Odontologie
Pédiatrique
Nathan MOREAU* Maxence SERVANT** Benjamin SALMON*** Frédéric COURSON****
*MCU-PH en Médecine et Chirurgie orale, UFR d’Odontologie, Université de Paris, Hôpital Bretonneau, AP-HP.
**Attaché de consultation en Odontologie pédiatrique, Hôpital Bretonneau, AP-HPExercice libéral Paris.
***PU-PH, UFR d’Odontologie, Université de Paris,
****Chef de service Médecine bucco-dentaire, Hôpital Bretonneau, AP-HP.
*****MCU-PH en Odontologie pédiatrique, UFR d’Odontologie, Université de Paris, Hôpital Bretonneau, AP-HP, Exercice libéral, Paris.
Matéo, 8 ans et demi, se présente en consultation pour un bilan bucco-dentaire. Le praticien réalise une radiographie panoramique (figure 1). Il observe une lésion radio-claire au niveau de la région inter-radiculaire de 36 de présentation atypique (persistance de la lamina dura en regard des racines) mais aucune manifestation clinique particulière à l’examen clinique (
Matéo, 8 ans et demi, se présente en consultation pour un bilan bucco-dentaire. Le praticien réalise une radiographie panoramique (figure 1). Il observe une lésion radio-claire au niveau de la région inter-radiculaire de 36 de présentation atypique (persistance de la lamina dura en regard des racines) mais aucune manifestation clinique particulière à l’examen clinique (figure 2). Le test de sensibilité pulpaire de 36 est positif, non rémanent.
Un CBCT est prescrit (figures 3 à 6). On observe une lacune radio-claire de structure homogène, de forme ovalaire, en vestibulaire de la furcation de la 36 entraînant une voussure de la corticale externe qui est amincie et une solution de continuité en regard de la face vestibulaire de la dent. La lésion atteint le toit du canal mandibulaire et les apex encore immatures de la 36 (stade 9 de Nolla), sans signe de résorption radiculaire associée.
Le tableau clinico-radiologique est évocateur d’un kyste de la furcation. On le classe dans la catégorie des kystes odontogènes, histologiquement proches des kystes péricoronaires et paradentaires (ou marginaux postérieurs), survenant latéralement aux racines d’une première molaire mandibulaire vitale [1, 2]. Il résulte le plus souvent d’un processus inflammatoire lié à la persistance d’une poche parodontale après l’éruption d’une dent permanente chez l’enfant. L’OMS le décrit comme un kyste inflammatoire collatéral. L’aspect histologique retrouve une cavité kystique, bordée d’un épithélium malpighien non kératinisé avec un infiltrat inflammatoire polymorphe, et sa situation très caractéristique en regard de la furcation oriente le diagnostic.
Un lambeau muco-périosté est récliné en vestibulaire (figure 7) et une ostéotomie est pratiquée pour accéder à la lésion (figure 8). Un curetage est alors réalisé et le kyste est énucléé en totalité (figure 9) puis fixé dans une solution de formol (10 %) pour examen anatomopathologique. Ce dernier confirmera le diagnostic de kyste de la furcation. L’approche est conservative sans extraction de la 36.
Au contrôle à 1 an, l’examen clinique objective une conservation de la sensibilité pulpaire de la 36 et la radiographie de contrôle permet de constater une cicatrisation osseuse complète (figure 10).
Le risque thérapeutique principal est la nécrose de la dent permanente (néanmoins très rare dans ce type d’intervention). L’histologie est indispensable pour écarter les autres diagnostics différentiels parmi les kystes et tumeurs des mâchoires.
Les kystes de la furcation sont des lésions rares souvent découvertes fortuitement. L’énucléation du kyste permet une guérison osseuse rapide et généralement sans conséquence pour la dent permanente concernée.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.