Revue de presse
Internationale
De nombreux patients présentent une ou plusieurs dents manquantes et les chiffres ne cessent d’augmenter. Même si les prothèses complètes ou partielles ainsi que les restaurations fixes sur dents naturelles sont toujours une option, les dentistes et les patients se dirigent dorénavant vers une solution implantaire. De nombreuses études ont montré que les implants pouvaient être placés sans danger. Toutefois, lorsqu’il s’agit de comparer l’ostéo-intégration et la survie des...
De nombreux patients présentent une ou plusieurs dents manquantes et les chiffres ne cessent d’augmenter. Même si les prothèses complètes ou partielles ainsi que les restaurations fixes sur dents naturelles sont toujours une option, les dentistes et les patients se dirigent dorénavant vers une solution implantaire. De nombreuses études ont montré que les implants pouvaient être placés sans danger. Toutefois, lorsqu’il s’agit de comparer l’ostéo-intégration et la survie des implants chez les patients sains et chez les patients présentant des pathologies systémiques, cela reste controversé. Plusieurs études ont identifié le diabète et l’ostéoporose comme des facteurs ayant un impact négatif sur l’ostéo-intégration et la survie à long terme des implants mais ces études n’ont pas examiné l’effet des maladies systémiques sur l’ostéo-intégration initiale. Comme certains patients présentent des pathologies et prennent de nombreux médicaments pouvant influencer la cicatrisation muqueuse et le métabolisme osseux, il est important d’évaluer les informations de la littérature.
Le but de cette revue systématique était d’évaluer les effets des maladies systémiques, dont le diabète et l’ostéoporose, sur l’ostéo-intégration des implants. Les effets des maladies neurocognitives, des maladies cardiovasculaires, du VIH, de l’hypothyroïdie, de la polyarthrite rhumatoïde et des médicaments - tels que les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la pompe à protons et les antihypertenseurs - étaient également évalués.
Afin d’évaluer l’effet des maladies systémiques et des médicaments sur l’ostéo-intégration des implants, les critères PICO étaient les suivants :
- patient (P) : patients atteints d’ostéoporose ou de diabète ou patients prenant des médicaments ;
- intervention (I) : pose d’implants dentaires ;
- contrôle (C) : patients sains ;
- résultats (O) : ostéo-intégration.
Les critères d’inclusion étaient les suivants :
- études sur l’homme ou études cliniques avec au moins 10 patients ;
- publication en anglais ;
- un suivi d’au moins 3 mois afin d’évaluer l’ostéo-intégration des implants ;
- pathologie médicale détaillée et informations sur la survie implantaire (marqueur de substitution de l’ostéo-intégration).
Les critères d’exclusion étaient les suivants :
- études sur l’animal, in vitro, cas cliniques et série de cas limitée ;
- données manquantes sur la survie des implants, l’ostéo-intégration, le nombre de patients avec des pathologies ou des médicaments et le nombre de patients et/ou de survie implantaire ;
- publication dans une autre langue que l’anglais.
Une recherche par mots clés dans PubMed a été effectuée, permettant de sélectionner les articles publiés entre 1975 et juillet 2018 et une recherche manuelle dans certains journaux a aussi été ajoutée. Les titres ont été analysés par deux examinateurs.
La méta-analyse a été réalisée en utilisant la proportion d’implants cicatrisés à la fois pour la cohorte des patients diabétiques et pour la cohorte des patients ostéoporotiques (qui a ensuite été stratifiée par type de médicaments). L’hétérogénéité a été évaluée à l’aide du test Q de Cochran et de l’indice I2. Compte tenu de l’hétérogénéité importante, les auteurs ont choisi d’utiliser le modèle méta-analytique à effets aléatoires. Les valeurs p < 0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives.
Vingt-et-une études ont été retenues pour les patients atteints d’ostéoporose (17 avec des traitements anti-résorptifs, 4 avec d’autres traitements). La méta-analyse montre un taux de survie implantaire de 98 %. Aucune différence, au niveau de l’ostéo-intégration des implants, n’a été observée entre les patients sains et les patients atteints d’ostéoporose, quel que soit le traitement anti-résorptif.
Vingt études ont été retenues pour les patients diabétiques. La méta-analyse montre un taux de survie implantaire de 98 %. Aucune différence, au niveau de l’ostéo-intégration des implants, n’a été observée entre les patients sains et les patients diabétiques. En raison d’un nombre insuffisant d’études sur les maladies neurologiques, les maladies cardiovasculaires, le VIH, la polyarthrite rhumatoïde, l’hypothyroïdie, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la pompe à protons et les antihypertenseurs, aucune méta-analyse n’a pu être réalisée. Cependant, une évaluation de la survie implantaire a été réalisée dans les études retrouvées. Pour les patients atteints de maladies neurologiques, une étude a montré un taux de survie implantaire de 86 %. Pour les patients atteints du VIH, 2 études ont montré un taux de survie de 99,2 % comparé à 100 % chez les patients sains. Pour les maladies cardiovasculaires, aucune différence n’a été observée entre les sujets sains et les sujets atteints, sauf dans 2 études (97,8 % versus 100 % et 87,3 % versus 87 %). Pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, 2 études ont montré des taux de survie implantaire allant de 96,1 % à 100 %. Pour les patients atteints d’hypothyroïdie, 2 études ont montré des taux de survie implantaire équivalents à ceux des sujets sains.
En ce qui concerne les médicaments, l’utilisation d’antihypertenseurs a été associée à une augmentation du taux de survie implantaire (99,4 % versus 95,9 % chez les patients ne prenant pas ces médicaments). D’un autre côté, l’utilisation d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine a été associée à une diminution du taux de survie implantaire (89,4-94,4 % versus 95,4-98,15 % chez les groupes contrôles). De même, l’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons a été associée à une diminution du taux de survie implantaire (88-93,2 % versus 95,5-96,8 % chez les groupes contrôles).
Les implants dentaires sont le traitement de choix pour le remplacement d’une ou de plusieurs dents manquantes et les études montrent des taux de survie à court et long termes de plus de 95 %. Devant ces chiffres, de plus en plus de patients polymédiqués et/ou atteints de pathologies systémiques demandent un traitement implantaire. Cependant, ces maladies et médicaments peuvent influencer la cicatrisation muqueuse, les défenses immunitaires, la vascularisation des tissus, le remodelage osseux et leur effet direct sur l’ostéo-intégration est encore mal compris ou mal documenté. Cette revue démontre qu’il n’y a pas assez de données pour réaliser une revue systématique de la littérature, sauf pour le diabète et l’ostéoporose. De plus, les études récentes sur ces 2 pathologies ne réussissent pas à démontrer leur effet négatif sur la survie implantaire, retrouvé dans les études précédentes. Cela peut être dû aux nouvelles surfaces implantaires, à une meilleure prise en charge et à un meilleur contrôle de ces pathologies. Cependant, la survie implantaire à long terme chez les patients diabétiques peut être compromise du fait de l’augmentation du risque de péri-implantite et de perte osseuse marginale chez ces patients. Enfin, les traitements anti-résorptifs peuvent augmenter le risque d’ostéonécrose des maxillaires mais cette complication est, elle aussi, mal documentée dans la littérature. Les auteurs concluent qu’une évaluation complète des médicaments ainsi qu’un contrôle des pathologies existantes et des autres facteurs de comorbidités doivent guider la prise en charge thérapeutique.
Les implants devenant une alternative de choix, il est important de bien évaluer nos patients afin de maximiser les chances de succès de nos plans de traitement. Cela commence par un interrogatoire médical complet permettant de connaître les pathologies et les traitements de nos patients. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à prendre contact avec le médecin traitant car chaque médicament peut avoir un impact sur le traitement implantaire, comme le suggère cette revue de la littérature.