ÉDITORIAL
Rédacteur en chef
Le trimestre dernier j’évoquais le problème du contrôle des honoraires des médecins libéraux de secteur 2.
La médecine libérale continue de subir les coups de butoir d’un gouvernement empêtré dans ses promesses électorales et aveuglé par une idéologie jusqu’au-boutiste.
Pour preuve, le cas de l’hospitalisation privée. Les 1 100 cliniques et hôpitaux privés sont menacés de perdre l’accès au Crédit d’impôt Compétitivité Emploi (CICE), alors qu’il...
Le trimestre dernier j’évoquais le problème du contrôle des honoraires des médecins libéraux de secteur 2.
La médecine libérale continue de subir les coups de butoir d’un gouvernement empêtré dans ses promesses électorales et aveuglé par une idéologie jusqu’au-boutiste.
Pour preuve, le cas de l’hospitalisation privée. Les 1 100 cliniques et hôpitaux privés sont menacés de perdre l’accès au Crédit d’impôt Compétitivité Emploi (CICE), alors qu’il est maintenu pour les établissements publics afin de compenser une prétendue distorsion de concurrence entre privé et public. Il faut rappeler que les cliniques et les hôpitaux privés subissent déjà une discrimination de financement par la Sécurité sociale, qui rembourse une prestation de soins identique environ 21,6 % de moins pour le secteur privé que pour les hôpitaux publics et du secteur privé associatif.
Et pourtant la convergence des tarifs public/privé était prévue, mais elle a été balayée d’un revers dogmatique, alors qu’elle représentait au minimum 7 milliards d’euros d’économie par an pour l’assurance maladie.
En Allemagne, cette réforme achevée en 2009 a permis une économie annuelle de 11 milliards d’euros… Il semblerait que la recherche systématique de solutions innovantes et originales ne soit pas la meilleure option pour faire des économies, on ne va quand même pas copier un modèle qui a montré son efficacité !
Assez curieusement, le coût du travail est supérieur d’environ 6 % dans les cliniques privées par rapport à celui des hôpitaux publics, avec pour conséquence que pour un salaire net de 100 euros, une clinique supporte un coût de 202 euros et l’hôpital public 190 euros. Les hôpitaux et cliniques privés qui emploient 200 000 salariés et praticiens libéraux, ne reçoivent que 17 % du financement hospitalier pour assurer 27 % de l’offre de soins et 33 % de l’activité (dont 54 % de la chirurgie).
L’ensemble de ces mesures discriminatives aboutit à une triste réalité : 35 % des établissements de santé, de médecine, chirurgie et obstétrique sont en déficit. Chaque année face aux contraintes administratives, aux changements normatifs nécessitant de lourds investissements, des cliniques privées ferment leurs portes, favorisant le regroupement des établissements au sein de groupes financiers privés, plus soucieux de rentabilité, que du malade.
Ceci est un nouvel exemple du climat délétère qui règne autour de la santé et du corps médical, et lorsque les conséquences de ces mesures se révéleront auprès des patients il sera trop tard pour redresser le cap.