Clinic_Hors série n° 06 du 01/06/2022

 

Interview

Pr Raphaël DEVILLARD, chef du Service de Médecine bucco-dentaire du CHU de Bordeaux.

Comment s’est organisée cette formidable mobilisation bordelaise ?

La recherche clinique est une formidable opportunité pour souder une équipe autour d’un projet clinique. Les investigateurs sont encore plus motivés lorsque la recherche est pleine de sens comme c’est le cas pour Resto Data.

Dr Laurent NAWROCKI, chef du Service d’Odontologie...


Pr Raphaël DEVILLARD, chef du Service de Médecine bucco-dentaire du CHU de Bordeaux.

Comment s’est organisée cette formidable mobilisation bordelaise ?

La recherche clinique est une formidable opportunité pour souder une équipe autour d’un projet clinique. Les investigateurs sont encore plus motivés lorsque la recherche est pleine de sens comme c’est le cas pour Resto Data.

Dr Laurent NAWROCKI, chef du Service d’Odontologie du CHU de Lille.

À Lille, les 2 investigateurs ont inclus 30 patients en moins de 3 semaines ! Quel est le secret d’une telle performance ?

La recherche clinique trouve toute sa place dans notre service mais un secret doit le rester sinon ce n’en est plus un. Cependant, je peux dire que c’est avant tout grâce à la mobilisation de tous les praticiens impliqués dans cette étude, et des Dr. Thibault Bécavin et Lieven Robberecht, que les délais ont été respectés.

Pr Brigitte GROSGOGEAT, missionnée par le Pr Jean-Christophe Farges, chef du Service d’Odontologie des Hospices Civils de Lyon.

En votre qualité de coordinatrice de l’étude Resto Data, quel message souhaiteriez-vous partager ?

Je voudrais tout d’abord remercier Franck Decup, Charlène Chevalier, François Gueyffier, Hélène Lozano, Emmanuelle Danthony, Jean Iwaz et Delphine Maucort Boulch qui m’ont entraînée et soutenue dans cette aventure. Merci également à celles et ceux qui y ont participé pour la confiance qu’elles et ils m’ont accordée. Je suis en particulier très reconnaissante envers toutes les investigatrices et tous les investigateurs qui ont admirablement accompli leur mission. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude envers toutes celles et ceux qui ont œuvré pour que ce projet puisse se réaliser, notamment la direction de la recherche et le service des biostatistiques qui nous ont accompagnés tout au long de cette étude. J’associerais aussi à ces remerciements toutes les étudiantes et tous les étudiants qui nous ont prêté main forte ; j’espère que cela leur aura donné à leur tour l’envie de faire aussi, de temps à autre, de la recherche clinique.

Pr Julien BRAUX, chef du Service d’Odontologie du Pôle de Médecine bucco-dentaire du CHU de Reims.

Comment l’étude Resto Data s’est-elle imbriquée dans la nouvelle organisation de votre nouveau centre ?

La recherche clinique est une des missions que le pôle de médecine bucco-dentaire a pour vocation de promouvoir. Elle permet de développer des approches innovantes mais également de mieux connaître l’efficience des techniques courantes, d’approfondir les connaissances des équipes médicales et de contribuer à l’excellence scientifique de nos établissements dans le but d’apporter des soins toujours meilleurs à nos patients. La participation du pôle à des réseaux de recherche concourt au dynamisme de notre institution. Dès la conception du pôle, des espaces ont été envisagés de façon à permettre le développement d’activités de recherche. La dualité hospitalo-universitaire des acteurs du pôle potentialise la réalisation de ces études.

Pr Élisabeth DURSUN, adjointe du chef du Service de Médecine bucco-dentaire de l’hôpital Henri Mondor, AP-HP.

En votre qualité d’adjointe au chef de service du centre qui a su tenir ses engagements en dépit de la disponibilité d’un seul investigateur principal, quel message souhaiteriez-vous transmettre à votre équipe ?

Avant tout les remercier ! Ces projets de recherche sont à la fois de formidables opportunités mais également une charge de travail supplémentaire conséquente, surtout en effectifs réduits. La force de notre service réside, je pense, dans sa cohésion d’équipe. L’investigatrice principale a ainsi pu s’appuyer sur ses assistants et attachés pour mener de front l’ensemble de ses missions et maintenir le cap des inclusions.

Pr Pierre COLON, chef du Service d’Odontologie de l’Hôpital Rothschild, AP-HP.

Quelle est la clé du succès de votre centre qui a réalisé le plus d’inclusions de patients ?

Il n’y a pas de « clé » mais un travail de fond à mener au sein du service, en privilégiant les conditions d’un exercice clinique personnel de tous les HU quel que soit leur statut, en développant la politique de recherche clinique et sa valorisation et aussi en s’impliquant personnellement en tant que chef de service dans la prise en charge de patients et la recherche clinique. Un grand merci aux investigateurs qui ont permis ce bon résultat dont toute la communauté hospitalo-universitaire de notre service est fière !

Dr Fanny BERBEL, AHU, Service d’Odontologie de l’hôpital Morvan, CHRU Brest.

Vous qui êtes lyonnaise d’origine, cela a-t-il joué un rôle dans votre participation ?

J’ai tout de suite été très enthousiaste. Ayant déjà participé activement au projet hospitalier Decat avec le Pr Grosgogeat durant ma 5e année à l’UFR d’Odontologie de Lyon, c’était une évidence de la rejoindre ainsi que l’ensemble de l’équipe Resto Data dans cette nouvelle aventure. Ce type de projet permet aussi de tisser des liens, localement et au niveau national.

Dr Nicolas DECERLE, MCU-PH, Service d’Odontologie, CHU de Clermont-Ferrand.

Quel est, selon vous qui êtes un investigateur expérimenté, le « plus » de l’étude Resto Data ?

L’étude Resto Data a comme rare particularité d’être un projet à deux volets hospitalier et libéral. J’ai participé à cette étude en parallèle avec un collègue libéral, le Dr Marie-François Dutour, attaché dans notre service d’Odontologie, et avec le Pr Sophie Doméjean, investigatrice elle aussi dans notre service. J’ai vraiment eu le sentiment de participer à un projet de recherche fédérateur sur un sujet extrêmement pertinent.

Dr Thibault DROUHET, Praticien attaché, Service d’Odontologie de l’hôpital Charles-Foix, AP-HP.

L’approche a-t-elle été différente entre votre participation à l’étude dans le cadre de votre exercice libéral et dans celui de votre activité hospitalière ?

Participer à l’étude Resto Data a été très enrichissant tant dans le cadre de mon exercice libéral que dans celui de mon activité hospitalière. Dans mon activité libérale, il a été assez facile de m’organiser avec mon assistante pour l’implémentation des données sans que cela impacte mon temps clinique. À l’hôpital, il a été très agréable d’impliquer les étudiants dans ce travail de recherche.

Dr Romain CEINOS, MCU-PH, Service d’Odontologie du CHU de Nice.

Quel est votre retour d’expérience de cette première mission en tant qu’investigateur principal d’une étude de recherche clinique ?

Participer à une étude observationnelle transversale et multicentrique a été pour moi une première. Être le coordinateur local de cette étude, au sein du CHU, a été riche d’enseignements mais aussi gage de la confiance accordée par les porteurs de Resto Data. Si je devais définir mon ressenti vis-à-vis de cette expérience, je la qualifierais donc d’enrichissante et aussi… génératrice d’un « stress positif ». Je tiens à remercier tous les investigateurs niçois pour leur investissement dans ce travail ainsi que la Cheffe du Pôle Odontologie, le Pr Lassauzay, d’avoir approuvé que l’on mène à bien ce projet de recherche clinique au CHU de Nice.

Dr Charlène LESIEUR, AHU, Service d’Odontologie de l’hôpital Louis-Mourier, AP-HP.

Vous faites partie des plus jeunes investigateurs de l’étude Resto Data. Était-ce votre première expérience en recherche clinique ? Quelles sont vos impressions ?

Grâce à mon poste d’AHU et à l’étude Resto Data, j’ai eu la chance de participer à ma première expérience en recherche clinique qui, de plus, est une recherche au niveau national. J’ai trouvé le sujet très intéressant et concret avec une étude vraiment détaillée de la situation bucco-dentaire des patients.

Dr Matthieu PÉRARD, MCU-PH, Service d’Odontologie du CHU de Rennes.

Vous qui avez déjà participé plusieurs fois à différentes études de recherche clinique par le passé, quel a été votre ressenti lors de l’expérience Resto Data ?

J’ai vécu Resto Data comme une expérience positive grâce à l’investissement de mon équipe d’investigateurs qui a su rapidement s’approprier les critères FDI et se libérer du temps, alors qu’ils en ont peu, pour mener à bien les inclusions. J’ai été particulièrement impressionné par la bonne volonté des patients car tous ceux qui correspondaient aux critères d’inclusion ont accepté de participer à l’étude. Je tiens donc à les remercier d’avoir bien voulu doubler la longueur normale de leurs rendezvous pour nous permettre de procéder au recueil des données !

Dr Thibault CANCEILL, MCU-PH, Service d’Odontologie, CHU de Toulouse.

Alors que vous aviez une année chargée avec la soutenance d’une thèse d’Université et la préparation d’un concours, quelle a été votre motivation pour participer à l’étude Resto Data ?

L’année avait beau être chargée, la participation à l’étude ne posait aucun problème puisqu’elle s’inscrivait parfaitement dans le cadre de mon activité clinique aux urgences buccodentaires du CHU. Il a donc été facile de la mettre en place avec mes collègues, le Pr Jean-Noël Vergnes et le Dr Cécile Blanc. Les patients que nous recevons sont souvent des primo-consultants à l’hôpital. Ils répondaient ainsi parfaitement aux critères d’inclusion de l’étude !

Pr Delphine MAUCORT BOULCH, cheffe du Service de Biostatistique, cheffe du Pôle Santé Publique, HCL.

Vous qui avez accompagné le projet depuis l’idée jusqu’à la publication des résultats, quel regard portez-vous sur cette étude ?

Resto Data est un projet original et différenciant pour le CHU en ce qu’il associe des praticiens de CHU et des praticiens de ville ; il contribue au maillage territorial de la recherche. La dimension recherche en vie réelle positionne le projet en préfigurateur d’observatoire de la santé bucco-dentaire. D’un point de vue méthodologique, le projet génère des questions et des échanges très enrichissants. D’un point de vue santé publique, il permet d’émettre des hypothèses et de contribuer à une meilleure connaissance de l’état de santé de la population prise en charge. Resto Data est aussi une aventure humaine qui prolonge celle de projets académiques tels que le projet Decat. Le caractère soudé et volontaire de la communauté des odontologistes est très porteur et rend les collaborations très enthousiasmantes.