Comparaison des ciments verres ionomères haute viscosité avec les giomers (composites modifiés pour relarguer du fluor) dans des restaurations occluso-proximales sur dents temporaires en techniques ART : essai clinique randomisé sur 24 mois
Revue de presse
Internationale
La technique de restauration atraumatique (ART) fait partie du panel de techniques utilisées dans le cadre des interventions a minima. Cette technique était initialement prévue pour traiter des lésions carieuses dans des cadres non conventionnels et donc sans accès à un équipement dentaire efficace. Aujourd’hui, elle est utilisée dans des études cliniques en milieu atypique, par exemple dans des écoles. Les propriétés reconnues du ciment verre ionomère (CVI) comme la...
La technique de restauration atraumatique (ART) fait partie du panel de techniques utilisées dans le cadre des interventions a minima. Cette technique était initialement prévue pour traiter des lésions carieuses dans des cadres non conventionnels et donc sans accès à un équipement dentaire efficace. Aujourd’hui, elle est utilisée dans des études cliniques en milieu atypique, par exemple dans des écoles. Les propriétés reconnues du ciment verre ionomère (CVI) comme la liaison au tissu dentaire, le relargage de fluor, sa possible recharge permettant de prévenir les reprises carieuses, son placement en un incrément et sa tolérance à l’humidité en ont fait un matériau de choix dans cette technique. Toutefois, ses propriétés mécaniques réduites comparées à celles du composite nécessite la recherche d’un autre matériau de restauration, plus pérenne. Les composites giomers, matériau récent avec des particules pré-réagies dérivée du CVI, permettent le relargage du fluor mais s’approchent davantage des composites dans leur mise en place.
Comparer la longévité des restaurations occluso-proximales en ART sur les dents temporaires en utilisant du CVI à haute viscosité (Equia Forte – GC Corp, Tokyo, Japan) ou un composite giomer associé à un adhésif auto-mordançant (Beautibond/Beautifil Bulk Restorative – Shofu Inc, Kyoto, Japan) après 24 mois.
Une revue de littérature de 2012 a estimé le taux de succès des restaurations en CVI haute viscosité (toujours moins élevé que le taux de survie) à 62 % au bout de 24 mois. Les auteurs se sont fondés sur ce résultat pour calculer le nombre utile de restaurations nécessaire à l’obtention d’un résultat significatif. Au total 182 enfants âgés de 4 à 8 ans ont été inclus. Les restaurations ont été réalisées par un praticien expérimenté dans la salle de classe, avec des instruments manuels, sans utilisation de rotatif et avec une isolation à l’aide de rouleaux de coton salivaire. Après l’éviction carieuse et selon le groupe alloué, les protocoles suivants étaient appliqués. Pour le groupe CVI, un acide polyacrylique (Cavity Conditioner – GC corporation, Japan) était appliqué pendant 15 secondes puis rincé avec une boulette de coton humide, le CVI était mis en place et sculpté puis une couche d’Equia Forte Coat® était appliquée et photopolymérisée. Pour le groupe composite giomer, l’adhésif auto-mordançant Beautibond® était appliqué et photopolymérisé 10 secondes, puis le Beautifil Bulk Restorative® déposé en incrément de 4 mm puis photopolymérisé pendant 20 secondes. L’occlusion était réglée à l’aide d’un scalpel, si besoin.
Le taux de succès à 24 mois était de 61,1 % pour le CVI et de 52,2 % pour le composite giomer, sans montrer de différence significative entre les deux matériaux. Les raisons d’échec étaient majoritairement des pertes de restauration ou des fractures dans le matériau pour les deux.
Les auteurs soulignent le fait que l’absence de champ opératoire étanche dans le cadre d’utilisation de composite a pu augmenter le taux d’échec. Les composites giomer, malgré l’apport de composants similaires à ceux du CVI, ne sont pas à utiliser comme tels sous risque d’avoir plus d’échecs que ce que permet normalement le matériau. Cela s’extrapole avec les résultats déjà obtenus sur les compomères qui sont relativement proches chimiquement des giomers.
Le développement de nouveaux matériaux pose toujours la question de leur apport vis-à-vis des anciennes techniques utilisées. Ici, l’étude nous rappelle que le CVI haute viscosité a de nombreux intérêts comparé aux autres matériaux dans la technique ART. Les giomers placés dans les mêmes conditions que les CVI à haute viscosité ne montrent pas un taux de succès plus élevé.