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Le piercing corporel est une forme d’expression culturelle où un bijou est inséré dans une partie du corps. Cette pratique a gagné en popularité et en acceptation sociale ; différentes parties du corps peuvent être ornées par ce genre de bijou, comme les oreilles, les narines, les sourcils, le nombril et la langue. Les piercings oraux concernent généralement la langue et les lèvres mais aussi les joues, la luette et le frein lingual. La plupart des piercings...
Le piercing corporel est une forme d’expression culturelle où un bijou est inséré dans une partie du corps. Cette pratique a gagné en popularité et en acceptation sociale ; différentes parties du corps peuvent être ornées par ce genre de bijou, comme les oreilles, les narines, les sourcils, le nombril et la langue. Les piercings oraux concernent généralement la langue et les lèvres mais aussi les joues, la luette et le frein lingual. La plupart des piercings sont en métal : acier inoxydable, or, niobium, titane ou alliage. Malgré leur apparence inoffensive, les piercings oraux peuvent être à l’origine de complications locales et générales variées, à court et long termes.
Trente-neuf personnes, âgées de 18 à 24 ans, avec 42 piercings oraux ont participé à l’étude. Trente-sept piercings se situaient sur la langue, 1 sur la lèvre supérieure et 4 sur la lèvre inférieure, et 3 participants avaient plus de 1 piercing sur le corps. Les participants ont été interrogés sur leur âge, le site du piercing, la durée de sa présence, les complications pendant sa pose, son usage ou son retrait, le temps de cicatrisation, leur connaissance sur les risques associés et le développement d’habitudes parafonctionnelles. Tous les participants ont subi un examen médical et un examen clinique, avec une attention particulière portée sur la région du piercing.
Vingt-sept piercings n’étaient plus en fonction. En moyenne, les participants à l’étude avaient gardé leur piercing pendant environ 15 mois (de 2 mois à 4 ans). Vingt-neuf personnes (69 %) avaient eu des complications immédiates, au moment de la pose du piercing, qui avaient duré toute la journée. Trente-quatre piercings avaient été réalisés sur des personnes de moins de 18 ans parmi lesquels 25 avaient été posés sans le consentement préalable des parents.
Deux participants avaient perdu connaissance pendant la pose du piercing, mais aucun d’eux n’avait reçu de soins spécialisés ni subi d’examen pour en déterminer la cause. Le poseur de piercing avait simplement attendu que son client se réveille.
La cicatrisation avait été obtenue au bout de 4 à 6 semaines. Les complications étaient apparues pour 41 des 42 piercings (97,6 %) pendant la phase de cicatrisation (tableau 1). Certains sujets ont rapporté plus de 1 complication en relation avec leur piercing. Neuf cas ont nécessité plus de 6 semaines de cicatrisation en raison de réactions inattendues ou exacerbées.
Des modifications fonctionnelles de la mastication et de la phonation sont apparues pour 29 piercings. Dans 9 cas, des difficultés à la mastication sans modification de la phonation ont eu lieu. Chez 4 sujets, l’altération de la phonation a perduré au-delà des premières semaines. Des habitudes parafonctionnelles sont apparues pour 35 piercings. La plus fréquente consistait à pousser le piercing contre les structures orales ou le placer entre les dents en occlusion.
Les tissus oraux environnants étaient blessés dans 35 cas. Neuf sujets ont avalé leur piercing au moins une fois. Des traitements spécialisés en relation avec des complications liées au piercing ont été nécessaires chez 3 personnes, dont un traitement endodontique par suite d’une fracture dentaire, un traitement parodontal pour corriger une récession gingivale et une excision liée à l’incorporation du piercing dans les tissus environnants. En ce qui concerne les piercings qui avaient été retirés, la cicatrice restait visible chez 21 sujets. Six participants ont rapporté un inconfort esthétique, une accumulation de débris alimentaires et une douleur à la pression au niveau de la cicatrice.
Dix-huit participants ont dit ne pas avoir eu connaissance des risques associés aux piercings ; 11 ont déclaré les connaître et 10 autres en connaissaient certains.
Parce que les piercings oraux envahissent les tissus sous-cutanés, perturbent l’intégrité muqueuse et forment un corps étranger dans la plaie, ils sont fortement susceptibles de provoquer des complications infectieuses. De plus, du tissu réactionnel peut se former autour du piercing, surtout quand celui-ci est très court. Un piercing trop long bouge à l’intérieur du site percé et traumatise les tissus environnants. Pour cette raison, les piercings de la langue sont initialement des bijoux longs qui sont ensuite remplacés par un bijou plus petit une fois la cicatrisation complète. Le bijou peut aussi être inhalé.
Si des tissus réactionnels hypertrophiques se forment sur le site du piercing, ils disparaissent généralement au retrait de ce dernier. Cela est vrai pour les piercings de la langue et des lèvres. Un traumatisme des tissus durs dentaires peut se produire avec les piercings de la langue. La phonation et la mastication ou les habitudes parafonctionnelles peuvent provoquer des fractures ou des usures dentaires. Les lésions des sites percés et des tissus environnants sont plus fréquentes chez les personnes ayant des parafonctions. Le débit salivaire peut aussi être altéré par la présence du piercing. Environ 80 % des personnes peuvent présenter une perte de structure dentaire. La friction causée par le piercing peut provoquer une récession gingivale, une mobilité dentaire, un saignement parodontal ou une perte dentaire.
Les réactions inflammatoires ont été très fréquentes immédiatement après la pose du piercing et n’ont généralement impliqué que les tissus percés. Les symptômes incluaient douleur, œdème, saignement et infection locale. Les problèmes fonctionnels se sont manifestés au cours des premières semaines suivant la pose du piercing et ont inclus dysphonie et difficulté à la mastication. Des complications graves ou même fatales sont rares mais peuvent se produire, telles qu’un saignement prolongé, une infection sévère, une difficulté respiratoire à la suite de l’aspiration du bijou ou la formation d’un œdème lingual.
Les professionnels de la santé bucco-dentaire doivent être prêts à gérer des situations impliquant des piercings oraux et les complications qui peuvent en découler. Bien qu’elles soient en général simples, limitées et locales, des problèmes plus sérieux et potentiellement graves peuvent apparaître. Le malaise vagal est la forme de syncope la plus fréquente chez les personnes âgées de 15 à 24 ans. Il est habituellement causé par un stress physiologique et résulte d’une stimulation anormale du système sympathique ainsi que d’une réponse parasympathique excessive. La tension artérielle moyenne peut chuter de 25 mmHg et la tension cérébrale de 50 à 70 %. Bien que le malaise vagal soit habituellement limité et ne requière pas de traitement chez les jeunes en bonne santé, il peut être dangereux chez ceux ayant des problèmes cardiaques.