Note technique
B. SALSOU D. CHARRUET P. PFAUWADEL
Malgré l'évolution des matériaux, de l'imagerie médicale et des techniques chirurgicales, la pose d'un implant dentaire nécessite toujours un minimum de volume osseux.
Pour une hauteur disponible insuffisante, nous avons actuellement la possibilité de travailler avec des greffes osseuses (sinus-lift, technique de Summers...) ou des implants courts, pour permettre la réalisation du traitement implantaire.
En revanche, en cas de manque d'épaisseur, nous avons recourt à...
Malgré l'évolution des matériaux, de l'imagerie médicale et des techniques chirurgicales, la pose d'un implant dentaire nécessite toujours un minimum de volume osseux.
Pour une hauteur disponible insuffisante, nous avons actuellement la possibilité de travailler avec des greffes osseuses (sinus-lift, technique de Summers...) ou des implants courts, pour permettre la réalisation du traitement implantaire.
En revanche, en cas de manque d'épaisseur, nous avons recourt à des techniques de greffes d'apposition [fig. 1 et 2] plus ou moins complexes entraînant des chirurgies et des délais de cicatrisation importants sans compter la morbidité correspondante.
Dans cette catégorie où le déficit osseux est peu marqué, nous avons travaillé sur une technique associant les propriétés physiques des matériaux pour simplifier le traitement. Dans un capital osseux restreint mais suffisant, nous utilisons un implant de diamètre réduit combiné avec un biomatériau « auto-stabilisé ».
En diminuant le diamètre d'un implant, on s'expose à un risque de fracture accrue et plusieurs propositions ont été avancées pour contrer ce risque. La solution la plus courante a été d'utiliser un alliage de titane combinant de l'aluminium (TiAl6V4) mais cet alliage n'a pas les mêmes propriétés biologiques que le titane pur[1-4].
Récemment, un nouvel alliage combinant titane et zirconium, le Roxolid™, a été développé. Les études ont démontré que la solidité de l'implant constitué de cet alliage était augmentée[5,6] [fig. 3] et que la qualité de l'ostéo-intégration en était également améliorée[-] [fig. 4].
Grâce à l'utilisation de ce type d'implant, les situations cliniques avec déficit osseux peuvent donc être plus facilement traitées, mais la topographie restera la même, avec par conséquent un résultat esthétique insuffisant, surtout dans les secteurs visibles.
Afin de compenser cette « dépression » osseuse, nous utilisons un apport de biomatériaux. De nombreuses techniques ont été proposées combinant greffes (autogènes, allogéniques et alloplastiques) et membranes[11]. Les inconvénients de ces techniques sont nombreux : hormis la difficulté opératoire, la morbidité, les délais de cicatrisation, le coût s'en trouvent considérablement augmentés.
C'est pour cela que nous utilisons un biomatériau appliqué en vestibulaire de l'implant qui a la particularité de tenir en place sans utilisation de membrane, l'Easy-Graft Christal™. Il est constitué de particules de phosphate de calcium biphasé composé de 60 % de HA (hydroxy-apatite) et 40 % de β-TCP (phosphates tricalciques) avec un enrobage de PLGA.
Après imprégnation d'un biolinker (NMP) [fig. 5], on obtient un ensemble malléable qui va durcir au contact du sang. Grâce à une porosité de 70 %, une résorption va se mettre en place progressivement[12]. Cette dernière sera partielle car la portion d'hydroxy-apatite perdurera[13], permettant ainsi le maintien du volume, ce qui était le but premier de cet apport.
La chirurgie se trouve alors simplifiée et ne nécessite même pas d'incision de décharge !
La mise en fonction de l'implant pourra alors débuter 3 à 4 mois après l'intervention. En effet, il suffit d'attendre l'ostéo-intégration de l'implant ainsi que la maturation des tissus mous. La chirurgie étant mini-invasive, elle est rapide.
Concernant la biologie osseuse au niveau du biomatériau, le remaniement pourra perdurer, même la prothèse en place.
Depuis ses débuts, l'implantologie a bien évolué à un point tel que ses critères de succès sont passés d'une simple évaluation de l'ostéo-intégration à une exigence esthétique du résultat.
Parallèlement à ces critères, les patients demandent des traitements de plus en plus rapides et avec la plus faible morbidité.
Pour compenser les déficits osseux et muqueux, de nombreuses techniques chirurgicales ont été proposées. Elles sont toutes fondées sur des greffes ou régénérations osseuses ainsi que sur des greffes gingivales. Bien qu'efficaces, ces protocoles exigent une technicité importante et engendrent des durées et coûts de traitement importants, sans oublier la morbidité qui en découle.
En associant les propriétés du Roxolid™ et de l'Easy-Graft Christal™, on évite ainsi des chirurgies lourdes avec des résultats stables dans le temps. Étant soumis au fameux primum non nocere, ce protocole, même en cas d'échec, évite également d'avoir à être confronté à des séquelles engageant notre responsabilité.
Bruno Salsou
Ancien AHU au CSRED Nice
CES de Biomatériaux, CES de Parodontologie
Exercice exclusif en parodontologie/implantologie
Exercice libéral, Toulon
Damien Charruet
DU de Parodontologie
Exercice exclusif en parodontologie/implantologie
Exercice libéral, Toulon
Philippe Pfauwadel
DU d'Implantologie, DU d'Occlusodontie, DU d'Orthodontie
Exercice exclusif en parodontologie/implantologie
Exercice libéral, Toulon