Clinic_Hors série n° 10 du 01/10/2018

 

ÉDITORIAL

Martine Bonnaure-Mallet  

PU-PH Université Rennes 1

Comment alerter nos patients face au danger de la gencive malade laquelle, en l’absence de prise en charge, conduit à la parodontite ?

Le premier signe d’inflammation gingivale est le changement de couleur, la gencive prend une teinte plus rouge, liée à la dilatation des vaisseaux dans la gencive marginale. Puis, le volume, la consistance et la texture de la gencive sont modifiés, de façon plus ou moins prononcée. Lorsque les signes d’inflammation gingivale sont...


Comment alerter nos patients face au danger de la gencive malade laquelle, en l’absence de prise en charge, conduit à la parodontite ?

Le premier signe d’inflammation gingivale est le changement de couleur, la gencive prend une teinte plus rouge, liée à la dilatation des vaisseaux dans la gencive marginale. Puis, le volume, la consistance et la texture de la gencive sont modifiés, de façon plus ou moins prononcée. Lorsque les signes d’inflammation gingivale sont importants, la gencive saigne facilement au brossage, parfois spontanément, et devient sensible, voire douloureuse.

Pour le patient, une gencive un peu rouge, une gencive un peu gonflée, une gencive prête à saigner restent des signes anodins et ne le préoccupent pas, alors que la mobilité dentaire amène à la consultation dentaire.

Pourtant, la gencive un peu rouge est déjà un état inflammatoire pathologique de la gencive : la gencive est malade. Cette inflammation est le plus souvent liée à une accumulation de biofilm et à une modification de sa composition.

Si un intérêt fort est porté aujourd’hui au microbiote intestinal, le microbiote buccal doit être tout autant considéré : un millilitre de salive contient environ un milliard de bactéries. Les études récentes de métagénomique (c’est-à-dire les études de diversité et d’abondance des genres bactériens) utilisant les nouvelles techniques de séquençage à haut débit (NGS), apportent la preuve que la composition bactérienne d’un biofilm prélevé au niveau d’une gencive saine est très différente d’un biofilm de gingivite et la composition du biofilm de gingivite bien différente de celle de la parodontite. Encore plus, ces études apportent la preuve que des espèces bactériennes délétères pour la santé générale sont présentes dès les premiers stades de la gencive malade. Il faut aussi retenir que ces études qui identifient de façon exhaustive, sans a priori, les microorganismes présents dans le biofilm dentaire montrent que la prise en charge précoce de la gencive malade permet un retour à la composition du microbiote buccal compatible avec la santé gingivale et a fortiori pour la santé générale.

Alors, comment permettre ce retour de la gencive malade à une gencive saine ? Cela passe par la pédagogie et la prévention au cabinet dentaire et se prolonge au domicile. L’élimination du biofilm est instaurée par un brossage adéquat enseigné au patient, avec un matériel d’hygiène dentaire et inter-dentaire adapté. L’élimination du biofilm peut être complétée par l’action du dentifrice visant à rééquilibrer le microbiote buccal, pour un retour rapide à la santé gingivale. Les trois articles suivants expliquent l’importance du microbiote buccal, l’importance d’intervenir dès le stade de gingivite et, enfin, l’importance d’une prévention précoce pour une bonne santé générale.

Bonne lecture !