Clinic n° 10 du 01/10/2023

 

Obésité et parodontite

Revue de presse

Internationale

Jérôme PETIT  

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’obésité est définie comme un indice de masse corporelle (IMC) > 30 kg/m2 avec une accumulation excessive de graisse corporelle entraînant des risques avérés pour la santé. La prévalence de l’obésité augmente dans le monde entier et est observée dans un tiers de l’ensemble de la population. Plusieurs pathologies inflammatoires chroniques, y compris le diabète sucré de type 2 et les maladies cardiovasculaires sont...


Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’obésité est définie comme un indice de masse corporelle (IMC) > 30 kg/m2 avec une accumulation excessive de graisse corporelle entraînant des risques avérés pour la santé. La prévalence de l’obésité augmente dans le monde entier et est observée dans un tiers de l’ensemble de la population. Plusieurs pathologies inflammatoires chroniques, y compris le diabète sucré de type 2 et les maladies cardiovasculaires sont associées à l’obésité.

De plus, les parodontites présentent une prévalence très élevée et constituent la 5e maladie la plus répandue dans le monde. Plusieurs études ont montré une association entre obésité et maladies parodontales.

OBJECTIFS

Le but de cette revue systématique est de fournir des données récentes sur les liens entre obésité et parodontites.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

La revue systématique de la littérature a été réalisée en suivant les directives PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses). Trois auteurs ont participé, indépendamment, à la recherche électronique à partir de deux bases de données (Embase et PubMed) à l’aide de différents mots-clés. Toutes les études d’observation étaient admissibles à l’inclusion. L’échelle Newcastle-Ottawa a été utilisée pour réaliser l’analyse des biais.

Des analyses ont été réalisées en sous-groupe selon l’âge des patients et selon les pays.

RÉSULTATS

Parmi les 995 articles, 37 publiés entre 2010 et 2022 remplissaient les critères d’inclusion.

Les données relevées ont permis de montrer que l’obésité augmenterait le risque de présenter une maladie parodontale (1,35 ; IC 95 % : 1,05-1,75). Pour l’analyse selon l’âge, le risque est plus élevé chez les 18-34 ans (2,21 ; IC 95 % : 1,26-3,89). Pour l’analyse selon les zones géographiques, les pays européens présentent le risque le plus élevé (2,46 ; IC 95 % : 1,11-5,46).

Concernant l’analyse des biais, 21 études ont été évaluées comme « très bonnes », 14 comme « bonnes » et 2 comme « limites ».

CONCLUSION

Une association positive entre obésité et parodontites a été prouvée quels que soient le pays et/ou l’âge. Ainsi, chaque professionnel de santé devrait essayer de prévenir les maladies parodontales en contrôlant le poids, l’IMC, les habitudes alimentaires et le rythme de vie de chaque patient.

PERTINENCE CLINIQUE

Justification scientifique de l’étude. Une méta-analyse précédente menée en 2014 a signalé une association positive entre les deux pathologies : obésité et parodontites. Il a été jugé nécessaire de mettre à jour les articles récemment publiés et d’analyser différentes variables cliniques qui pourraient affecter cette association.

Principales conclusions. Cette revue systématique et méta-analyse a fourni des preuves solides à l’appui de l’association positive entre l’obésité et la parodontite. En effet, 17 études ont montré une augmentation significative de la présence de parodontites dans le groupe de l’obésité. Les parodontites sont fortement affectées par l’obésité. Un risque plus important est montré chez une grande proportion de jeunes :

- 18-34 ans : OR = 2,21 (IC 95 % : 1,26-3,89) ;

- 35-54 ans : OR = 1,53 (IC 95 % : 1,17-2,00) ;

- 55 ans et plus : OR = 1,82 (IC 95 % : 1,16-2,3).

Implications pratiques. L’obésité est une pathologie complexe, multifactorielle, à prendre en considération dans la prise en charge pluridisciplinaire de nos patients. Une attention particulière doit être réalisée lors de l’anamnèse concernant le poids et la taille des patients (indice IMC) ainsi que leurs habitudes alimentaires afin de les orienter, si nécessaire. Ces données doivent être recherchées également chez les plus jeunes du fait de l’augmentation du risque.