Clinic_Hors série n° 11 du 01/11/2018

 

GREFFE OSSEUSE

Romain DOLIVEUX  

Chirurgien oral à MulhouseAncien chef de service,
clinique Schloss Schellenstein
du Pr F. Khoury, Olsberg, AllemagneMaster of science implantology and
dental surgery,
Université Münster, AllemagneCES A Technologie des biomatériaux
employés en art dentaire,
Université Marseille/AixDocteur en chirurgie dentaire
Faculté de Lyon 1.

Cet article présente une technique de greffe osseuse autologue minimalement invasive, simultanée à la pose de l’implant. Son atout majeur consiste en l’absence d’un second site chirurgical de prélèvement osseux, sans qu’aucun biomatériau osseux ni membrane ne soient nécessaires.

La perte dentaire peut être le résultat de plusieurs facteurs : traumatiques, parodontaux, iatrogènes, carieux, infectieux… En fonction de ces derniers, des défauts osseux de taille plus ou moins importante apparaissent après cicatrisation alvéolaire [1]. Afin de permettre la pose d’un implant dans la bonne position et le bon axe prothétique, il est parfois nécessaire de recourir aux techniques de renforcements ou de greffes osseuses pour assurer une largeur et une hauteur osseuses péri-implantaires suffisantes [2]. Lors de la pose de l’implant simultanément à la reconstruction de petits défauts, voire de défauts modérés, la littérature scientifique recommande l’utilisation de biomatériaux osseux en association ou non avec des particules d’os autogène [2, 3]. L’ensemble est stabilisé par une membrane résorbable ou non résorbable, fixée le cas échéant par des pins. Il s’agit de la technique bien codifiée et scientifiquement éprouvée de régénération osseuse guidée péri-implantaire [4].

Cet article présente une alternative autologue à ces traitements. Une carotte osseuse est prélevée directement sur le site de forage à l’aide d’un petit trépan lors du début de la préparation du lit implantaire. Une fois l’implant posé, ce greffon cylindrique est fixé contre la surface implantaire à l’aide de petites vis d’ostéosynthèse [5-7]. Cette technique, décrite par F. Khoury et R. Doliveux, permet d’éviter l’utilisation de biomatériaux ou le recours à un second site chirurgical de prélèvement osseux pour la réalisation d’une greffe osseuse simultanément à la pose d’un implant [8, 9].

Cas clinique n° 1. Greffe osseuse autogène

La patiente âgée de 46 ans est fumeuse. Elle nous est adressée pour la pose d’un implant en position 44 (fig. 1 à 11).

Cas clinique n° 2. Renforcement osseux autogène

La patiente, âgée de 87 ans, nous est adressée par un confrère pour la pose de deux implants inter-foraminaires afin de stabiliser une prothèse complète. La patiente est atteinte de la maladie d’Alzheimer, Diabétique type II, sous anticoagulants oraux (Rivaroxaban, Xarelto) et Bisphosphonates oraux (Alendronate, Fosamax). Du fait de l’âge avancé de la patiente et de son état de santé, notre choix s’est porté vers un protocole chirurgical simple et sûr impliquant l’os autogène. Le Diabète de type II est stable car patiente est suivie et sous traitement (Metformine, Glucophage). Par ailleurs, sa glycémie sera mesurée directement avant l’intervention. De plus, les précautions d’usage ont été prises afin de minimiser les risques d’hémorragies liées à la prise journalière matinale de Rivaroxaban en coordination avec le cardiologue : L’intervention est planifiée en début de journée, la patiente restera en surveillance postopératoire jusqu’à dissipation de la vasoconstriction provoquée par l’anesthésie locale (Articaïne 1/100 000). Le traitement anticoagulant sera pris normalement, à la dose habituelle, dès le retour en maison de retraite, en fin de matinée. Localement, des sutures hermétiques (et éponges hémostatiques lors des extractions en fin de traitement) permettront une bonne hémostase primaire. Enfin, la prise d’Alendronate par voie orale a été prescrite pour le traitement d’une ostéoporose. Avant la décision d’entamer le traitement implantaire, l’extraction « test » de deux foyers infectieux (33 et 41) a été réalisée sous antibiothérapie (Amoxicilline 1 g), avec une fermeture hermétique de la plaie. L’excellente cicatrisation nous a permis de proposer un plan de traitement implantaire sans prendre de risques inutiles. Le plan de traitement consiste à maintenir les incisives mandibulaires jusqu’à l’ostéo-intégration des implants car celles-ci stabilisent une prothèse transitoire partielle amovible. Ces dents seront extraites le jour de la mise en condition tissulaire des implants (fig. 12 à 22).

Conclusion

Cette technique de greffe de carottes osseuses autologues, prélevées directement depuis le lit implantaire, est simple, efficace, économique et scientifiquement établie [7, 8]. Les risques d’infection liés à un biomatériau ou une membrane sont éliminés.

Ce faisant, la qualité de l’os est un facteur clé pour l’obtention d’une carotte lors du forage initial. Un os spongieux trop peu dense, comme parfois à la mandibulaire postérieure, ne permet pas toujours de prélever une carotte. Le recours à des techniques plus conventionnelles de greffe péri-implantaire est alors envisageable.

Bibliographie

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  • [8] Khoury F, Doliveux R. The bone core technique for the augmentation of limited bony defects: five years prospective study with a new minimally invasive technique. Int J Periodontics Restorative Dent 2018;38:199-207.
  • [9] Springer IN, Terheyden H, Geiss S, Härle F, Hedderich J, Açil Y. Particulated bone grafts: effectiveness of bone cell supply. Clin Oral Implants Res 2004;15:205-212.