LA REMONTÉE DE MARGE CERVICALE
Dentisterie
Esthétique
Ancien AHU à la faculté de MarseilleMembre du groupe BioémulationMembre du groupe Bioteam Marseille, Exercice libéral, Marseille.
Proposée en 1998 par Dietschi et Spreafico (Cervical Margin Relocation) [1] puis étayée en 2012 par Magne et Spreafico (Deep Margin Elevation) [2], la remontée de marge cervicale consiste à déplacer coronairement (par un apport de composite) une limite cervicale profonde afin notamment de permettre les étapes d’empreinte et d’assemblage des restaurations indirectes. Elle...
Proposée en 1998 par Dietschi et Spreafico (Cervical Margin Relocation) [1] puis étayée en 2012 par Magne et Spreafico (Deep Margin Elevation) [2], la remontée de marge cervicale consiste à déplacer coronairement (par un apport de composite) une limite cervicale profonde afin notamment de permettre les étapes d’empreinte et d’assemblage des restaurations indirectes. Elle est souvent opposée à l’élongation coronaire [3] bien que Veneziani ait montré que les deux approches pouvaient être combinées [4]. La première étude in vivo sur le sujet a été publiée par Bresser et al. en 2019 [5]. Elle évalue 197 remontées de marges cervicales à 57,7 mois post-opératoire en moyenne. Le taux de succès est de 95,9 %. Cela signifie-t-il que cette approche peut être utilisée par tous ? Les auteurs décrivent la technique comme l’une des plus difficiles à mettre en œuvre en dentisterie adhésive en raison de 3 difficultés majeures :
– l’isolation de cette limite profonde sous-gingivale ;
– le matriçage de cette limite ;
– l’obtention d’un profil d’émergence harmonieux.
Ce cas clinique présente une remontée de marge cervicale réalisée en distal d’une 36 chez une patiente de 30 ans suite à une importante récidive de carie. Fortement délabrée et ayant perdu ses deux crêtes marginales, cette dent sera in fine restaurée par un overlay en disilicate de lithium [6].
Pour placer un champ opératoire étanche avec cette limite très sous-gingivale, une perforation étroite est réalisée sur une digue épaisse afin de « serrer » au maximum la dent. Du téflon est ensuite compacté pour pousser la feuille de digue sous la limite (figure 1).
Un ajustage cervical parfait de la matrice doit ensuite être obtenu (figure 2). Utiliser une matrice épaisse est une des clefs pour pouvoir la « pousser » suffisamment sans la déformer.
La procédure adhésive est réalisée avec un adhésif MR3 (Optibond FL, Kerr) (figure 3). Différents matériaux composites peuvent ensuite être utilisés. Du composite fluide de nouvelle génération fortement chargé (G-ænial Universal Injectable, GC) a ici été choisi pour son ergonomie d’utilisation (application précise et excellente adaptation). L’application se fait en plusieurs apports successivement polymérisés (figure 4).
Après dépose de la matrice, la marge brute obtenue (figure 5) est abaissée au maximum car la difficulté du matriçage conduit bien souvent à un défaut de profil d’émergence (figure 6). Une fois la digue déposée, on constate que la limite est désormais juxta-gingivale (figure 7). L’empreinte est classiquement réalisée puis un provisoire par iso-moulage de la situation initiale est scellé pendant 3 semaines (figure 8).
Lors du second rendez-vous, le provisoire est déposé (figure 9) et la pose d’une digue sectorielle est désormais facilitée (figure 10). Les surfaces dentaires et l’intrados prothétique sont conditionnés (figure 11) avant que l’overlay ne soit assemblé avec un composite de restauration réchauffé (figure 12). Le contrôle des excès et de la bonne adaptation prothétique est facilité par la remontée de marge préalable. Une photopolymérisation longue est appliquée (figure 13) puis la finition cervicale est réalisée avec un strip abrasif glissé sous le point de contact (Sof Lex, 3M) (figure 14).
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.