Clinic n° 02 du 01/02/2023

 

Revue de presse

Internationale

Matthieu MOULINIER  

Lors d’un édentement maxillaire postérieur, un manque d’os est fréquemment rencontré. La greffe de sinus par voie latérale ou crestale est largement répandue pour traiter ces défauts osseux verticaux. Le critère de choix entre ces deux techniques repose sur la hauteur osseuse résiduelle (RBH), calculée comme la distance entre le plancher sinusien et la crête osseuse. Le consensus de la conférence de Boston (1996) ainsi que les classifications ultérieures ont suggéré une...


Lors d’un édentement maxillaire postérieur, un manque d’os est fréquemment rencontré. La greffe de sinus par voie latérale ou crestale est largement répandue pour traiter ces défauts osseux verticaux. Le critère de choix entre ces deux techniques repose sur la hauteur osseuse résiduelle (RBH), calculée comme la distance entre le plancher sinusien et la crête osseuse. Le consensus de la conférence de Boston (1996) ainsi que les classifications ultérieures ont suggéré une approche trans-crestale pour une RBH > 5 mm et une approche par voie latérale pour une RBH ≤ 5 mm. Au cours de cette dernière décennie, les indications cliniques ont évolué en faveur d’une approche minimalement invasive dans tous les domaines du dentaire. Ainsi, la technique par voie trans-crestale en cas de RBH ≤ 5 m a été proposée. Le but de cette étude rétrospective a été d’analyser l’influence possible de différents facteurs sur l’échec précoce et les complications per ou post-opératoires.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Cette étude multicentrique rétrospective a été réalisée sur des dossiers cliniques et radiographiques anonymisés de patients ayant subi une élévation du sinus par voie crestale dans sept cabinets privés italiens entre 2000 et 2020. L’influence de différents facteurs liés au patient (âge, antécédents médicaux, tabac) a été étudiée de même que l’influence de l’anatomie du sinus (présence de septa d’Underwood et largeur du sinus). La largeur bucco-palatine des sinus (SW) a été mesurée par CBCT. Ils ont été classés comme étroits si SW ≤ 12 mm et larges si SW > 12 mm. Enfin, l’influence de la technique chirurgicale (allogreffe, xénogreffe, taille des particules…) sur les complications per-opératoires et le taux d’échec précoce a été étudiée.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

L’analyse a inclus 430 patients traités par élévation trans-crestale du plancher sinusien avant la mise en place d’un implant avec un RBH ≤ 5 mm. Après 1 an de mise en charge, 418 implants étaient fonctionnels. Un échec implantaire précoce a été retrouvé sur 12 implants (2,8 %). Le gain osseux moyen vertical retrouvé à 6 mois était de 5,4 ± 2,9 mm. La complication opératoire la plus fréquemment retrouvée était la perforation de la membrane sinusienne : 2 perforations sont survenues sur 176 sinus étroits (incidence de 1,1 %) et 26 perforations sur 161 sinus larges (incidence de 16,1 %). D’autres complications moins fréquentes telles qu’une sinusite aiguë (0,9 %), un déplacement de l’implant dans le sinus (0,7 %) ou des vertiges paroxystiques bénins (0,5 %) ont été retrouvées. Une forte corrélation directe entre la perforation de la membrane sinusienne et la largeur du sinus bucco-palatin (p = 0,000) a été démontrée.

PERTINENCE CLINIQUE

Cette étude rétrospective valide une approche micro-invasive pour les greffes de sinus en élargissant l’indication de la technique par voie crestale pour des RBH ≤ 5 mm, surtout lorsque le sinus est étroit. Il est intéressant de remarquer que le risque de perforation de la membrane par voie crestale est plus important lorsque le sinus est large, ce qui est l’inverse de la technique de greffe par voie latérale. Il faut néanmoins garder à l’esprit que, dans cette étude multicentrique, le nombre de perforations de la membrane par élévation trans-crestale a peutêtre été sous-estimé car non détecté par les praticiens.