Reconstruction de défaut péri-implantaires Résultats à 3 et 5 ans - Clinic n° 02 du 01/02/2023
 

Clinic n° 02 du 01/02/2023

 

Revue de presse

Internationale

Martin GAUDINAT  

La péri-implantite est une affection fréquente, de traitement compliqué et mal codifié. Un débridement chirurgical est souvent pratiqué, parfois associé à un apport osseux. Plusieurs matériaux de greffe de membranes et quelques antibiotiques ont été tentés selon différentes combinaisons. Cette étude avait pour objectif de d’évaluer l’efficacité à long terme (5 ans) d’une reconstruction de défauts osseux péri-implantaires en comparant l’utilisation d’une greffe...


La péri-implantite est une affection fréquente, de traitement compliqué et mal codifié. Un débridement chirurgical est souvent pratiqué, parfois associé à un apport osseux. Plusieurs matériaux de greffe de membranes et quelques antibiotiques ont été tentés selon différentes combinaisons. Cette étude avait pour objectif de d’évaluer l’efficacité à long terme (5 ans) d’une reconstruction de défauts osseux péri-implantaires en comparant l’utilisation d’une greffe autologue à celle d’une xénogreffe d’origine bovine. Les reconstructions étaient recouvertes d’une membrane résorbable. Les patients étaient suivis trimestriellement.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Cette étude monocentrique a regroupé 45 patients à Uppsala en Suède entre 2007 et 2011.

Les critères d’inclusion sont les suivants :

– au minimum 1 implant ostéo-intégré avec des signes visibles de perte osseuse ≥ 2 mm entre le moment de la mise en charge et celui de l’inclusion dans l’étude ;

– présence d’une poche ≥ 5 mm au sondage associée à un saignement ou une suppuration ;

– perte osseuse péri-implantaire angulaire ≥ 3 mm en profondeur déterminée à partir d’une radiographie numérique intra-buccale.

Les patients étaient répartis entre les groupes autogène (n = 22) ou xénogène (n = 23) de manière randomisée, le praticien étant en aveugle du matériau utilisé.

Plusieurs données cliniques ont été collectées pour suivre l’évolution des patients enrôlés : index de plaque local/global, profondeur de poche, saignement au sondage et suppuration. Les patients recevaient tous une prise en charge parodontale avec assainissement et débridement des implants en péri-implantite préalablement à la reconstruction. Les réhabilitations étaient systématiquement déposées avant traitement. La mesure de profondeur de poche était réalisée à ce moment, depuis la plateforme implantaire jusqu’à la zone la plus apicale du défect. Des radiographies intra-orales standardisées ont été utilisées pour surveiller les variations de niveaux osseux dans le temps. Le critère de jugement principal était les variations de profondeur des poches cliniques. Le critère de jugement secondaire définissait le gain osseux et le succès du traitement à la cinquième année : absence de perte osseuse radiographique, absence de signes cliniques, absence de profondeur de poche > 5 mm, saignement au sondage implantaire sur une face maximum.

RÉSULTATS

Dans le groupe autogène, la réduction de profondeur de poche était de 1,6 mm à 3 ans et de 1,7 mm à 5 ans. La moyenne du niveau osseux radiographique était une perte de 0,2 mm à 3 ans et de 0,7 mm à 5 ans. Dans le groupe xénogène, la réduction de profondeur de poche était de 3 mm à 3 ans et de 2,8 mm à 5 ans. La moyenne du niveau osseux radiographique était un gain de 1,6 mm à 3 et 5 ans. La réduction de profondeur de poche était plus significative dans le groupe xénogène que dans le groupe autogène. Les statistiques concernant les mesures radiographiques suggèrent une perte osseuse continue dans le groupe autogène à la différence du groupe xénogène. Le critère de jugement secondaire était obtenu dans 36 % du groupe autogène et 78,3 % du groupe xénogène.

DISCUSSION ET PERTINENCE CLINIQUE

Cette étude retrouve une réduction de profondeur de poche plus importante dans le bras xénogène que dans celui autogène. Les auteurs rapportent un gain osseux progressant dans le temps dans le groupe xénogène versus un gain puis une perte dans le groupe autogène, suggérant une résorption du matériau autogène au cours du remodelage osseux. Ils supposent que la réduction de profondeur de poche initiale du groupe autogène peut être expliquée par la rétraction des tissus mous. Ces résultats sont à pondérer en raison d’un nombre de perdus de vue important dans le groupe autogène (28 %).

Plusieurs critiques sont à émettre au sujet de cette étude :

– un critère de jugement principal tel que la perte d’implant aurait été intéressant dans le contexte de péri-implantite et sur une durée de suivi aussi longue ;

– il aurait également fallu enrôler plus de patients en multicentrique pour renforcer cette étude ;

– l’analyse radiographique est fondée sur un examen en 2D (rétro-alvéolaire) alors que les défauts osseux ont des nombres de parois variables, ce qui rend l’interprétation moins précise ;

– il n’existe pas de précision quant à une réhabilitation vissée ou scellée, des implants unitaires ou pluraux, les designs implantaires.