L’IMPLANT EN ZIRCONE MONOBLOC : SE RAPPROCHE-T-ON DE L’IMPLANT IDÉAL ?
Concept monobloc
Simon TORDJMAN* Victor ANGHERT** Tolomeo BOIOLI***
*Stomatologue Pratique privée exclusive en chirurgie et implantologie, Paris Membre co-fondateur de l’EACim
**Pratique privée, Bordeaux
***Pratique privée exclusive en parodontologie et implantologie, Luxembourg Ancien attaché d’enseignement Paris VI-Pitié Salpêtrière
L’implant en zircone est devenu l’alternative sans métal en chirurgie implantaire, gagnant en popularité grâce à ses propriétés de biocompatibilité. Cette avancée a ouvert la voie à l’implantologie céramique, alternative à l’implantologie en titane depuis près de deux décennies. Cependant, les bases de cette technologie ont été posées bien plus tôt, avec les implants en céramique développés par S. Sandhaus dans les années 1960.
La zircone, avec ses...
Cet article explore les avantages, les spécificités - telles que la simplicité prothétique et la réduction des coûts - ainsi que les limites des implants monoblocs en zircone dans les domaines de la chirurgie et de la prothèse supra-implantaire.
L’implant en zircone est devenu l’alternative sans métal en chirurgie implantaire, gagnant en popularité grâce à ses propriétés de biocompatibilité. Cette avancée a ouvert la voie à l’implantologie céramique, alternative à l’implantologie en titane depuis près de deux décennies. Cependant, les bases de cette technologie ont été posées bien plus tôt, avec les implants en céramique développés par S. Sandhaus dans les années 1960.
La zircone, avec ses propriétés supérieures et la demande croissante des patients pour des solutions sans métal, est-elle en passe de devenir la nouvelle référence en implantologie ? Les premiers implants en zircone, monoblocs, ont introduit un changement de paradigme, offrant des avantages notables en matière de simplicité chirurgicale, d’ergonomie prothétique et de satisfaction des patients [1]. Cependant, ces premiers implants ont également révélé des limites, telles que l’absence de vissage pour la prothèse et leur exposition en bouche pendant la phase d’ostéointégration. Des défis demeurent, notamment les limitations dimensionnelles des implants en céramique et la nécessité de preuves scientifiques à long terme. Les implants en zircone monoblocs représentent-ils toujours la norme en implantologie céramique ?
Les implants en zircone monoblocs (« une pièce ») combinent le corps de l’implant (partie endo-osseuse insérée dans l’os) et le pilier supra-crestal (ou faux-moignon) en une seule structure. Contrairement aux implants « deux pièces », qui se composent de deux parties séparées reliées par une vis (le corps de l’implant endo-osseux et un pilier prothétique), les implants monoblocs en zircone sont conçus pour ressembler à une dent naturelle en offrant un moignon coronaire pré-taillé intégré.
Ce concept unique, disponible depuis près de vingt ans, offre une solution à la fois simplifiée et esthétique, répondant aux attentes élevées des patients, en particulier dans les zones antérieures visibles, tout en satisfaisant les exigences de résistance mécanique nécessaires pour un implant dans les secteurs postérieurs.
Les implants en zircone monoblocs se distinguent des implants deux pièces sur plusieurs points fondamentaux.
Grâce à une conception en une seule pièce avec une émergence transgingivale de type Tissue Level et une continuité structurelle entre l’implant et le pilier (figures 1a et b), les implants monoblocs éliminent la jonction transgingivale présente dans les implants en deux pièces. Cette absence de jonction réduit significativement les risques de micro-mouvements entre les composants, parfois responsables de complications mécaniques de type fracture de vis ou dévissage du pilier. De plus, l’intégration directe à l’implant d’un pilier pré-taillé simplifie les étapes prothétiques, rendant le processus de restauration plus rapide et plus fiable pour le praticien comme pour le patient.
La jonction transgingivale dans les implants deux pièces crée souvent un hiatus propice à l’infiltration bactérienne, ce qui augmente le risque d’inflammation péri-implantaire. Les implants monoblocs, en intégrant le pilier au corps de l’implant, éliminent cette « discontinuité », ce qui favorise une meilleure santé parodontale et réduit les complications bactériennes. De plus, la présence d’un col implantaire transgingival en zircone permet une « attache rampante » (figure 2), c’est-à-dire une adhésion progressive des tissus autour de la surface transgingivale. En intégrant implant et pilier dans une seule unité, les implants monoblocs favorisent une meilleure compatibilité parodontale, minimisant les risques d’inflammation péri-implantaire et améliorant la stabilité des tissus gingivaux et osseux.
La couleur blanche de la zircone et sa biocompatibilité élevée permettent une meilleure intégration esthétique, notamment en zone antérieure. Par ailleurs, en l’absence de métal, le risque de réaction inflammatoire liée à la corrosion est écarté.
L’implant monobloc se pose en « un temps chirurgical » et élimine la nécessité de poser et de retirer un pilier de cicatrisation (de simples capuchons ou bagues d’évasement gingival sont posés sur le pilier), réduisant ainsi les manipulations répétées qui peuvent endommager les tissus autour de l’implant. Cette réduction des manipulations améliore la stabilité des tissus péri-implantaires et minimise les risques de lésions des tissus mous péri-implantaires.
L’utilisation de ce type d’implant réduit les coûts liés à la réhabilitation prothétique par rapport aux implants deux pièces, qui nécessitent un accastillage supplémentaire et souvent des outils de fixation spécifiques. Sur les implants monoblocs, il n’y a que la suprastructure (couronne) à réaliser, et aucune infrastructure (pilier).
L’implant en zircone monobloc permet une approche simplifiée en implantologie grâce à sa pose en une seule intervention chirurgicale. Contrairement aux implants deux pièces qui nécessitent une seconde chirurgie pour désenfouir l’implant et positionner un pilier de cicatrisation, l’implant en zircone monobloc intègre cette étape dans l’acte initial. Cette approche réduit le traumatisme chirurgical pour le patient et limite le nombre de rendez-vous, ce qui améliore le confort et diminue l’anxiété associée aux chirurgies multiples. Pour le praticien, cette simplification permet un gain de temps considérable et améliore l’efficacité du flux de travail.
Les implants en zircone monobloc bénéficient d’un couple de serrage supérieur à celui des implants en zircone deux pièces et de nombreux implants en titane. En effet, ce couple d’insertion peut atteindre jusqu’à 50 N/cm, bien au-delà des 30 N/cm typiquement limités par la fragilité des jonctions des implants deux pièces. Cette caractéristique renforce la stabilité primaire, un facteur essentiel pour une bonne ostéointégration et une réussite à long terme. Une étude [2] a démontré que cette stabilité mécanique accrue réduit le risque d’échec précoce des implants. Grâce à ce couple de serrage élevé, il est également possible de mieux contrôler le positionnement vertical de l’implant par rapport à la crête osseuse, un paramètre clé pour l’esthétique et la fonction.
L’émergence supra-gingivale en zircone, constituée d’un bloc massif dépourvu de puits de vissage, permet une adaptation sur mesure de sa forme. Cette conception unique offre la possibilité de corriger précisément (par fraisage) l’émergence implantaire apicale au-dessus de l’os, facilitant l’ajustement esthétique et fonctionnel pour s’adapter aux besoins individuels du patient. Cette personnalisation de l’émergence permet de mieux répondre aux exigences esthétiques et d’éviter les irritations gingivales.
À la fin de la chirurgie, un anneau ou une chape protectrice est placé autour du col implantaire pour éviter l’envahissement gingival et faciliter les étapes prothétiques suivantes. Ce dispositif, illustré par les figures 3 et 4, empêche le recouvrement de la limite prothétique par les tissus gingivaux au niveau de la jonction de l’implant, facilitant ainsi la prise d’empreinte prothétique tout en évitant une intervention chirurgicale secondaire qui pourrait perturber les tissus péri-implantaires. L’anneau de protection assure également un maintien de la gencive dans une position favorable, permettant une continuité des tissus autour de l’implant qui favorise une bonne hygiène et la santé péri-implantaire.
Les implants en zircone monoblocs offrent une grande flexibilité dans la préparation prothétique, semblable à celle d’une dent naturelle. Le pilier monobloc en zircone peut être façonné directement à l’aide de fraises spécifiques, permettant de l’adapter au cas clinique sans besoin de pièces additionnelles ou de personnalisations complexes. Cette capacité de remodelage confère un grand avantage en matière esthétique, car elle permet d’ajuster précisément la forme et l’orientation du pilier pour un résultat optimal, que ce soit pour un ajustement en zone antérieure ou pour répondre à des contraintes occlusales spécifiques en zone postérieure
La conception monobloc des implants en zircone offre un contrôle précis des marges prothétiques, qui peuvent être positionnées de manière supra-, juxta- ou sous-gingivale selon les besoins esthétiques et hygiéniques du patient. Cette flexibilité est particulièrement avantageuse pour préserver l’hygiène et la santé gingivale autour de la prothèse. En effet, le choix de la position des marges permet de minimiser les risques d’accumulation de plaque et d’inflammation péri-implantaire, ce qui est essentiel pour la pérennité des tissus péri-implantaires.
De plus, la possibilité d’ajuster ces marges dans le temps permet de répondre aux évolutions du parodonte et aux exigences esthétiques du patient. Lors de la taille, le congé du pilier supra-implantaire peut être positionné à différentes hauteurs, facilitant le nettoyage au niveau de la jonction implant-couronne et offrant un meilleur contrôle du scellement de la couronne. Cette capacité de retouche de la forme et des limites prothétiques permet d’adapter la prothèse aux besoins évolutifs du patient, en prenant en compte l’usure, les changements parodontaux ou les signes inflammatoires.
Contrairement aux implants à deux étages, dont les marges sont figées lors de la pose chirurgicale, les implants en zircone monoblocs permettent un ajustement dynamique des limites prothétiques. Si nécessaire, la couronne peut être démontée pour accéder au pilier et ajuster les marges. Cela permet également de réaliser une nouvelle empreinte pour une couronne de remplacement, en évitant des interventions chirurgicales parodontales coûteuses et invasives pour corriger des expositions marginales. La capacité d’adapter un moignon surtaillé aux besoins présents et futurs du patient fait des implants en zircone monoblocs un choix particulièrement judicieux pour une prothèse évolutive et personnalisée.
Les implants en zircone monoblocs réduisent significativement le nombre de composants prothétiques, ce qui simplifie considérablement les étapes de réhabilitation. En supprimant le besoin de tournevis, de vis prothétiques, de piliers additionnels et de transferts, cette conception minimaliste évite l’utilisation d’accessoires supplémentaires, rendant le processus plus fluide pour le praticien et plus abordable pour le patient.
En pratique, la prise d’empreinte pour les implants monoblocs se rapproche de celle réalisée pour une dent naturelle, ce qui rend la procédure familière pour le praticien et améliore l’expérience du patient en allégeant les étapes cliniques. L’absence de vis et de composants amovibles élimine également le risque de dévissage, réduisant ainsi les complications mécaniques et la nécessité de réinterventions. La simplicité de l’assemblage est encore renforcée par le fait qu’aucune vis prothétique ni vis de laboratoire n’est requise, ce qui élimine le besoin d’outils spécifiques comme le tournevis ou la clé dynamométrique. Au final, cette approche optimise le flux de travail, limite les manipulations cliniques et minimise les risques mécaniques, tout en répondant aux attentes des patients pour un traitement fiable, rapide et durable.
Les implants en zircone monoblocs possèdent une esthétique supérieure, principalement due à leur couleur blanche, proche de celle des dents naturelles. Ce ton clair réduit la visibilité des transitions entre la prothèse et l’implant, ce qui est particulièrement avantageux en zones esthétiques. Grâce à cette teinte, le liseré marginal entre l’implant et la gencive est moins perceptible, éliminant les risques de décoloration transgingivale souvent observés avec les implants en titane. Dans le cadre de notre pratique clinique, basée sur l’implantation de plus de 5 000 implants en zircone, les patients ont manifesté une grande satisfaction, certains allant jusqu’à exhiber fièrement leur prothèse pour sa couleur distinctive et naturelle.
Les implants en zircone monoblocs montrent un taux de succès clinique légèrement supérieur à celui des implants deux pièces. Des études récentes illustrent cette robustesse.
• Implants monoblocs : Kohal (2012) [3] rapporte un taux de survie de 95,4 %, Jung (2016) [4] de 98,3 %, Tischler (2018) [5] de 97,6 %, et Vilor-Fernandez (2021) [6] de 96,9 %.
• Implants deux pièces : les taux de survie s’élèvent à 93,3 % (Payer, 2015 [7]), 86 % (Cionca, 2015 [8]), 95 % (Adanez, 2018 [9]), et 98,3 % (Roehling, 2018 [10]).
L’ergonomie des implants en zircone monoblocs simplifie les étapes prothétiques pour le praticien, tout en améliorant l’expérience pour le patient. Contrairement aux implants deux pièces, qui nécessitent une maîtrise technique des systèmes spécifiques à chaque marque, les implants monoblocs se manipulent de manière similaire aux dents naturelles. Le retrait de l’anneau gingival ou de la chape de protection pour l’empreinte rend le processus rapide et aisé. Si nécessaire, un transfert d’empreinte peut être utilisé pour faciliter cette étape, ce qui simplifie le protocole sans ajouter de complexité technique.
De plus, la possibilité de confectionner une prothèse provisoire directement sur le moignon prothétique avec un ciment provisoire est un avantage notable. Cela permet une prise en charge rapide et confortable pour le patient, réduisant les séances tout en maintenant le confort masticatoire.
La conception des implants en zircone monoblocs élimine le besoin de nombreux composants supplémentaires, tels que les transferts, analogues, piliers, vis de laboratoire et vis prothétiques définitives. Cette réduction des éléments prothétiques se traduit par des économies significatives pour le praticien et le laboratoire, diminuant ainsi le coût global de la réhabilitation implantaire. Ce gain de temps et de matériel allège également les séances pour le patient, contribuant à une expérience plus fluide.
Les patients bénéficient non seulement d’une esthétique naturelle, mais aussi d’une sensation de confort accru, en grande partie grâce à l’absence de métal. La zircone étant un matériau inerte et biocompatible, les patients perçoivent une sécurité et un confort additionnels, en particulier ceux qui sont sensibles aux matériaux métalliques ou préoccupés par les interactions potentielles avec leur biologie. La perception d’un implant « blanc » contribue également à la satisfaction esthétique, répondant aux attentes de nombreux patients.
Les implants en zircone monoblocs se distinguent par une offre limitée en matière de tailles et de diamètres par rapport aux implants en titane. Actuellement, les implants monoblocs ne sont disponibles que dans des longueurs restreintes (habituellement entre 8 et 14 mm) et des diamètres standards (généralement entre 3,5 et 5 mm). Cette limite d’options peut restreindre les indications cliniques, notamment pour les cas nécessitant des implants plus courts ou plus fins, où le titane offre davantage de choix.
Les implants en zircone monoblocs comportent plusieurs contraintes par rapport aux implants deux pièces.
• Axes prothétiques : la conception monobloc impose une précision accrue lors de la pose pour aligner parfaitement l’axe prothétique. Toute divergence pourrait introduire des contraintes prothétiques non souhaitées, sans possibilité d’ajustement ultérieur.
• Hauteur des piliers : la hauteur des piliers étant fixe, cela peut constituer un défi dans les cas de crêtes osseuses irrégulières ou lorsque des ajustements postopératoires sont nécessaires pour ménager une hauteur libre suffisante à la céramique cosmétique.
• Vissage de prothèse impossible : l’absence de vis de connexion prothétique dans les implants monoblocs empêche la fixation vissée de la couronne, limitant ainsi les options de réhabilitation.
• Exposition durant l’ostéointégration : la conception monobloc impose que la tête de l’implant reste exposée pendant l’ostéointégration, ce qui augmente les risques de contamination bactérienne et de surcharge mécanique durant cette phase critique.
Pour les implants en zircone monoblocs, la réussite clinique dépend fortement de la précision chirurgicale et de la planification prothétique préalable. Le choix de l’axe d’insertion est crucial pour s’assurer que la prothèse s’intègre correctement dans l’arcade dentaire en prenant en compte les dents adjacentes, antagonistes et l’espace prothétique disponible (figures 5, 6 et 7). La présence du pilier intégré facilite l’évaluation du positionnement final dès la chirurgie, offrant une vision immédiate de la configuration définitive.
Le positionnement optimal doit garantir que le pilier nécessite peu ou pas de retouches après la chirurgie. Contrairement aux implants à deux étages, qui permettent des corrections d’angle grâce aux piliers inclinés, les implants en zircone monoblocs offrent une marge de correction limitée (10 à 15°). Si une angulation supérieure est requise pour un alignement optimal, les implants deux pièces peuvent alors être préférés.
La correction angulaire des implants zircone monoblocs est limitée à un maximum de 15°. En cas de divergences angulaires importantes, les options d’ajustement sont restreintes, ce qui peut réduire la flexibilité pour les prothèses esthétiques ou fonctionnelles complexes.
Contrairement aux implants enfouis, les implants en zircone monoblocs restent exposés durant l’ostéointégration, ce qui les rend vulnérables aux forces occlusales. Cette exposition impose une gestion rigoureuse, avec la recommandation donnée aux patients de mastiquer du côté opposé pour minimiser les micromouvements et les contraintes pendant cette période critique. Un trauma occlusal précoce pourrait compromettre l’ostéointégration et augmenter les risques de perte d’implant.
L’exposition prolongée de l’implant au milieu buccal pose des défis microbiologiques supplémentaires. La plaque bactérienne peut s’accumuler au niveau du pilier supra-gingival, augmentant le risque de colonisation bactérienne et, par conséquent, les risques de mucosite et de péri-implantite. Cela exige une stricte hygiène orale de la part du patient pour prévenir les complications infectieuses.
Le non-enfouissement des implants en zircone monoblocs complique également l’utilisation de prothèses temporaires adjointes. Les implants en cours d’ostéointégration sont sensibles aux micromouvements, et l’appui d’une prothèse adjointe temporaire est déconseillé pour éviter des perturbations du processus d’ostéointégration. En revanche, les implants deux pièces, qui permettent une réhabilitation temporaire en supportant mieux les mouvements, représentent une alternative préférable pour les patients nécessitant une prothèse temporaire.
La pose d’implants en zircone monoblocs requiert des précautions spécifiques, en raison des propriétés uniques de la zircone. Ce matériau, plus rigide et fragile que le titane, exige une précision accrue lors des étapes de préparation pour éviter tout risque de fracture au moment de l’insertion. La zircone, comparable à un couteau en céramique pour sa capacité de coupe, conserve une efficacité de coupe élevée, ce qui rend souvent inutile l’utilisation d’un taraud final. Contrairement au titane, qui peut s’émousser, la zircone garantit une performance d’auto-taraudage constante, optimisant ainsi la stabilité de l’implant dès son insertion (figures 8 et 9).
La préparation préopératoire des implants en zircone monoblocs suit les mêmes étapes initiales que celle des implants en titane, notamment le forage jusqu’au diamètre final. Cependant, la zircone présente un évasement cervical au niveau du col, souvent plus important que pour les implants en titane, et nécessite l’utilisation de forets corticaux adaptés pour s’ajuster précisément à l’anatomie de l’implant monobloc. Cette étape garantit une intégration optimale de l’implant dans l’os et un ajustement adéquat au niveau gingival.
La conception monobloc des implants en zircone permet un couple de serrage élevé, souvent supérieur à 50 Ncm, sans risquer de fragiliser la structure. Cette robustesse assure une excellente stabilité primaire, cruciale pour une ostéointégration réussie. Le couple de serrage plus important que celui des implants deux pièces ou en titane permet aussi de réduire les risques de micromouvements postopératoires, améliorant ainsi la durabilité de l’implant.
La profondeur d’enfoncement de l’implant est un autre facteur clé. Elle doit être précisément ajustée par rapport au niveau osseux et gingival pour garantir un résultat à la fois fonctionnel et esthétique. Cette profondeur peut être affinée au moment de l’insertion et, si nécessaire, être modifiée au fil du temps pour mieux s’adapter aux évolutions tissulaires et optimiser la stabilité à long terme (figures 10 et 11).
Un anneau de protection gingivale est souvent positionné autour du col de l’implant monobloc lors de la pose pour favoriser un éloignement gingival adéquat. Cet anneau (figure 12) maintient une éviction gingivale propre, facilitant une cicatrisation optimale et simplifiant la prise d’empreinte ultérieure. Grâce à cette précaution, les manipulations au niveau gingival sont réduites, améliorant ainsi le confort du patient et la précision du résultat prothétique.
Le choix de la technique d’empreinte dépend de la nécessité d’ajuster ou non le pilier supra-gingival en fonction des spécificités du cas clinique. Avant de sélectionner une méthode, il est essentiel d’évaluer l’axe de l’implant, l’espace prothétique disponible en occlusal et proximal, et la position de l’épaulement du pilier (supra-, juxta-, ou sous-gingival).
Lorsque l’implant est correctement positionné, que l’espace prothétique est suffisant et que la hauteur de l’épaulement permet un profil d’émergence adapté à la future prothèse, une empreinte avec transfert peut être réalisée sans nécessité de retouche du pilier. Un transfert est alors clipsé sur le pilier, avec des méplats permettant un positionnement unique et précis. L’empreinte physique, prise avec un matériau de type polyéther ou silicone, capture le transfert, permettant de repositionner l’analogue de laboratoire dans le modèle pour la fabrication de la prothèse (figures 13, 14 et 15). Pour une empreinte numérique, un scan-body est fixé directement sur le pilier, capturant ainsi la géométrie exacte de l’implant pour une reproduction optimale.
Si l’espace prothétique est insuffisant (par exemple, une hauteur occlusale inférieure à 2 mm), que l’axe de l’implant présente une inclinaison inappropriée ou que l’épaulement est situé trop en supra-gingival, compromettant ainsi l’esthétique ou le profil d’émergence, une retouche du pilier en zircone peut être indiquée. Ce modelage peut être réalisé à l’aide de fraises diamantées bague rouge, en veillant à respecter les épaisseurs minimales de préparation pour préserver l’intégrité du matériau. Cette retouche permet de corriger l’axe de l’implant, d’augmenter la hauteur occlusale en réduisant la longueur du pilier et de repositionner la limite de l’épaulement en juxta- ou infra-gingival, facilitant ainsi une meilleure intégration esthétique (figure 16).
Dans cette configuration, une empreinte directe est réalisée sur le pilier modifié, comme pour une dent naturelle. Si la rétraction gingivale effectuée par l’anneau de protection est insuffisante, elle peut être renforcée à l’aide de cordons rétracteurs. Une empreinte de la morphologie du pilier retouché est ensuite prise avec un matériau conventionnel (silicone ou polyéther) ou par empreinte optique, selon les besoins spécifiques du cas clinique.
Une fois l’empreinte réalisée, celle-ci est envoyée au laboratoire où l’analogue de laboratoire est inséré (dans le cas d’une empreinte avec transfert) avant la coulée du plâtre. Une fausse gencive est positionnée en péri-implantaire pour simuler le tissu mou environnant et faciliter les ajustements du profil d’émergence pour une intégration idéale en bouche (figures 17 et 18).
La couronne implanto-portée est ensuite fabriquée avec des matériaux esthétiques et résistants, comme la zircone multi-couches (par exemple, Zirconia Katana de Kuraray Noritake). Cette zircone, maquillée ou stratifiée selon les besoins esthétiques du cas, permet d’obtenir une prothèse de haute qualité, alliant esthétique et durabilité (figure 19).
Une fois la couronne prête, elle est testée en bouche pour vérifier son adaptation parfaite et son intégration harmonieuse avec les tissus environnants. Ce protocole de fabrication suit les mêmes étapes que pour une couronne dento-portée.
L’assemblage de la prothèse suit un protocole conventionnel de scellement, basé sur un scellement par rétention mécanique plutôt que sur une adhésion chimique de la zircone. Les piliers prothétiques conçus par les fabricants présentent une rétention suffisante pour maintenir la prothèse en place de manière stable.
La prothèse est essayée et ajustée pour vérifier les critères classiques de prothèse conjointe : points de contacts, adaptation périphérique, occlusion, profil d’émergence et esthétique. On s’assure que l’espace interdentaire permet un nettoyage efficace à l’aide d’une brossette interdentaire (figure 20).
Une radio de contrôle avant assemblage - couronne en place - est effectuée pour une vérification de l’insertion complète de la prothèse. En effet, si la position de l’épaulement est très sous-gingivale, il est délicat de visualiser l’adaptation de la prothèse à l’essayage et la gencive peut avoir un effet piston limitant l’insertion complète de la prothèse.
L’assemblage de la prothèse suit un protocole conventionnel de scellement. Il ne s’agit pas ici de chercher une adhésion/collage de la zircone, mais un scellement par rétention mécanique. Les piliers prothétiques dessinés par les fabricants sont suffisamment rétentifs.
Une fois tous ces réglages effectués, un scellement (Fuji Plus ou Relyx Unicem 2) sera réalisé en veillant particulièrement à une élimination complète des excès de ciment (à l’aide de sonde, mini CK6, fil dentaire et de fil expanseur type Access Flos).
Une radiographie postopératoire permet de contrôler la qualité du joint prothétique (figure 21).
Des conseils d’hygiène et d’entretien de la prothèse sont donnés au patient. Il est impératif d’expliquer les bons gestes et le calibrage des brossettes interdentaires - conditions nécessaires à la survie de l’implant à long terme.
L’implant monobloc étant conçu pour un assemblage définitif, cette caractéristique simplifie l’acte prothétique, mais impose une précision et une qualité optimales du scellement initial. L’impossibilité de démontage ou de modification facile de la prothèse renforce l’importance de la rigueur dans toutes les étapes d’ajustement et de scellement pour garantir un résultat durable.
Pour guider la cicatrisation des tissus mous autour des implants en zircone monoblocs, différentes options de temporisation peuvent être utilisées en fonction du cas clinique et des besoins esthétiques et fonctionnels du patient. Quelques approches couramment adoptées sont développées ci-dessous.
Un anneau ou capuchon en matériau biocompatible (comme le PEEK) peut être positionné autour de l’émergence supra-gingivale de l’implant (figures 22, 23, 24). Ce capuchon agit comme un « éloigneur » gingival, favorisant un profil d’émergence optimal tout en protégeant le col de l’implant de toute infiltration bactérienne et en facilitant la cicatrisation.
Après la pose de l’implant, une couronne provisoire peut être placée pour maintenir le contour gingival et guider la formation des tissus mous immédiatement après la pose de l’implant. Cette couronne est en sous-occlusion pour éviter les charges occlusales sur l’implant en cours d’ostéointégration. La couronne provisoire est scellée provisoirement (figure 25).
Une autre option consiste à utiliser une couronne provisoire amovible qui permet des ajustements successifs pour guider progressivement le contour des tissus gingivaux. Cette technique peut être particulièrement utile dans les zones esthétiques.
Ces techniques visent toutes à stabiliser les tissus péri-implantaires et à promouvoir un profil d’émergence naturel autour de l’implant, assurant ainsi une transition esthétique et fonctionnelle vers la restauration finale.
En cas de réintervention, la prothèse monobloc permet un accès facile au pilier en zircone pour les ajustements, sans risque de dévissage. Si un changement de couronne est nécessaire, celle-ci peut être découpée pour libérer l’implant sans altérer sa stabilité. Le pilier en zircone étant fixe, l’implant monobloc minimise les risques de complications liées au dévissage, ce qui contribue à une meilleure longévité et stabilité.
Le pilier des implants en zircone monoblocs étant fixe et plus étroit que la future dent à remplacer, les ajustements du profil d’émergence sont limités comparativement aux implants deux pièces. Une planification minutieuse est nécessaire pour que l’émergence prothétique corresponde bien aux contours anatomiques du patient.
Les implants en zircone monoblocs sont envisageables pour des restaurations multiples, mais ils présentent des défis particuliers en matière de parallélisme, qui est essentiel pour assurer une adaptation prothétique optimale. Dans ce contexte, l’utilisation de la chirurgie guidée peut se révéler très précieuse. Elle permet de positionner les implants avec le plus de précision possible, en maintenant un alignement parallèle des piliers ou en limitant la divergence à un maximum de 15°. Cette approche réduit le besoin de retouches et garantit une meilleure stabilité des restaurations multiples.
Ces étapes et considérations montrent que les implants en zircone monoblocs offrent une solution fiable et esthétique, à condition de maîtriser les spécificités du protocole de pose et de restauration.
Les patients ont souvent des attentes élevées et des préoccupations spécifiques avant de choisir un implant dentaire, en particulier dans le cas des implants en zircone. Les recherches préalables jouent un rôle crucial dans leur prise de décision, et beaucoup souhaitent comprendre les différences entre les solutions disponibles, comme les implants, les inlays, ou les pivots. L’implant dentaire étant perçu comme une intervention plus engageante qu’une simple restauration, l’attrait pour des solutions « sans métal » devient un critère de choix essentiel. Les implants en zircone, également appelés implants « blancs », sont souvent préférés pour leur aspect esthétique et biocompatible, qui les distingue des implants en titane « métalliques ».
Les bénéfices ressentis par les patients vont au-delà de la simple fonction de remplacement dentaire.
La zircone est largement perçue comme une alternative plus « naturelle » et mieux tolérée par l’organisme que le titane. La couleur blanche de la zircone évite les risques de décoloration ou de transparence gingivale souvent associés aux implants en titane, qui peuvent donner un aspect sombre en cas de récession gingivale (figures 26 et 27). Ce rendu esthétique supérieur, allié à la biocompatibilité de la zircone, répond aux attentes des patients pour une solution discrète et harmonieuse.
En raison de leur conception monobloc sans vis, les implants en zircone ne présentent pas de risque de dévissage, ce qui est un atout en termes de confort et de tranquillité d’esprit. Cette stabilité perçue renforce la confiance des patients dans la durabilité et la fiabilité de leur implant.
Les implants en zircone monobloc réduisent souvent les coûts en éliminant la nécessité de composants supplémentaires (tels que les piliers et les vis). De plus, leur protocole simplifié implique souvent moins de séances, permettant de réduire les frais et d’accélérer le processus, ce qui est particulièrement apprécié des patients.
Les retours des patients après la pose d’implants en zircone monoblocs sont globalement très positifs, en particulier en termes de confort et de gestion postopératoire. Toutefois, l’un des inconvénients spécifiques à ce type d’implant est l’absence d’enfouissement pendant la période de cicatrisation osseuse. Ce non-enfouissement expose l’implant aux traumatismes occlusaux liés aux fonctions masticatoires, ce qui peut perturber l’ostéointégration. De plus, le site implanté, étant ouvert, reste vulnérable aux contaminations bactériennes, augmentant le risque d’infection et potentiellement d’échec de l’intégration osseuse, une contrainte similaire à tout implant non enfoui.
En raison de la présence du pilier en zircone dépassant en supra-gingival, il est essentiel d’informer le patient de mastiquer du côté opposé pendant la période d’ostéointégration afin d’éviter toute mobilisation de l’implant. Cette précaution nécessite une stricte observance des consignes par le patient, ce qui doit être souligné et expliqué de manière approfondie (figure 28).
Les implants en zircone monoblocs présentent l’avantage de ne pas nécessiter de second temps chirurgical pour être exposés après la phase de cicatrisation osseuse, éliminant ainsi la nécessité de fistulisation et simplifiant le protocole postopératoire. Contrairement aux implants en titane, la zircone permet un re-torquage en cas de mobilité résiduelle de l’implant, une option généralement contre-indiquée pour les implants métalliques en raison du risque de microfractures. Ce contrôle direct du processus d’ostéointégration permet au praticien d’effectuer des tests réguliers de cicatrisation et de stabilité osseuse sans second acte invasif.
Grâce à leur conception monobloc, les implants en zircone réduisent les interventions sous-muqueuses, qui sont souvent inconfortables pour le patient. En limitant ces manipulations, on diminue le risque de lésions péri-implantaires et on assure un suivi postopératoire plus confortable pour le patient. Ce confort accru est particulièrement apprécié lors des contrôles de maintenance péri-implantaire, améliorant ainsi l’expérience de soin pour les patients.
Malgré leurs nombreux avantages, les implants en zircone monoblocs présentent certaines limitations perçues par les patients.
L’absence d’enfouissement des implants en zircone les rend vulnérables aux traumatismes occlusaux durant la cicatrisation osseuse. Il est souvent recommandé aux patients de mastiquer du côté opposé pendant la phase d’ostéointégration pour éviter des micro-vibrations qui pourraient nuire à la stabilité de l’implant. Ce protocole nécessite une rigueur de la part du patient pour maximiser les chances de succès de l’implantation.
Le non-enfouissement implique une exposition prolongée de l’implant aux bactéries pathogènes, augmentant le risque d’infection et de complications péri-implantaires. Cette contrainte est commune aux implants non enfouis, mais nécessite des précautions supplémentaires pour les patients afin de prévenir l’infection et assurer une ostéointégration réussie.
Les perspectives pour les implants en zircone monoblocs ouvrent de nouvelles possibilités pour améliorer la personnalisation et l’adaptabilité des restaurations dentaires.
Pour des anatomies spécifiques
L’avenir des implants en zircone monoblocs inclut la possibilité d’adapter leurs profils supra-gingivaux pour correspondre à des anatomies dentaires spécifiques, aussi bien dans les secteurs antérieurs que postérieurs. Cette personnalisation pourrait permettre d’atteindre une intégration optimale, améliorant à la fois l’esthétique et la fonctionnalité de chaque restauration. En offrant des designs homothétiques des piliers en fonction des caractéristiques anatomiques du site, cette approche vise une meilleure adaptation, avec un résultat final esthétique et fonctionnel particulièrement optimisé.
Le développement des anneaux de protection gingivale représente également une avancée cruciale. Ces dispositifs pourraient jouer un rôle central dans la gestion de la cicatrisation, notamment dans les situations complexes d’extractions suivies d’implantation immédiate (figure 29). Grâce à un contour ajustable autour de l’alvéole implantaire, ces anneaux de protection personnalisés pourraient optimiser le profil d’émergence en guidant la cicatrisation des tissus mous, contribuant ainsi à une intégration tissulaire de qualité et à des résultats esthétiques supérieurs (figure 30).
L’implantologie moderne pourrait s’orienter vers des solutions de plus en plus personnalisées, avec des implants « sur mesure » adaptés à chaque patient en fonction de ses particularités anatomiques, de ses attentes esthétiques, et de ses besoins fonctionnels. Une personnalisation accrue permettrait d’anticiper les variations anatomiques, d’assurer une intégration prothétique idéale, et d’offrir des résultats esthétiques optimaux.
En somme, les perspectives pour les implants en zircone monoblocs indiquent une tendance vers une approche plus individualisée et adaptable, permettant de répondre aux défis spécifiques de chaque cas clinique et de maximiser les chances de succès à long terme.
Les implants en zircone monoblocs marquent une avancée notable dans l’implantologie céramique, répondant à une demande croissante pour des solutions sans métal. Bien que leurs débuts aient été marqués par certaines limitations par rapport aux implants en titane - notamment la gestion de l’enfouissement, le choix des axes et la flexibilité chirurgicale -, les atouts de la zircone ont permis de dépasser ces premières contraintes.
L’introduction des implants deux pièces en zircone, inspirés des implants traditionnels, a redonné un intérêt aux avantages spécifiques des monoblocs : simplicité de pose, réduction des composants, meilleure compatibilité tissulaire et esthétique supérieure. Ces caractéristiques apportent des bénéfices à tous les niveaux de la chaîne de soins, que ce soit pour les patients, les prothésistes, les praticiens et les chirurgiens.
Avec l’évolution des designs et l’amélioration des profils supra-gingivaux, les implants en zircone monoblocs ouvrent des perspectives vers une nouvelle norme en implantologie. Leur stabilité, leur esthétisme et leur biocompatibilité en font une solution qui se rapproche de l’« implant idéal » - un implant durable, harmonieux et rassurant, offrant aux patients et aux praticiens une tranquillité d’esprit sans égale. La zircone monobloc se positionne ainsi comme une option de choix pour l’avenir de l’implantologie, combinant à la fois performance et esthétisme pour une dentisterie moderne et personnalisée.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.