RADIOLOGIE DENTAIRE : LES RÉGLEMENTATIONS APPLICABLES EN CABINET
Réglementation
MCU-PH, Faculté de Lille.
Les réglementations applicables en France ont des origines extranationales. Les grands principes de la radioprotection émanent de propositions faites par le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR). Son rôle est d’évaluer les études scientifiques publiées sur la protection contre les rayonnements ionisants. Les rapports de l’UNSCEAR, publiés...
La radiologie dentaire, qui implique le respect de la radioprotection, doit obéir à un ensemble de réglementations qui sont difficiles à appréhender car elles sont très nombreuses et semblent parfois redondantes. Elles ont toutes comme base l’utilisation des rayonnements ionisants mais s’intéressent à de nombreux domaines : le matériel utilisé, l’installation de celui-ci dans les locaux, la protection des patients, des travailleurs ou du public… Cet article présente de façon concise et structurée les différents aspects des réglementations relatives à l’utilisation des rayons X applicables en cabinet dentaire.
Les réglementations applicables en France ont des origines extranationales. Les grands principes de la radioprotection émanent de propositions faites par le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR). Son rôle est d’évaluer les études scientifiques publiées sur la protection contre les rayonnements ionisants. Les rapports de l’UNSCEAR, publiés tous les 4 ou 5 ans, constituent la somme exhaustive de milliers de références bibliographiques. Ils servent de base aux travaux de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Cette commission édite des recommandations en matière de radioprotection (incitatives, mais non obligatoires) dont l’Union européenne s’est directement inspirée pour rédiger la directive 2013/59/Euratom fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants. Les décrets et arrêtés qui assurent la transposition de la directive européenne fixent les grandes lignes des réglementations françaises en modifiant profondément le code du travail et le code de la santé publique [1]. Ces deux codes sont les principales sources des réglementations françaises.
La radioprotection concerne trois populations exposées aux rayonnements ionisants : les travailleurs, les patients et le public. Sa déclinaison est différente en fonction de la population concernée.
La CIPR fait reposer son système de radioprotection sur 3 principes non hiérarchisés.
• La justification : l’utilisation de rayonnements ionisants doit être justifiée par les avantages qu’ils procurent par rapport aux dommages sanitaires qu’ils sont susceptibles de provoquer. En imagerie dentaire, c’est la nécessité médicale de l’acte qui conditionne la justification.
• L’optimisation : toutes les expositions doivent être maintenues au niveau le plus faible raisonnablement possible. Ce principe est à mettre en œuvre une fois la justification établie.
• La limitation des doses : la somme des doses reçues par une même personne ne doit pas dépasser les limites réglementaires.
Le principe ALARA (pour As Low As Reasonnably Achievable, soit exposition aussi basse que raisonnablement possible) est un pilier de la radioprotection. Il englobe la justification et l’optimisation. Poussé à l’extrême, ce principe peut compromettre le diagnostic et donc la prise en charge des patients. En effet, une optimisation excessive, donc une réduction trop poussée des doses, peut fortement dégrader la qualité des images obtenues. C’est pourquoi le principe ALADA (As Low As Diagnostically Acceptable), qui consiste à minimiser l’exposition du patient sans nuire à la qualité diagnostique de l’image, est plus adapté. Depuis 2014, ce principe est à privilégier d’après la Fédération dentaire internationale (FDI) [2].
La plupart du temps, le chirurgien-dentiste, professionnel de santé, est également l’employeur. Il cumule donc les responsabilités. Comme professionnel de santé, c’est actuellement la seule personne ayant la possibilité de réaliser des radiographies. Il doit donc assurer la radioprotection des patients, suivre des formations obligatoires… [3].
En tant qu’employeur, il est entre autres responsable de la bonne installation et de la déclaration des générateurs, de la délimitation des zones, du classement et de la formation des travailleurs, de la désignation d’un conseiller en radioprotection…
C’est donc sur le chirurgien-dentiste que reposent toutes les obligations réglementaires. Il est responsable du respect des réglementations concernant les patients, l’installation et les travailleurs et peut être condamné en cas de manquement même s’il délègue une partie des tâches qui s’y rapportent.
Très souvent, c’est une personne morale dénommée Organisme compétent en radioprotection (OCR). Le personnel de l’OCR qui vient au cabinet remplace alors la personne compétente en radioprotection (PCR) externe qui n’existe plus [4]. Il gère uniquement la radioprotection des travailleurs sous la responsabilité du chirurgien-dentiste.
Certains cabinets préfèrent recourir à une PCR interne qui peut être le chirurgien-dentiste lui-même ou une autre personne du cabinet comme une assistante dentaire. La simplification de la réglementation rend cette solution de plus en plus facile à mettre en œuvre. La durée de la formation a été réduite. Les démarches sont moins nombreuses et la plupart d’entre elles ne sont plus à renouveler régulièrement. En outre, cela permet de connaître les responsabilités du chirurgien-dentiste et de choisir ou non de les déléguer en toute connaissance de cause.
Les risques en relation avec les rayonnements ionisants sont quasiment inexistants en cabinet alors que la radioprotection accapare beaucoup de moyens humains et financiers. Cela se fait aux dépens de la prévention générale des risques qui débute par la rédaction et la mise à jour du Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Comme cela doit être fait en collaboration avec tout le personnel du cabinet, l’assistante dentaire doit servir d’appui à l’employeur pour la gestion de la santé et de la sécurité au travail en étant désignée « salarié compétent ». Cette désignation est une obligation de l’employeur depuis 2012 qui ne devrait pas être difficile à respecter car le code de la santé publique précise que la « contribution à l’évaluation des risques professionnels au travail » fait partie des activités des assistantes dentaires.
Les futures assistantes dentaires de niveau 2 pourront réaliser des radiographies intrabuccales et panoramiques, ce que ne peuvent pas faire les assistantes dentaires actuellement (encadré 1).
Conformément aux principes de radioprotection (justification, optimisation et limitation) et au code du travail, il convient de protéger les travailleurs des rayonnements ionisants en installant les générateurs selon la réglementation en vigueur et en évaluant leurs risques d’exposition (dose reçue) de façon régulière.
Le travailleur exposé est tenu d’utiliser les protections individuelles et collectives fournies par l’employeur. Ce personnel est également tenu de porter les moyens de surveillance (dosimètre passif le cas échéant) [3].
Les générateurs de rayons X doivent répondre à des exigences quant à leur conception et aux conditions relatives à leur installation. Dans le domaine médical, nos générateurs doivent être pourvus du marquage CE. Les règles techniques minimales de conception auxquelles doivent répondre les locaux dans lesquels sont utilisés des appareils électriques émettant des rayonnements ionisants sont détaillées dans la décision n° 2017-DC-0591 de l’ASN [5]. Pour prouver que l’installation est conforme aux exigences, la conformité à la norme NF C15-160 « Installations pour la production et l’utilisation de rayonnements X – Exigences de radioprotection » n’est pas obligatoire. Il est possible de se baser sur une validation plus simple comme celle décrite dans le dossier de l’ADF « Installations de générateurs de rayonnements ionisants en cabinet dentaire – Validation par une méthode simplifiée » [6].
Ces règles ne sont pas rétroactives donc, en pratique, il n’y a rien à modifier aux installations existantes [3]. Pour les nouvelles installations, l’OCR doit s’impliquer et être en mesure de fournir à l’installateur les éléments lui permettant de réaliser une installation conforme (en particulier concernant la protection des parois).
Le chirurgien-dentiste, responsable de l’activité nucléaire, consigne dans un rapport tous les éléments permettant de montrer le respect des exigences afférentes à la conception de l’installation.
Les vérifications initiales sont mises en œuvre par des organismes accrédités. Elles doivent être réalisées lors de la mise en service d’un équipement ou à l’issue de toute modification importante de l’équipement, des lieux, des méthodes ou des conditions de travail susceptible d’affecter la santé et la sécurité des travailleurs. Les résultats de l’ensemble des différentes vérifications, initiales et périodiques, sont intégrés dans le DUERP [7].
La vérification initiale de l’équipement permet de s’assurer qu’il est installé ou utilisé conformément aux spécifications prévues et qu’il peut être utilisé en sécurité.
La vérification initiale du lieu de travail consiste à réaliser des mesures de dose dans les zones délimitées et les lieux de travail attenants. L’objectif est de vérifier l’adéquation de la délimitation des zones avec le risque d’exposition ainsi que l’absence de dépassement des limites applicables dans les lieux attenants. Cette vérification prend en compte, notamment, les protections mises en place. Ces mesurages sont complétés par une vérification de la présence et du bon fonctionnement des dispositifs de protection existants tels que le système d’arrêt d’urgence.
Les vérifications périodiques visent à s’assurer du maintien en conformité des équipements et des lieux de travail, notamment eu égard aux résultats des dernières vérifications initiales.Elles ont pour but de déceler toute situation susceptible d’altérer l’efficacité des mesures de prévention. L’employeur en établit le programme sur les conseils du CRP et justifie le délai entre deux vérifications périodiques. Elles sont mises en œuvre par le CRP ou sous sa supervision.
Les vérifications des équipements consistent à s’assurer que les appareils et les dispositifs de protection existants (par exemple, système d’arrêt d’urgence) sont en bon état de fonctionnement. Le délai entre deux vérifications ne peut excéder un an.
Les vérifications périodiques des lieux de travail comprennent les mesures de dose dans les zones délimitées et les lieux de travail attenants [7]. Elles peuvent être réalisées à l’aide de dosimètres d’ambiance à changer tous les 3 mois.
Les anciens contrôles externes à réaliser tous les 5 ans n’existant plus, il faut assurer la traçabilité des vérifications périodiques qui sont les seules à prouver la sécurité de fonctionnement de l’installation (encadré 2).
Les zones où les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des doses supérieures à 0,08 mSv/mois (soit 1 mSv/an) pour le corps entier doivent être signalées [8]. Il en est de même pour le générateur, la source d’émission de RX, sur lequel un trisecteur doit être apposé.
La délimitation est mise en œuvre par l’employeur sur proposition du CRP. Dans la majorité des cas, pour les appareils de radiologie endobuccale, une zone surveillée est délimitée. Pour les appareils de radiologie exobuccale, les calculs du CRP aboutissent le plus souvent à une zone contrôlée pendant l’émission de RX. La délimitation est matérialisée par la présence, au niveau de chaque accès, d’un trisecteur de la couleur correspondant à la zone (bleu pour surveillée et vert pour contrôlée) et d’un plan de l’installation sur lequel figurent la zone et sa nature. La délimitation des zones est consignée dans le DU [9, 10].
D’autres documents doivent être à disposition des travailleurs : les consignes générales d’hygiène et sécurité, les règles d’accès aux zones délimitées, les notices d’utilisation des appareils et des protocoles, les noms et coordonnées du CRP, du médecin du travail (service de santé au travail) et de l’agent de contrôle de l’inspection du travail.
L’évaluation individuelle de l’exposition a pour objet de définir les mesures de prévention et fonde notamment le classement des travailleurs en référence aux niveaux de dose réglementaires fixés pour le classement [3].
Cette évaluation est réalisée en tenant compte des conditions de prise des clichés (nombre, présence du travailleur dans la salle ou non…) et des mesures de doses effectuées lors des vérifications. Elle peut ensuite être affinée par les résultats de la surveillance dosimétrique individuelle le cas échéant.
Le classement s’applique à tout travailleur susceptible de dépasser, dans le cadre de son activité professionnelle, l’une des limites de dose fixées pour un travailleur non classé (1 mSv sur 12 mois consécutifs pour le corps entier). Un travailleur est classé en catégorie B si la dose qu’il est susceptible de recevoir est inférieure ou égale à 6 mSv sur 12 mois consécutifs.
Le classement est défini par l’employeur, après avis du médecin du travail. Il est apprécié au préalable avec le CRP selon l’analyse de l’ensemble des expositions potentielles aux rayonnements ionisants de chaque travailleur. Concrètement, les chirurgiens-dentistes et assistantes sont en catégorie B ou non classés et les secrétaires et personnels de ménage sont toujours non classés [9, 10].
L’accès aux zones délimitées est restreint aux travailleurs classés. Mais les travailleurs non classés peuvent accéder en zone surveillée après y avoir été préalablement et individuellement autorisés par l’employeur et avoir reçu une information adaptée (encadré 3).
Les surveillances à mettre en œuvre dépendent du classement. Si le travailleur n’est pas classé, il n’a pas à porter obligatoirement de dosimètre [11]. Au contraire, s’il est classé, il porte un dosimètre à lecture différée (passif) au niveau de la poitrine à changer tous les 3 mois. Le dosimètre permet de prouver le non-dépassement des limites règlementaires.
Tout travailleur classé bénéficie d’un suivi individuel renforcé (SIR). Il est de la responsabilité de l’employeur de s’assurer que les travailleurs bénéficient des examens prévus en santé au travail. La périodicité des examens d’aptitude ne peut être supérieure à 4 ans. Une visite intermédiaire est effectuée par un professionnel de santé (collaborateur médecin, interne en santé au travail, infirmier en santé au travail) au plus tard 2 ans après la visite avec le médecin du travail et donne lieu à la délivrance d’une attestation de suivi. Si le travailleur n’est pas classé, il bénéficie d’un suivi médical standard (hors risque particulier), c’est-à-dire la visite d’information et de prévention (VIP). Celle-ci est renouvelée tous les 5 ans [9, 10].
Une formation à la radioprotection des travailleurs doit être réalisée au moins tous les 3 ans pour former le personnel intervenant dans des zones réglementées aux risques liés aux rayonnements ionisants et aux précautions à prendre pour prévenir ces risques. La formation doit être adaptée au type d’activité et donc de risques auxquels sont soumis les travailleurs [3].
Cette formation à la radioprotection des travailleurs est de la responsabilité de l’employeur. Pour réaliser cette obligation, il peut être assisté du CRP.
La réglementation française, très stricte en matière d’utilisation des rayonnements ionisants, impose aux professionnels de santé d’appliquer rigoureusement les principes de justification et d’optimisation. L’optimisation, indissociable de la qualité de l’image, doit respecter le principe ALADA.
La formation à la radioprotection des patients est dispensée en formation initiale. Mais elle doit être ensuite renouvelée tous les 10 ans. La profession dentaire a rédigé un guide définissant ses modalités et son contenu. Validé en 2018 par l’ASN, il doit être respecté par tous les organismes qui dispensent cette formation [12].
Le fait de suivre cette formation n’autorise pas les assistantes dentaires à réaliser des radiographies.
Pour être autorisés à réaliser des examens cone beam, les utilisateurs de ses appareils doivent suivre une formation validante. Le contenu de celle-ci est défini par des textes européens. L’ASN a souhaité, au vu des enjeux radiologiques de cette technique, que cette formation comporte obligatoirement une partie présentielle [12]. Cette formation n’est pas à renouveler périodiquement.
Certains dispositifs médicaux, dont font partie les générateurs de RX, sont soumis à une obligation de contrôles de qualité. Ces contrôles ne concernent que les examens conventionnels (2D). Néanmoins, les appareils cone beam qui réalisent également des panoramiques sont astreints à ces contrôles pour la modalité 2D. Ces contrôles permettent de vérifier que tous les éléments de la chaîne allant de la prise des radios à leur visualisation fonctionnent correctement.
Une décision de l’ANSM de 2008 définit 3 types de contrôles [13]. Les contrôles internes sont réalisés par un membre du cabinet, qui peut être une assistante dentaire, à l’aide d’une mire (objet-test). Ces contrôles sont à renouveler tous les 3 mois. Les audits des contrôles internes sont effectués par un organisme agréé par l’ANSM tous les ans. Enfin, les contrôles externes sont également effectués par un organisme agréé par l’ANSM, mais tous les 5 ans.
Les niveaux de référence diagnostiques (NRD) concernent les examens les plus courants et/ou les plus irradiants pour lesquels une dose, le NRD, est établie par arrêté. Ils constituent un outil pour l’optimisation de l’exposition des patients aux rayonnements ionisants. Les NRD ne devraient pas être dépassés sans justification pour des procédures courantes.
Les NRD sont des indicateurs dosimétriques de la qualité des pratiques destinés à identifier les situations nécessitant une action correctrice. Le recueil des NRD permet de se situer par rapport aux « bonnes pratiques » et de continuellement s’améliorer.
Dans le domaine dentaire, un seul NRD est fixé par arrêté, celui des radiographies panoramiques. Sa valeur, exprimée en produit dose surface (PDS), est de 150 mGy.cm2. Depuis 2019, la valeur guide diagnostique (VGD) a été ajoutée. C’est la valeur repère à considérer dans une démarche d’optimisation renforcée, par exemple chez les enfants. Sa valeur est de 100 mGy.cm2 [14].
L’IRSN est chargé de recueillir et d’analyser les données nécessaires à la mise à jour périodique des NRD. La valeur du produit dose surface est mesurée lors du contrôle de qualité quinquennal. Elle est comparée à la valeur calculée par l’appareil afin de vérifier la cohérence des NRD calculés.
La valeur mesurée est indiquée dans le rapport remis par l’organisme agréé à la suite du contrôle. Il faut la communiquer à l’IRSN dans l’année qui suit le contrôle [3].
Cependant, la dose délivrée au patient est maintenant souvent visible sur chaque cliché panoramique. Cela permet d’évaluer la qualité de son optimisation en comparant cette dose au NRD ou à la VGD si c’est un enfant.
En France, l’exposition à des fins médicales représente la première source des expositions artificielles de la population aux rayonnements ionisants. Afin de maîtriser les doses délivrées aux patients, de nouvelles exigences en matière d’assurance de la qualité dans le domaine de l’imagerie médicale ont été publiées sous la forme d’une décision de l’ASN [15].
L’objectif est de renforcer la mise en œuvre des deux grands principes de la radioprotection, à savoir : la justification des actes et l’optimisation des doses. Ainsi, la décision de l’ASN n° 2019-DC-0660 précise les procédures, processus et instructions devant nécessairement être mis en place. Cependant, le fonctionnement de chaque établissement étant spécifique, le système qualité mis en place doit être proportionnellement adapté au risque radiologique encouru par les patients et par les travailleurs.
Pour accompagner la profession dans cette démarche, l’ADF a publié un dossier qui détaille la mise en œuvre de l’assurance de la qualité dans les cabinets dentaires [16]. Concrètement, il n’y a rien de réellement nouveau à faire si ce n’est organiser certains documents et tracer certaines procédures normalement déjà existantes.
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
Les missions de Conseiller en radioprotection (CRP) devront être confiées soit à une personne physique – une PCR –, soit à une personne morale – un Organisme compétent en radioprotection (OCR).
La PCR peut être choisie parmi les membres du cabinet dentaire (PCR interne) et doit être titulaire d’une formation de niveau 1 accessible avec un niveau équivalent à un baccalauréat scientifique à partir de 3 jours de formation par un organisme de formation lui-même certifié. L’OCR, qui peut être composé d’une ou de plusieurs personnes, elles-mêmes titulaires d’un certificat PCR de niveau 2 sources scellées et non scellées et module renforcé, devra être certifié. La directive Euratom précise que l’OCR correspond à un expert qui doit être bien formé et être en mesure d’assurer toutes les missions prévues par le code du travail et le code de la santé publique.
Par ailleurs, le code du travail fait obligation à l’employeur de désigner un salarié compétent dont la mission est d’aider l’employeur dans la gestion des risques professionnels et la rédaction du Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) qui est le principal document dans le domaine de la prévention. L’employeur doit assurer, en fonction des risques concernés, la formation du salarié compétent. En pratique, cela peut se faire au travers de formations en ligne proposées gratuitement par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ou les services de santé au travail. Dans les petites structures, le salarié compétent peut être l’employeur. Le praticien employeur ou une assistante peut également suivre une formation PCR de niveau 1 pour être PCR interne du cabinet. Cela est possible dès à présent.
Les contrôles externes de radioprotection deviennent des vérifications initiales réalisées par des organismes accrédités par le Cofrac (Comité français d’accréditation). En attente de l’accréditation de ces organismes d’ici fin 2021, ce sont toujours les organismes agréés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui effectuent ces vérifications en appliquant la décision 175 de l’ASN.
Actuellement, ces organismes viennent tous les 5 ans réaliser des contrôles externes qui ne mettent généralement en évidence aucune modification de la radioprotection. En effet, une fois le générateur correctement installé dans une salle bien conçue, les consignes de sécurité définissant les bonnes pratiques étant conservées, les conditions de radioprotection n’évoluent pas.
La nouvelle organisation tient compte de ce constat et de la nécessité d’une approche graduée en fonction de l’évaluation des risques. Une vérification initiale est obligatoire pour s’assurer du respect des règles d’installation et de la prévention des risques professionnels au début de l’utilisation. Une nouvelle vérification initiale est à effectuer si des modifications sont réalisées sur le générateur ou les locaux. En dehors de ces deux situations, il n’y a plus d’obligation de faire appel à un organisme extérieur pour réaliser des vérifications.
Des vérifications périodiques sont cependant nécessaires au moins une fois par an mais elles peuvent être réalisées ou supervisées par le conseiller en radioprotection (PCR interne ou OCR). Le programme de ces vérifications est établi par l’employeur assisté par son CRP. L’arrêté définissant les modalités de ces vérifications indique clairement que l’utilisation de dosimètres passifs est possible pour déceler une éventuelle dérive (augmentation des doses délivrées par le générateur par exemple). Elles peuvent donc être très simples à réaliser par la PCR de niveau 1 pour des installations avec des enjeux modérés de radioprotection et ne demandent pas de matériel particulier.
Remarque. Les interventions des organismes externes en relation avec le contrôle de qualité (radioprotection des patients) restent inchangées (initiale, annuelle, quinquennale). Elles assurent un 3e niveau de protection pour la sécurité des équipements.
Cette évaluation permet de réaliser le zonage de la salle et le classement des travailleurs. Les nouvelles valeurs limites permettent de constater que toute salle comportant un générateur dentaire endobuccal est définie comme une zone délimitée surveillée intermittente (plus bas niveau de risque). Cette évaluation peut se fonder sur une analyse documentaire car les nouvelles valeurs limites réglementaires mensuelles sont élevées par rapport à nos pratiques.
Une zone délimitée contrôlée verte intermittente peut exister pour le cone beam ou le panoramique dentaire au niveau du patient, mais cette zone n’est pas accessible au personnel dans le cadre du respect des bonnes pratiques. En conséquence, cette salle est aussi définie comme une zone délimitée surveillée intermittente (plus bas niveau de risque).
Il en est de même pour le classement des travailleurs. Seuls les travailleurs entrant dans une zone délimitée doivent faire l’objet d’une évaluation individuelle de leur exposition aux rayonnements ionisants. Selon les résultats de cette évaluation individuelle, seuls les travailleurs susceptibles de dépasser un millisievert sur une année de travail ont obligation d’être classés et donc de faire l’objet d’une surveillance dosimétrie individuelle. Mais, dans le cadre de la surveillance radiologique des travailleurs à mettre en place pour s’assurer qu’aucun travailleur ne doit être classé, l’employeur peut choisir de faire porter un dosimètre passif individuel à ses salariés entrant occasionnellement en zone délimitée, par exemple pour aider certains patients (même s’ils ne dépassent pas un millisievert sur une année de travail).
Le salarié compétent, s’il est aussi PCR, peut très simplement démontrer ses choix (zonage et classement) en utilisant des modèles de documents conçus pour les cabinets dentaires.