Résultats cliniques des implants dentaires tissue level à surface modifiée par sablage et mordançage acide chez les patients avec et sans antécédents de parodontite Une étude prospective sur 20 ans
Revue de presse
Internationale
Présenter les résultats cliniques sur 20 ans des implants tissue level à surface modifiée par sablage et mordançage acide chez des patients édentés partiels préalablement traités pour une parodontite et chez des patients parodontalement sains.
La population incluse était constituée d’une série consécutive de 149 patients édentés partiels dans un cabinet privé spécialisé, divisés en 3 groupes en additionnant le...
Présenter les résultats cliniques sur 20 ans des implants tissue level à surface modifiée par sablage et mordançage acide chez des patients édentés partiels préalablement traités pour une parodontite et chez des patients parodontalement sains.
La population incluse était constituée d’une série consécutive de 149 patients édentés partiels dans un cabinet privé spécialisé, divisés en 3 groupes en additionnant le nombre de poches comprises entre 5 et 7 mm et 8 mm ou plus (multiplié par 2) avec une valeur seuil de 25 : patients parodontalement sains, patients modérément parodontalement compromis (≤ 25) et patients sévèrement parodontalement compromis (> 25). Après avoir suivi avec succès une thérapie parodontale/implantaire, les patients ont suivi un programme individualisé de thérapeutique parodontale de soutien. Les auteurs ont inclus les patients présentant un indice de plaque ou de saignement inférieur ou égal à 15 %. Certains patients ont été d’emblée exclus, parmi lesquels entre autres les patients présentant une maladie systémique non contrôlée, des addictions ou une parodontite anciennement qualifiée d’agressive.
Quatre-vingt-quatre patients réhabilités avec 172 implants ont pu être examinés à 20 ans. Pendant la période d’observation, 12 implants ont été retirés (11 en raison de complications biologiques et 1 pour fracture de l’implant), ce qui a conduit à un taux de survie globale des implants de 93 % sans différence significative parmi les 3 groupes d’étude. Au bout de 20 ans, aucune différence significative n’a été mise en évidence dans les taux de survie dans les 3 groupes lorsqu’ils adhéraient à la thérapeutique de soutien. Dans le cas contraire, la perte d’implant était significativement plus élevée chez patients parodontalement compromis avec un odds ratio de 14,59 (1,30-164,29, p = 0,03).
La présence d’un antécédent de parodontite représente un point clé dans la prise en charge implantaire si l’on considère qu’elle est à la fois une cause majeure d’édentements et un facteur de risque de complications, voire de perte implantaire. Cette étude s’inscrit dans la continuité d’une précédente étude faite par les mêmes auteurs en 2014 présentant les résultats de suivi à 10 ans. Elle est a priori la première étude prospective rapportant les résultats à 20 ans d’un traitement implantaire réalisé sur un nombre relativement important de patients, dans le cadre d’un suivi privé en parodontologie. Les conclusions de cette dernière sont tout à fait cohérentes avec celles réalisées sur le long terme par Axelsson et al. (2004) concernant le suivi parodontal et par Pjetursson et al. (2012) associant un programme de suivi adapté à une réduction de l’incidence de la péri-implantite. Accessoirement, le taux de péri-implantites ne semble pas différer lors d’un suivi universitaire (Mir-Mari et al., 2012) et le taux de perdus de vue est comparable à ceux d’autres observations en suivi privé spécialisé (Cardaropoli et Gaveglio, 2012).
Bien que le taux de retrait d’implants rapporté sur 20 ans dans la population suivie soit faible, près d’un quart des patients sans antécédents de maladie parodontale et environ la moitié des patients présentant une situation parodontalement compromise ont nécessité à un moment un traitement complémentaire médicamenteux, chirurgical ou non. Ainsi le traitement implantaire n’est pas « définitif » mais s’inscrit dans une prise en charge globale à long terme incluant un suivi réactif. Les auteurs soulignent plusieurs limites, notamment le taux de perdus de vue (environ un tiers des participants) qui ne semble pas être à l’origine d’un biais d’attrition mais pourrait causer une perte de puissance statistique. La classification des patients a été réalisée arbitrairement, en amont de la classification actuelle de Chicago. Deux questions restent en suspens : la généralisation de ces observations réalisées de façon monocentrique ainsi que l’impact du type de surface implantaire et des protocoles chirurgicaux sur le succès à long terme.
Les implants tissue level placés après une thérapie parodontale complète puis de soutien donnent des résultats favorables à long terme. Cependant, les patients ayant des antécédents de parodontite et n’adhérant pas à la thérapeutique de suivi ont un risque plus élevé de complications biologiques et de perte d’implant.
• Justification scientifique de l’étude. Il n’existe que peu de données à long terme sur les implants chez les patients atteints de parodontite. Cette étude présente les résultats cliniques à 20 ans des implants posés chez des patients ayant des antécédents de parodontite par rapport à des patients sains.
• Principales conclusions. Le suivi thérapeutique parodontal, en particulier chez les patients ayant des antécédents de parodontite, a été fondamental pour obtenir une survie élevée à long terme (c’est-à-dire 20 ans) des implants et des dents. Il s’inscrit dans une prise en charge globale à long terme.
• Implications pratiques. Les patients ayant besoin d’une réhabilitation par implants dentaires doivent être correctement informés avant le traitement que les risques de perte de l’implant augmentent considérablement en cas d’antécédents de parodontite et de manque de respect de la thérapeutique de suivi parodontale. Ce suivi peut impliquer des thérapeutiques complémentaires, médicamenteuses, chirurgicales ou non chirurgicales pour obtenir des résultats satisfaisants sur le long terme.
LA REVUE DE PRESSE EST COORDONNÉE PAR
Philippe FRANCOIS
MCU-PH en Biomatériaux, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université Paris Cité, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau
Ont collaboré à cette revue de presse
Sébastien JUNGO
AHU en Parodontologie, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université Paris Cité, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau
Martin GAUDINAT
Interne DESCO, UFR d’Odontologie-Garancière, Université Paris Cité, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Matthieu MOULINIER
Exercice libéral limité à la Chirurgie orale, Ermont