ÉDITORIAL
Rédacteur en chef
Comment ne pas être optimiste en ces temps de rentrée après un début d’année aussi riche en événements imprévus ?
Tout d’abord, le soulèvement pour la démocratie dans les pays orientaux du Nord de l’Afrique. En commençant par les tunisiens, suivis par les égyptiens, puis par les libyens, la lutte pour plus de liberté et d’égalité qui a enflammé ces pays a été suivie par les populations européennes avec un intérêt directement proportionnel à leur...
Comment ne pas être optimiste en ces temps de rentrée après un début d’année aussi riche en événements imprévus ?
Tout d’abord, le soulèvement pour la démocratie dans les pays orientaux du Nord de l’Afrique. En commençant par les tunisiens, suivis par les égyptiens, puis par les libyens, la lutte pour plus de liberté et d’égalité qui a enflammé ces pays a été suivie par les populations européennes avec un intérêt directement proportionnel à leur couverture cathodique, et une implication militaire occidentale également proportionnelle à leur production pétrolière. Plus à l’est, les yéménites ont suivi l’exemple, ainsi que les syriens avec moins de succès pour l’instant. Les révolutions du printemps arabe pour la conquête de la démocratie, commencées par la Révolution des œillets en Tunisie, ont rapidement quitté la une de notre actualité dès que leurs présidents élus ont abandonné le pouvoir et une partie de leurs biens frauduleusement amassés.
Assez rapidement, notre attention a été dirigée vers le tremblement de terre au Japon, suivi par un tsunami dévastateur, qui a entraîné une catastrophe nucléaire dont les conséquences restent encore incertaines. Nous avons vite oublié les inondations meurtrières en Chine, la famine dans la corne de l’Afrique, de menus conflits un peu partout qui s’éternisent.
Heureusement la rubrique people a apporté son lot d’événements réjouissants, deux mariages princiers (que les mariées étaient belles…), l’annonce de futurs heureux événements ou l’art d’être père et grand-père en même temps, remplissent le bon peuple de joie et nous fait mesurer les « bienfaits » du progrès médical en termes de procréation assistée.
Plus près de nous, les soubresauts monétaires de la dette des pays occidentaux nous plongent dans l’incertitude quant au devenir de nos économies occidentales. L’impéritie de certains gouvernements européens, plus enclins à la démagogie qu’à la rigueur, ont amené plusieurs États au bord de la faillite. Leurs peuples, grisés par une économie en surrégime, ont du mal à admettre que la fête est finie, qu’une dette se paye et qu’un emprunt se rembourse.
Comme toujours en temps de crise, quelques petits malins en profitent pour avancer leurs pions. Ainsi notre profession vient de subir une grave atteinte à la liberté d’exercice, et surtout tous nos patients viennent sans le savoir de subir une grave atteinte à la liberté de choix de leur praticien. Ce principe fondamental de la relation entre le patient et le professionnel de santé, inscrit depuis la création de la Sécurité sociale dans le Code de la santé publique vient de tomber sous les assauts répétés des complémentaires de santé. Les mutuelles ont réussi à faire passer par l’article 22 de la loi Fourcade la discrimination financière des praticiens pour leurs adhérents. Le principe du remboursement plus élevé pour le « bon docteur » choisi par la complémentaire sous couvert d’économies pour la collectivité, nécessaires en ces temps de crise, aboutira à l’enrichissement des complémentaires accompagné de la dégradation de la santé de leurs clients bien remboursés, mais mal soignés. Dans quelques années, la collectivité s’apercevra trop tard du coût de cette décision sur la Santé publique. Nos amis anglais savent de quoi je parle.
À la vue de tous ces événements me revient en mémoire une phrase de Georges Bernanos : « L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches et des imbéciles ». Restons donc optimistes pour ne pas gâcher une si jolie rentrée… !