LA LANGUE, CET ORGANE COMPLEXE
Éditorial
Dès la naissance, son existence est essentielle à la fonction orale. Quel individu, en effet, peut parler, se nourrir ou déglutir correctement sans langue ? Et pourtant, bon nombre d’entre nous connaissent peu ou mal les pathologies linguales dont certaines peuvent profondément altérer la qualité de vie orale, voire engager le pronostic vital.
Ce numéro est conçu pour répondre aux principales attentes des odontologistes, omnipraticiens ou spécialistes. Son objectif est...
Dès la naissance, son existence est essentielle à la fonction orale. Quel individu, en effet, peut parler, se nourrir ou déglutir correctement sans langue ? Et pourtant, bon nombre d’entre nous connaissent peu ou mal les pathologies linguales dont certaines peuvent profondément altérer la qualité de vie orale, voire engager le pronostic vital.
Ce numéro est conçu pour répondre aux principales attentes des odontologistes, omnipraticiens ou spécialistes. Son objectif est double, didactique et clinique. Le choix des thématiques est orienté de manière à vous permettre de détecter précocement les principales pathologies de la langue, en mettant en exergue leurs caractéristiques majeures, afin de pouvoir apporter des réponses fondées et pragmatiques à vos patients.
À ces fins, des cliniciens hospitalo-universitaires et/ou libéraux transmettent ici leur expertise.
Sarah MILLOT et al. commencent par rappeler les données anatomiques essentielles à la bonne compréhension des sujets qui suivent.
L’équipe de Clara JOSEPH traite des répercussions cliniques des dysfonctions linguales en fonction de l’âge et des possibilités thérapeutiques actuelles qui peuvent être proposées dès l’enfance.
Sarah COUSTY et al. développent les pathologies des glandes salivaires de la face ventrale de la langue et du plancher buccal. Beaucoup d’entre nous se souviennent du terme « grenouillette », mais combien connaissent vraiment les caractéristiques des lithiases ? En bonus, nos collègues ont eu la bonne idée d’interviewer le Pr Sébastien VERGEZ qui insiste entre autres sur la non-pertinence, en 2022, de proposer l’exérèse des glandes salivaires atteintes.
Charlotte PANTCHENKO et al. font le point sur le brossage de la langue et nous expliquent pourquoi, contrairement aux idées reçues, cette mesure d’hygiène est loin d’être anodine ! Une fiche clinique élaborée par les auteurs à destination des patients vous est proposée en téléchargement sur clinic.fr
Léa BONTEMPS et al. reviennent sur les pièges diagnostiques à éviter en présence d’une langue géographique, dont certains aspects cliniques peuvent inquiéter inutilement les patients.
Dans la continuité, les équipes de Loredana RADOI et de Juliette ROCHEFORT abordent les différentes expressions cliniques des mycoses linguales et du lichen lingual. Grâce à leur talent d’enseignantes cliniciennes, elles reviennent sur les étapes clés de l’enquête anamnestique et de l’analyse sémiologique, indispensables pour éviter les erreurs thérapeutiques, souvent dommageables.
Par ailleurs, le lourd problème des cancers linguaux est abordé par deux expertes en cancérologie orale, Anne-Laure EJEIL et Anne-Gaëlle CHAUX. Il ne faut jamais oublier que, en matière de tumeur maligne, un œil avisé peut sauver une vie ! Or, quoi de plus banal qu’une plaie qui ressemble à un aphte ? Le rôle du chirurgien-dentiste est crucial car il est grand temps que la prévalence des cancers de la langue à un stade avancé diminue dans les prochaines décennies.
La glossodynie est la dernière pathologie développée. Nathan MOREAU et al. nous transmettent les dernières données médicales la concernant. En effet, cette pathologie ne se résume pas à un problème psychologique. Sans aucun doute, il s’agit de la plus méconnue des pathologies linguales. Par conséquent, en connaître les grandes lignes permet d’orienter efficacement les sujets qui en souffrent et qui sont souvent aspirés dans le tourbillon de l’errance médicale.
Par ailleurs, deux actes techniques particuliers, la frénectomie et la biopsie, sont également présentés, d’une part, pour permettre leur réalisation dans de bonnes conditions et, d’autre part, pour faciliter les échanges professionnels entre les omnipraticiens désireux de référer leurs patients et les odontologistes/médecins spécialistes. Kinz BAYET et Aurore DAOUDI précisent les indications actuelles de la freinectomie linguale et les modalités techniques de cette intervention. Cet article tombe à point car, récemment, l’Académie de médecine a lancé une alerte concernant les abus chirurgicaux relatifs au frein lingual court.
Enfin, l’équipe de Frédérick GAULTIER s’attache à démystifier « la biopsie linguale ». Face au défi des déserts médicaux notamment, savoir indiquer ou réaliser une biopsie linguale peut s’avérer extrêmement utile en omnipratique.
Ce numéro a été élaboré dans le seul but de vous servir au quotidien à identifier et à soigner les pathologies linguales.