Clinic n° 11 du 01/11/2022

 

Éditorial

Thomas FORTIN  

Nous avons tous été confrontés au sentiment désagréable d’impuissance face à un patient pour lequel nous n’avions pas de réponse à la question « pourquoi ai-je mal ? » ou pire encore « pourquoi ai-je toujours mal malgré vos soins ? ».

Dans la majorité des cas, ce sont les choix thérapeutiques qui sont en cause et non la qualité des soins. Les choix qui ont été guidés par des éléments cliniques, fournies notamment par l’imagerie, et...


Nous avons tous été confrontés au sentiment désagréable d’impuissance face à un patient pour lequel nous n’avions pas de réponse à la question « pourquoi ai-je mal ? » ou pire encore « pourquoi ai-je toujours mal malgré vos soins ? ».

Dans la majorité des cas, ce sont les choix thérapeutiques qui sont en cause et non la qualité des soins. Les choix qui ont été guidés par des éléments cliniques, fournies notamment par l’imagerie, et qui sont insuffisants, voire parfois faux. Et pour cause, dans 1 cas sur 5, pour les molaires maxillaires, certains canaux sont susceptibles de ne pas être traités sans images CBCT. Sans les images du cone beam, on détecte seulement 84 % des canaux. Pour les lésions apicales sur dents non traitées, en l’absence de déminéralisation suffisante, la performance du cone beam est également meilleure. Et nombre de lésions ne sont visibles qu’au CBCT : pour les dents traitées, le taux de dépistage des lésions avec clichés comparatifs panoramiques, rétro-alvéolaires et cone beam est respectivement de 17,6, 35,3 et 63,3 %.

Cet outil clinique essentiel a été mis au point dans les années 1990 et présenté dans les congrès à la fin de la décennie. Nos travaux ont été présentés pour la première fois en 1998 à Amsterdam(1). Au fil du temps, une législation a été développée pour encadrer l’utilisation du CBCT, notamment l’obligation de formation régulière. L’évolution de cette technologie est son intégration dans la chaîne numérique (le workflow anglo-saxon). C’est vraisemblablement la révolution majeure des années à venir avec un changement complet de paradigme dans les process cliniques.

L’ambition de ce numéro est de faire appréhender sous un nouveau jour cet outil, de faire comprendre son importance, l’importance de l’utiliser pleinement guidé par le fait que se tromper de modalité radiologique, c’est prendre le risque de se tromper de stratégie clinique.

Le CBCT peut et doit être appliqué à la chirurgie orale ou à l’odontologie pédiatrique pour la localisation des dents incluses, à l’implantologie pour l’évaluation des volumes osseux résiduels, le choix des stratégies de réhabilitation et le type d’implant à utiliser, à l’endodontie, à l’orthodontie…

(1) Computer Assisted Dental Intervention. Digital Imaging in dental Radiology, Amsterdam, The Netherlands, 1998.