge immédiate des implants par la pose d’une prothèse transitoire est envisageable, comme le démontre la littérature médicale [2].
La réussite de la mise en charge immédiate va dépendre de plusieurs paramètres.
La stabilité primaire des implants est un de ces facteurs ; elle est fonction de la densité osseuse, de la préparation du site, du macro-design et du micro-design des implants. Il est admis que la mise en charge immédiate des implants pour un édenté complet est envisageable dès lors que la stabilité primaire avoisine les 35 Ncm [3].
Un second facteur décisif va être la force appliquée aux implants qui va occasionner des micromouvements, lesquels seront fonction de la stabilité primaire des implants ainsi que de l’orientation et de l’intensité de ces forces. Au-delà d’un certain seuil de micromouvements, l’ostéo-intégration des implants ne sera pas obtenue. Ce seuil est fonction également du macro-design et du micro-design des implants et va osciller entre 50 et 150 µm [4, 5].
Une possibilité pour réduire ces micromouvements est de relier les implants entre eux lors de la mise en charge immédiate par l’armature de la prothèse, celle-ci étant réalisée d’après une empreinte dont la précision va conditionner la passivité ou non de la structure prothétique. Cette dernière est un élément clé pour la réussite et le maintien de l’ostéo-intégration [6].
Une alternative à la réalisation de l’armature de la prothèse permanente est de confectionner une armature directement en bouche lors de la chirurgie : c’est le concept WeldOne™. !
Le principe consiste à relier directement en bouche les implants qui viennent d’être posés, en soudant un fil de titane sur les connecteurs implantaires.
Une charge électrique délivrée par l’unité de soudage est apportée aux pièces à souder au travers d’une pince qui comporte 2 électrodes en cuivre. La température va être de 1 660 °C pendant 2 à 5 ms et va permettre la fusion du titane des composants prothétiques et leur soudure entre eux [7].
Différentes études in vitro ont montré que la température dispensée lors de cette soudure n’excède pas 42,8 °C pendant un maximum 80 ms. Par conséquent, les tissus péri-implantaires ne subiront aucun dommage irréversible.
Cette très faible augmentation de la température s’explique par la forte conduction du cuivre (386) contrairement à celle du titane (19), l’élévation de la température lors de la soudure pouvant s’évacuer au travers des électrodes de la pince à souder [8].
Une femme de 53 ans présente une édentation partielle au maxillaire avec une atteinte parodontale généralisée traitée par surfaçage radiculaire et un suivi prophylactique (Fig. 1 et 2).
Le traitement proposé est d’extraire le bloc incisif inférieur parodontalement condamné, de remplacer les dents absentes par une prothèse partielle amovible, de procéder secondairement à l’avulsion de l’ensemble des dents du maxillaire et de poser 6 implants qui seront mis en charge immédiatement avec une prothèse transvissée rigidifiée par une armature soudée en bouche.
Un montage directeur validé en bouche permet de réaliser un guide radiologique utilisé lors de la radiographie cone beam (Fig. 3 et 4).
La planification de 6 implants XiVE(r) S de 3,4 mm de diamètre et 13 mm de longueur est réalisée grâce au logiciel SimPlant(r), en évitant les sinus maxillaires en inclinant d’environ 25° les implants distaux (Fig. 5).
Compte tenu de la difficulté de positionnement des 2 implants distaux obliques par rapport au sinus maxillaire, un guide stéréolithographique de forage sera utilisé lors de la pose des implants (Fig. 6 à 10).
Une fois les implants posés, des connecteurs définitifs MP droits sont vissés sur les 4 implants antérieurs et 2 connecteurs MP angulés à 30° le sont sur les 2 implants distaux afin de paralléliser les émergences et les axes des puits de vissage de la future prothèse (Fig. 11 et 12).
Des coiffes en titane spécifiques à la technique de soudage en bouche sont ensuite vissées sur les connecteurs MP et le site chirurgical est refermé (Fig. 13).
Un arc en titane de 1,5 mm de section est façonné afin qu’il reste en contact avec toutes les coiffes en titane sans occasionner de tension (Fig. 14 et 15).
Une fois l’arc parfaitement courbé et ajusté à la situation clinique, il est soudé sur les coiffes à l’aide de l’unité de soudage WeldOne™ de DENTSPLY Implants (Fig. 16 et 17).
Des rétentions secondaires sont rajoutées sur l’arc à l’extérieur de la cavité buccale et les coiffes sont raccourcies afin que l’ensemble de cette armature puisse rentrer dans le rail prothétique de la prothèse (Fig. 18 à 20).
L’armature retravaillée est ensuite vissée sur les connecteurs MP et de la résine est injectée à l’intérieur de la prothèse qui est positionnée en occlusion (Fig. 21).
Une fois la résine polymérisée, la prothèse est dévissée et renvoyée au laboratoire pour finition (Fig. 22) avant d’être revissée en bouche (Fig. 23 à 25).
Il est possible de restaurer, le jour de la chirurgie, un maxillaire édenté fortement atrophié à l’aide d’une prothèse transvissée supportée par une armature en titane soudée par le principe WeldOne™ sur des implants droits et obliques. La littérature médicale témoigne de cette possibilité avec un taux de survie moyen des implants obliques et droits de plus de 98 % au-delà de 3 ans [9].
Une pensée à M. Christian Santoro et à son laboratoire de prothèses Dentec, à Mulhouse, sans qui ce travail n’aurait pas pu être réalisé.
LIENS D’INTÉRÊT : l’auteur déclare recevoir des honoraires de consultant de la part de la société DENTSPLY Implants.