LA DENT POSTÉRIEURE DÉPULPÉE, CETTE DENT SACRIFIÉE
Dossier
Rappelons d’abord deux évidences qui ne semblent pas toujours l’être.
Une dent dépulpée n’est pas toujours une dent à couronner.
Une dent à couronner n’est pas toujours une dent à dépulper.
En France, la dent postérieure dépulpée a longtemps été une dent sacrifiée.
Sacrifiée par la crainte de certains praticiens qui voient en une dent vitale une dent à risque de sensibilité, de pulpite ou de nécrose. Or, il est...
Rappelons d’abord deux évidences qui ne semblent pas toujours l’être.
Une dent dépulpée n’est pas toujours une dent à couronner.
Une dent à couronner n’est pas toujours une dent à dépulper.
En France, la dent postérieure dépulpée a longtemps été une dent sacrifiée.
Sacrifiée par la crainte de certains praticiens qui voient en une dent vitale une dent à risque de sensibilité, de pulpite ou de nécrose. Or, il est clairement établi que le risque d’échec des restaurations à recouvrement partiel ou total est plus important sur les dents dépulpées [1]. Éviter les ennuis cliniques passe donc non pas par une dépulpation systématique mais plutôt par une protection pulpaire systématique. La protection pulpaire elle-même passe non pas par l’utilisation de fond de cavités mais surtout par l’obtention d’une étanchéité optimale de nos restaurations. C’est tout ce que nous permet aujourd’hui la dentisterie adhésive.
Sacrifiée par les pouvoirs publics dont la nomenclature longtemps obsolète, jusqu’à la création de la CCAM et la revalorisation de certains actes, a conduit les praticiens à privilégier une dentisterie invasive fondée sur une dépulpation systématique des restaurations corono-radiculaires à tenon et des préparations périphériques pour couronnes. Il est intéressant de voir que, dans les pays sans système de santé protecteur comme le nôtre, les restaurations directes en composite conservent une place de choix pour les restaurations volumineuses. Or, là encore, la littérature scientifique montre que des restaurations directes ou indirectes donnent des résultats équivalents à condition d’être correctement réalisées [2].
Sacrifiée par la méconnaissance de certains praticiens parfois insuffisamment formés, parfois trop routiniers, qui pensent que la couronne périphérique est la solution thérapeutique évidente à toute restauration d’une dent dépulpée qui est « forcément fragile ». Nous avons souvent entendu cette explication : « une dent dépulpée est comme un arbre mort, cassante… et la tailler en dépouille pour la restaurer par un inlay-core et une couronne est la seule solution thérapeutique fiable pour la consolider »…
Cela est faux et nous savons depuis plus de 30 ans que la fragilité mécanique d’une dent est liée non pas à son état pulpaire mais à son délabrement tissulaire. En outre, on ne peut pas affirmer avec évidence qu’il est préférable de reconstituer une dent dépulpée avec une couronne plutôt qu’avec une reconstitution directe [3].
Sacrifiée par sa localisation postérieure et donc à incidence moins esthétique. La dent dépulpée antérieure, plus fine et plus exigeante esthétiquement, nous incite souvent à être plus préservateur.
La préservation tissulaire est donc le gage de la préservation dentaire et les protocoles adhésifs nous permettent une liberté de forme de préparation justement compatible avec cette préservation.
La dentisterie contemporaine est une dentisterie préservatrice, fondée sur la prévention, la protection pulpaire et la préservation tissulaire grâce aux restaurations adhésives. La dent, si elle doit être dépulpée, répond à ces mêmes exigences de préservation et doit être respectée.
C’est dans cet esprit que ce dossier de CLINIC centré sur la dent postérieure dépulpée a été construit.