L’ORTHODONTIE PAR ALIGNEURS HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Orthodontie
Spécialiste qualifié en Orthodontie, Sanary-sur-Mer et Toulon.
En 1945, Kesling débute l’orthodontie par aligneurs [1] : « Les mouvements dentaires majeurs pourraient être accomplis avec une série de positionneurs, en changeant légèrement la position des dents au fur et à mesure que le traitement progresse » (figure 1).
En 1945, Kesling débute l’orthodontie par aligneurs [1] : « Les mouvements dentaires majeurs pourraient être accomplis avec une série de positionneurs, en changeant légèrement la position des dents au fur et à mesure que le traitement progresse » (figure 1).
En 1993, l’orthodontiste américain Sheridan [2] développe son propre système d’alignement, Essix, qui contribue à démocratiser cette technologie de gouttières transparentes en Amérique du Nord. Il réalise toute une série de moulages en plâtre, puis thermoforme des plaques par-dessus avec pour objectif de déplacer progressivement les dents.
C’est en 1997 que deux étudiants de Stanford, Zia Chishti et Kelsey Wirth, créent ce qui deviendra Invisalign® [3] (figure 2). Chishti est un patient en cours de traitement d’orthodontie lorsqu’il a une idée. Il porte un dispositif de contention dans le cadre de son traitement et se rend compte qu’une telle approche peut probablement être informatisée et utilisée pour déplacer les dents.
Il fait équipe avec Wirth et cherche des développeurs. Ils s’associent alors avec Apostolos Lerios et Brian Freyburger et fondent Align Technology. Leurs premiers investisseurs viennent de Kleiner Perkins Caufield et, comme une autre célèbre start up, ils commencent à développer leur produit dans un garage de Menlo Park, en Californie.
De nombreuses sociétés se développent dans la foulée avec des technologies similaires et les technologies numériques dentaires de conception, simulation et fabrication ne cessent de progresser ces dernières années. La dernière évolution permet depuis 2019 d’imprimer directement une série de gouttières en 3D avec une résine à mémoire de forme [4] mais son efficacité reste à prouver (figure 3).
Les premières recommandations prônaient un changement de gouttières tous les 14 jours avec un contrôle mensuel, afin de vérifier l’adaptation des gouttières et le bon déroulement du traitement.
Progressivement, grâce à l’amélioration des protocoles cliniques et aux différents systèmes d’accélération, la durée de port d’aligneurs a été réduite et les rendez-vous de contrôle sont désormais plus espacés. Il est également possible d’intégrer un suivi virtuel entre les rendez-vous.
La société Dental monitoring a créé un système fondé sur l’intelligence artificielle qui permet grâce à des algorithmes de vérifier l’adaptation des gouttières, d’envoyer des notifications automatiques aux patients [5] et de générer des fichier STL contractuels à partir de photos envoyées par les patients « smart STL » (figure 4).
Align Technology a développé une chaîne numérique complète à la disposition des praticiens afin d’accompagner les patients pendant tout le traitement (figure 5) :
– l’outil Smile View permet aux patients de simuler le sourire potentiel d’une fin de traitement sur leur smartphone ;
– pour le diagnostic : le simulateur du résultat Outcome Simulator et le ClinCheck permettent de simuler le plan de traitement et le résultat final ;
– concernant le suivi de traitement : Virtual Care permet un suivi virtuel à partir de photos envoyées par le patient qui reçoit alors des notifications automatiques selon les photos envoyées ;
– enfin pour la contention : Time Lapse permet de superposer les scans pour vérifier la stabilité de résultat.
Grâce à la nouvelle technologie et à l’optimisation de la biomécanique appliquée aux traitements d’orthodontie par aligneurs, l’orthodontiste aujourd’hui est en mesure de traiter la majorité des malocclusions par aligneurs avec éventuellement l’aide d’auxiliaires [6].
Grâce à la base de données des cas traités, les sociétés commerciales disposent d’informations très précises de la prédictibilité des traitements et mettent à disposition des indicateurs de prédictibilité pour nous orienter vers l’utilisation des auxiliaires.
À propos de demain, quel est l’avenir de l’orthodontie par aligneurs ?
• Au niveau patient : améliorer l’observance de patients par un système de tracker intégré qui communique avec le praticien et le patient concernant la durée du port des gouttières.
• Au niveau suivi :
– diminuer le nombre de rendez-vous physiques tout en conservant la qualité du traitement grâce au suivi virtuel guidé par l’IA ;
– avoir un changement de gouttière dynamique fondé sur le déplacement dentaire réel obtenu.
• Au niveau clinique :
– améliorer la composition des aligneurs en utilisant des gouttières avec mémoire de forme ;
– repousser les limites cliniques par des systèmes hybrides en intégrant des mini-vis ou même des auxiliaires métalliques sur mesure imprimés en 3D [7] ;
– simplifier le système d’acquisition des empreintes 3D et les faire réaliser par les patients directement.
• Au niveau logistique :
– diminuer les délais entre le jour de consultation et le début du traitement pour permettre aux patients de recevoir les gouttières le plus tôt possible avec une motivation maximum ;
– avoir des laboratoires à proximité ou même des imprimantes 3D mises à disposition pour les sociétés commerciales qui permettent d’imprimer les gouttières au fur et au mesure pour les patients.
À ce jour et malgré l’évolution technologique et commerciale, la précision moyenne de l’orthodontie par aligneurs est de 50 % [8]. Elle se limite à 5-10 % de l’orthodontie globale.
Les contraintes cliniques, logistiques et financières limitent encore sa progression mais la marge de progression est énorme et il reste beaucoup à faire dans ce domaine.
L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec Invisalign® mais déclare que le contenu de cet article ne présente aucun conflit d’intérêts.