Clinic n° 12 du 01/12/2023

 

Dossier

Olivier FROMENTIN  

Mi-octobre 2023, choisir quelques mots attractifs pour introduire un dossier de CLINIC Update en implantologie quand l’indicible est encore trop verbeux pour décrire l’inhumanité et la bestialité des évènements qui se déroulent autours de nous est une gageure de taille.

Je pense douloureusement à cette peinture d’Edvard Munch, Le Cri, où l’effroi et la mort résonnent de la toile qui montre le silence glaçant de l’homme pétrifié devant un monde de sang et de...


Mi-octobre 2023, choisir quelques mots attractifs pour introduire un dossier de CLINIC Update en implantologie quand l’indicible est encore trop verbeux pour décrire l’inhumanité et la bestialité des évènements qui se déroulent autours de nous est une gageure de taille.

Je pense douloureusement à cette peinture d’Edvard Munch, Le Cri, où l’effroi et la mort résonnent de la toile qui montre le silence glaçant de l’homme pétrifié devant un monde de sang et de souffrances.

Pour ne pas sombrer dans un abattement improductif, je convoque mon philosophe suisse préféré S. Eicher (pardon pour cette légèreté…) pour qu’il me répète à l’envie « … les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent… » et ces mots qui dansent dans la musique me transportent vers une idée moins morose. J’entendais ce matin à la radio une journaliste gloser malicieusement sur le terme de provinces remplacé insidieusement dans le langage médiatique par celui de territoires, considéré comme moins discriminatoire vis-à vis de nos compatriotes vivant hors des grandes métropoles. Par esprit d’escalier, je souriais intérieurement au devenir du mot paradigme, proche des oubliettes alors qu’il régnait en maître dans la lexicologie récente ou le diktat du nouveau paradigme était un enjeu de santé lexicale publique…

Les exemples sont nombreux de termes nouveaux qui traversent notre langage commun, partagés avec plus ou moins de popularité, puis disparaissent remplacés par d’autres plus trendy. Ainsi, le microbiote fréquemment dysbiotique (pardon à mes amis parodontistes…) se popularise pour décrire une flore microbienne relookée et plus récemment encore le terme de disruptif caractérise tout évènement en rupture avec ce qui était l’habitude, la norme ou la méthode précédemment admise.

Loin de moi l’idée de défendre une langue poussiéreuse ou de refuser une quelconque évolution, les échanges avec mes fils me rappellent fréquemment la joie de partager une langue très riche, perméable aux termes étrangers, dont les mots parfois détournés de leur sens premier et souvent malmenés au passage permettent une description subtile des sentiments, de situations nouvelles ou d’expériences personnelles à partager. En ce sens, comprendre les évolutions tant linguistiques que sémantiques, c’est également accepter qu’au-delà de l’habillage de notre langue commune, notre environnement également évolue en profondeur, sans que l’on sache aujourd’hui ce qui restera durablement dans nos interactions de demain. C’est évidemment valable pour notre exercice professionnel qui se transforme et où ce qui brille aujourd’hui peut disparaître demain. Se tenir régulièrement informé est donc indispensable pour comprendre où sont les enjeux réels futurs et évoluer sereinement. Un grand merci donc à ces jeunes confrères inscrits dans nos Diplômes Universitaires Cliniques d’Implantologie de Paris, Rennes, Lyon, Marseille (et ailleurs dans nos beaux territoires…) qui ont participé à la construction de ce moment de partage des connaissances actuelles en implantologie, sans trop de velléités disruptives mais avec curiosité, rigueur et beaucoup de générosité.

Une partie des travaux publiés ici ont été présentés à Garancière Université Paris Cité en juillet dernier lors du Congrès Inter DUs d’implantologie Paris Rennes Lyon qui à cette occasion fêtait sa IXe édition !

Bonne lecture et avec un peu d’avance, je nous souhaite de partager un peu de paix et de fraternité durant les fêtes.

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