Clinic n° 05 du 01/05/2021

 

Revue de presse

Internationale

Marie-Joséphine CRENN  

La stabilité tissulaire autour du pilier prothétique est une des clés pour assurer une barrière contre la pénétration bactérienne et garantir le succès de la thérapeutique implantaire à long terme. Le but de cette revue systématique/méta-analyse est d’analyser comment les différents matériaux utilisés et les modifications apportées à ce pilier peuvent affecter la réponse des tissus mous chez l’animal.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

La stratégie de recherche a...


La stabilité tissulaire autour du pilier prothétique est une des clés pour assurer une barrière contre la pénétration bactérienne et garantir le succès de la thérapeutique implantaire à long terme. Le but de cette revue systématique/méta-analyse est d’analyser comment les différents matériaux utilisés et les modifications apportées à ce pilier peuvent affecter la réponse des tissus mous chez l’animal.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

La stratégie de recherche a été menée informatiquement à l’aide des bases de données MEDLINE via PubMed, Scopus et Web of Science à partir d’une association de mots-clés. Une deuxième recherche manuelle a permis de compléter la première. Le champ de recherche concernait uniquement des études chez l’animal, sans restriction de date. Afin d’évaluer la qualité des études retenues, les articles ont été triés avec l’outil de risque de la Cochrane Collaboration estimant le risque de biais dans les essais sur l’animal. À partir de chaque étude, les données concernant les dimensions des attaches épithéliale et conjonctive ont été relevées puis analysées.

RÉSULTATS

Au total, 1 129 articles ont été identifiés puis 20 articles ont fait l’objet d’une sélection commune, après application des critères d’inclusion et d’exclusion. Face à l’hétérogénéité des protocoles, seulement 4 études ont pu faire l’objet d’une méta-analyse. Aucune différence n’a été mise en évidence (p > 0,05) concernant les dimensions de l’attache épithéliale et de l’attache conjonctive face à des piliers en titane et des piliers en zircone à partir de 2 études chez le chien. En revanche, également à partir de 2 études chez le chien, les auteurs ont démontré que la dimension de l’attache conjonctive était améliorée (p < 0,05) au contact de pilier présentant une surface préalablement modifiée chimiquement par rapport à une surface conventionnellement obtenue. De plus, il était possible de mettre en évidence histologiquement un épithélium de jonction plus au contact du pilier, un tissu conjonctif plus vascularisé et des fibres de collagène orientées perpendiculairement par rapport à la surface. Face à la diversité des informations retrouvées dans les autres articles comme les différentes méthodes d’évaluation ou le temps de suivi, il était impossible d’analyser de façon commune les résultats des articles en rapport à d’autres matériaux (comme le PEEK ou le di-silicate de lithium) ou d’autres types de modifications de surface (comme l’anodisation).

CONCLUSION

Les auteurs concluent que la réponse tissulaire et, notamment, l’adhésion cellulaire semblent être influencées par la topographie de surface, même si des conclusions robustes ne peuvent être apportées face au peu d’études analysées. Ils concluent que les protocoles doivent être améliorés pour prévoir une comparaison des résultats et connaître le réel impact clinique du matériau et des modifications de surfaces sur la réponse biologique des tissus mous péri-implantaires.

PERTINENCE CLINIQUE

La muqueuse péri-implantaire se présente sous la forme d’un tissu cicatriciel « scellé » et non attaché à la surface de la partie trans-gingivale, que celle-ci soit représentée par le pilier prothétique ou par le col implantaire. Plusieurs études se sont intéressées à optimiser la réponse tissulaire au contact de cette partie de transition en modifiant soit la nature du matériau, soit la topographie de surface. Le but de cet article est d’étudier l’influence de ces modifications de surface ou des matériaux utilisés sur la réponse des tissus mous péri-implantaires à travers des études in vivo réalisées chez l’animal.

Sur les 1 129 études identifiées de 1992 à 2017, seulement 4 études ont fourni des protocoles reproductibles pour que les résultats puissent être combinés, ce qui démontre l’énorme hétérogénéité des protocoles et la grande difficulté à tirer des conclusions globales malgré le nombre d’études disponibles. Face à la prévalence des maladies péri-implantaires, connaître cliniquement l’impact des matériaux et des topographies de surface sur l’adhésion cellulaire est d’une importance majeure et nécessite des études comparables à long terme.