Clinic n° 06 du 01/06/2024

 

Éditorial

Brenda MERTENS  

Un numéro spécial vraiment dans l’air du temps… Un numéro rassemblant les experts nationaux et internationaux sur le sujet des atteintes péri-implantaires, réels défis de notre profession…

Un peu d’histoire pour commencer et pour mieux comprendre. Dans les années 1950, le Dr Per Ingvar Brånemark découvre la biocompatibilité du titane avec le corps humain puis, en 1965, il implante, avec son équipe, le premier patient. En 1969, il introduit pour la première fois le...


Un numéro spécial vraiment dans l’air du temps… Un numéro rassemblant les experts nationaux et internationaux sur le sujet des atteintes péri-implantaires, réels défis de notre profession…

Un peu d’histoire pour commencer et pour mieux comprendre. Dans les années 1950, le Dr Per Ingvar Brånemark découvre la biocompatibilité du titane avec le corps humain puis, en 1965, il implante, avec son équipe, le premier patient. En 1969, il introduit pour la première fois le terme « ostéointégration » et les années qui suivent sont consacrées à la mise en place d’un protocole chirurgical fiable. En 1982, les Suédois sont invités à présenter leurs travaux en Amérique du Nord. C’est la fameuse Conférence de Toronto qui lance la diffusion mondiale des implants ostéointégrés ; les premiers implants sont alors posés en France. Pendant les années de développement des implants dentaires et de l’optimisation de l’ostéointégration dans les années 80-90, le terme « péri-implantite » apparaît pour la première fois dans la littérature, plus précisément en 1987 dans une étude de Mombelli et al. L’implant dentaire, ce nouveau moyen thérapeutique, est extraordinaire, mais il est alors déjà clair que les infections ne l’épargnent pas plus qu’elles n’épargnent les dents naturelles.

De multiples définitions des pathologies péri-implantaires sont alors proposées au fil des années par différentes équipes à travers le monde, jusqu’au consensus du World Workshop de l’American Academy of Periodontology (AAP) et de l’European Federation of Periodontology (EFP) organisé à Chicago en 2017.

Depuis, les publications scientifiques s’enchaînent et plus de 2 500 sont dénombrées sur les sur les cinq dernières années, publications incluant les recommandations cliniques qui ont suivi le Workshop de l’EFP en 2022, le rapport de consensus de l’European Association for Osseointegration (EAO) de 2021 ou encore son « Paper Statement » en 2024.

Le monde scientifique se demande comment éviter les atteintes péri-implantaires, comment faire pour toujours espérer que les implants puissent durer toute une vie, comment diagnostiquer au plus tôt, comment les traiter. Ces complications sont-elles le fruit des erreurs des praticiens ? Une meilleure gestion des tissus mous péri-implantaires limiterait-elle la survenue des atteintes péri-implantaires ? De nouveaux matériaux comme la zircone constitueraient-ils une réponse possible ?

Dans ce numéro, nous avons la chance inouïe de réunir des auteurs nationaux et internationaux, experts dans la thématique, qui, tous, ont pris le temps de répondre à toutes les questions pour nous donner ainsi un guide clinique et scientifique complet selon les dernières données acquises de la science. J’aimerais remercier chacun d’entre eux personnellement d’avoir accepté de partager ses connaissances, sa passion, d’avoir immédiatement répondu présent malgré des agendas qui, à première vue, ne le permettaient pas. Un grand merci à tous ceux qui m’ont fait part de leur réelle amitié en me soutenant dans la coordination de cette édition. Merci Sofia, Mia Alberto, Marc et Nathalie sans qui le contenu n’aurait pas pu prendre la forme de mon rêve, celle d’un numéro thématique de référence française sur les atteintes péri-implantaires. Merci François qui a su le sublimer grâce à son talent, sa passion et beaucoup de temps…

Mais tout n’est-il pas une question de temps ?

Prendre le temps pour s’adonner à sa passion, pour réfléchir à un projet, illustrer, corriger, penser chaque coup de crayon réel ou virtuel…

Prendre le temps d’expliquer au patient sa pathologie, de relever les facteurs de risque, de réaliser la prévention primordiale puis les planifications, le traitement… De bien diagnostiquer et mettre en œuvre les thérapeutiques de soutien…

Prendre le temps de lire, d’apprendre, d’acquérir les dernières données de la science, de respecter la courbe d’apprentissage, d’essayer de comprendre chaque individu, chaque biologie, chaque cicatrisation… Un temps qu’on maîtrise… ou pas.

Le temps… Un ami ou un ennemi qui nous préserve ou nous conduit finalement vers le défi de notre profession… Les atteintes péri-implantaires…

En tant que parodontiste, on ne peut s’empêcher de rêver et de se dire que le meilleur implant restera pour toujours la dent, et espérer que les équipes scientifiques parviendront un jour à faire repousser les dents, que nous pourrions ensuite implanter ou transplanter…

Mais patience ! « Le temps est sage, il révèle tout » (Thalès).

Très belle lecture à chacun d’entre vous !