Implant n° 3 du 01/09/2013

 

ÉDITORIAL

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Lors d’un congrès international le trimestre dernier, organisé par l’un des leaders du marché des implants, une conférence de presse était aménagée pour les journalistes présents afin de leur présenter les futurs développements et innovations du système. Parmi ces nouveautés, un dispositif, existant par ailleurs chez des concurrents depuis quelques années, permet un rattrapage de l’axe des implants au niveau prothétique. À la suite de la présentation vient, comme pour...


Lors d’un congrès international le trimestre dernier, organisé par l’un des leaders du marché des implants, une conférence de presse était aménagée pour les journalistes présents afin de leur présenter les futurs développements et innovations du système. Parmi ces nouveautés, un dispositif, existant par ailleurs chez des concurrents depuis quelques années, permet un rattrapage de l’axe des implants au niveau prothétique. À la suite de la présentation vient, comme pour toute conférence de presse, le temps des questions. Ayant déjà utilisé ce dispositif et convaincu de son efficacité clinique, j’ai souhaité connaître sa date de commercialisation. Le président de la société m’a aimablement répondu que ce serait vers le début 2014 pour l’Europe en ajoutant que cela ne me concernerait pas, étant utilisateur du système d’implant avec connexion à joint plat et hexagone externe de la firme, et qu’il serait réservé aux dispositifs à connexion interne. Le sous-entendu, que la trentaine de journalistes internationaux présents ont compris, c’est que le frenchy faisait partie de la minorité des dinosaures en voie d’extinction, appelés à disparaître si possible rapidement. La brutalité de la réponse et le mépris avec laquelle elle a été prononcée m’a replongé dans la douce époque de l’apartheid en Afrique du Sud, j’étais subitement un noir qui s’était trompé de compartiment.

Assez curieusement, deux jours avant, dans la même manifestation, pendant une séance réunissant 200 participants francophones, le président de séance a posé à l’assemblée la question qui tue : « combien parmi vous utilisent un système à hexagone externe ? ». 50 % de la salle a levé la main. Il est étrange en conséquence de constater que la ségrégation décidée de façon dogmatique par un président de société concerne la moitié de ses clients. Rappelons que les plus de 30 ans de données scientifiques de la clinique Brånemark de Göteborg ne concernent que des connexions à joint plat et hexagone externe, et qu’à l’heure actuelle aucune autre connexion n’y est utilisée.

Peut-être peut-on en conclure que cette connexion tant décriée est incroyablement efficace cliniquement sur le long terme et merveilleusement adaptable aux différentes évolutions prothétiques. Ce qui pourrait expliquer qu’autant de praticiens continuent à traiter leurs patients avec ce type de connexion simple, efficace et sûre.

Il est temps que l’industrie comprenne qu’un praticien qui traite ses patients depuis plus de 27 ans avec un certain type de connexion ne le fait pas par hasard, ni par habitude, ni par dogmatisme mais par la connaissance scientifique et la pratique clinique qu’il a acquise au cours de son exercice. Les présidents de multinationales n’ont pas l’exclusivité de l’intelligence et ne pas comprendre le marché dont dépend une industrie n’est pas rassurant pour les actionnaires…

Produire, commercialiser et promouvoir du matériel médical ne devrait pas se confondre avec la promotion et la distribution d’une lessive qui lave toujours plus blanc, ou de dosettes de café aux appellations exotiques.

Les utilisateurs de la connexion externe hexagonale ont curieusement souvent subi les foudres d’une partie de la communauté implantaire, d’Ayatollahs du Nord dans les années 80-90, les voilà soumis à la ségrégation dogmatique d’une industrie en proie au renouvellement imposée par les mass media. Peut-être est-il temps pour l’industrie d’être à l’écoute des praticiens. Comme on dit dans la pub : What else ?