SINUS LIFT ET IMPLANT SIMULTANÉ : RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR 299 IMPLANTS
Chirurgie
Implantaire
Laura PUSTETTO* Charles SAVOLDELLI** Romain CASTRO*** Emmanuel MASSON REGNAULT****
*Exercice libéral à Anglet. Franck AFOTA Chirurgien oral, Co-directeur du DU de greffes osseuses pré-implantaires, Institut universitaire de la face et du cou, CHU de Nice. Exercice libéral, Clinique Saint George, Nice.
**MCU-PH, Chirurgien maxillo-facial, Co-directeur du DU de greffes osseuses pré-implantaires, Institut universitaire de la face et du cou, CHU de Nice.
***Chirurgien Oral, Ancien interne et AHU des hôpitaux de Marseille. PH, Centre Hospitalier Edmond Garçin, Aubagne. Exercice libéral, Clinique Juge, Marseille.
****Ancien AHU, Faculté d’odontologie de Bordeaux. Enseignant au DU de Chirurgie osseuse pré-implantaire de Nice. Exercice libéral en chirurgie orale, Angoulême.
Les implants ont permis d’offrir aux patients un nouveau choix thérapeutique parmi les différentes possibilités de réhabilitations prothétiques [1]. Bränemark décrit pour la première fois en 1969 l’ostéo-intégration comme étant une coaptation anatomique et fonctionnelle entre l’os vivant et la surface implantaire. Une fois l’implant ostéo-intégré, la pose de la prothèse permet de restaurer la mastication, la phonation et...
La pose d’implant dentaire dans le maxillaire postérieur peut s’avérer compliquée du fait de la résorption osseuse et de la pneumatisation du sinus. La technique de soulevé de sinus avec mise en place de matériaux de comblement a été décrite. Il est communément admis qu’une hauteur osseuse résiduelle de 5 mm est nécessaire pour pouvoir réaliser la pose de l’implant lors de la même intervention. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer la fiabilité d’une technique : la pose d’implant simultanée au sinus lift par voie latérale avec une hauteur osseuse inférieure ou égale à 4 mm. Il s’agit d’une étude rétrospective à partir de cas traités dans un cabinet privé. Plusieurs paramètres ont été recueillis : le délai de mise en charge moyen de piliers implantaires, la hauteur résiduelle d’os moyenne par implant, la longueur des implants ou, encore, la dent la plus fréquemment remplacée. La hauteur d’os résiduelle a été recueillie à partir des dossiers des patients. Au total, 133 patients ont bénéficié de la procédure chirurgicale, entre décembre 2015 et janvier 2019. Au total, 299 implants cylindro-coniques auto-taraudants ont été mis en place en 139 procédures et sur 147 sinus. De l’os autogène a été mis en place dans 55,78 % des procédures et un mélange d’os autogène et de BTCP a été utilisé pour 41,49 % des procédures. À partir de ces données, des pourcentages ainsi que des moyennes et des écarts-types ont été calculés pour décrire les variables. Après 1 an de recul clinique, 4 échecs ont été recensés dont 3 sont des échecs précoces, le dernier étant notifié à 6 mois après la pose de la prothèse. Dans cette étude, le taux de réussite s’élève à 97,12 %, ce qui est en accord avec les études similaires actuelles. L’étude présente a montré que la pose d’implant simultanément à l’élévation de plancher sinusien est une technique sûre et prédictible.
Les implants ont permis d’offrir aux patients un nouveau choix thérapeutique parmi les différentes possibilités de réhabilitations prothétiques [1]. Bränemark décrit pour la première fois en 1969 l’ostéo-intégration comme étant une coaptation anatomique et fonctionnelle entre l’os vivant et la surface implantaire. Une fois l’implant ostéo-intégré, la pose de la prothèse permet de restaurer la mastication, la phonation et l’esthétique [2]. La résorption de l’os alvéolaire faisant suite à la perte de dents et la pneumatisation des sinus rendent la pose des implants dans le maxillaire postérieur compliquée, voire contre-indiquée [3, 4]. Lors de la mise en place d’un implant, il est obligatoire de s’assurer de l’obtention d’une stabilité primaire suffisante [5] qui dépend en partie de la quantité mais aussi de la qualité d’os présent [6]. Au maxillaire, la densité osseuse est généralement inférieure à celle de la mandibule. Certaines techniques chirurgicales ont été décrites pour remédier à ce problème.
Tatum propose, en 1977, la procédure d’élévation de la membrane du sinus, qui est décrite par Boyne et James en 1980.
Cette technique chirurgicale a pour voie d’accès une fenêtre latérale dans le maxillaire, permettant le soulevé de la membrane de Schneider et la réalisation d’un comblement osseux de la partie inférieure du sinus maxillaire [6-10]. Il a ensuite été proposé la technique de Summers, moins invasive, avec un abord crestal par le forage implantaire [7, 8]. Le choix entre ces deux techniques se fait généralement en fonction de la hauteur d’os résiduel. Si la hauteur d’os est inférieure à 5 mm, la procédure par fenêtre latérale est préférée ; si la hauteur d’os est supérieure à 5 mm, la procédure trans-crestale peut être réalisée. Ces deux techniques sont désormais utilisées quotidiennement et considérées comme prévisibles avec un taux de réussite élevé [9, 10]. Des matériaux de comblement peuvent être mis en place dans le nouvel espace créé entre l’os et la membrane de Schneider qui a été soulevée. L’os autogène est considéré comme le gold standard en matière de greffe osseuse pré-implantaire, du fait de ses propriétés ostéo-inductive, ostéo-conductrice et ostéogénique [11, 12]. Les greffes osseuses autogènes ont l’inconvénient de nécessiter un site donneur. Ce dernier augmente la complexité et la morbidité du geste. D’autres biomatériaux ont été développés tels que les greffes allogéniques, les xénogreffes et les allogreffes. De nombreuses études ont montré qu’il n’y a pas de différences en termes de volume osseux néoformé entre les différents matériaux utilisés [9, 10, 11, 13, 14]. Une étude récente montre que les biomatériaux de comblement sont facultatifs et que le maintien de l’espace entre la membrane et le plancher sinusien par l’implant suffit [15].
Habituellement, suite à ces procédures d’élévation sinusienne, un temps de cicatrisation de 4 mois est nécessaire avant de réaliser la pose des implants. De fait, un second temps chirurgical est nécessaire. Dans le but de réduire le temps de traitement, de diminuer le nombre d’interventions ainsi que le coût, il a été suggéré que la pose d’implant simultanée à la procédure d’augmentation de sinus est réalisable si la stabilité primaire est atteinte. Ainsi, la hauteur d’os résiduelle ne serait plus une contre-indication à la pose immédiate d’implant [16].
Alors existe-t-il une hauteur d’os résiduelle minimale pour la pose d’implant simultanée au sinus lift ? L’objectif de cette étude est d’évaluer le taux de succès implantaire lors de la pose d’implants simultanée au comblement sinusien avec une hauteur d’os résiduelle sous-sinusienne inférieure ou égale à 4 mm (figures 1 et 2).
Cette étude rétrospective porte sur 133 patients pris en charge de 2015 à 2019 dans un cabinet privé (Dr E. Masson Regnault). Ces patients ont bénéficié d’une élévation de plancher sinusien maxillaire par voie latérale avec une pose d’implants simultanée. Toutes les procédures chirurgicales ont été réalisées par le même chirurgien sous anesthésie locale. Le succès de la procédure est évalué en prenant comme paramètre l’absence de signe clinique ou radiologique de péri-implantite 1 an après la mise en place de la prothèse. L’échec est défini par la perte de l’implant ou des douleurs ou l’impossibilité de la réalisation prothétique.
Patients ayant bénéficié d’une élévation de plancher sinusien maxillaire par voie latérale et d’une pose d’implant simultanée entre mai 2015 et janvier 2019 en cabinet privé. L’indication chirurgicale est un édentement maxillaire postérieur avec un déficit de volume osseux résiduel vertical inférieur ou égal à 4 mm.
Cette hauteur a été mesurée entre le sommet de la crête osseuse alvéolaire et le plancher sinusien maxillaire à l’aide d’une radiographie panoramique numérique.
• Pathologie contre-indiquant la pose d’implants dentaires (radiothérapie supérieure à 35 Gray).
• Diabète non équilibré.
• Patients pour lesquels une implantation différée est préférée comme dans le cas d’un bridge complet implanto-porté avec mise en charge immédiate, nécessitant deux interventions chirurgicales.
Les patients ont reçu en prémédication 2 g d’amoxicilline + acide clavulanique en une prise 1 heure avant l’intervention (figure 3). Après l’intervention, prescription de 3 g/j en 3 prises pendant 7 jours. Une corticothérapie courte (prednisone) à 1 mg/kg est débutée 24 heures avant l’intervention et poursuivie pendant 5 jours. Les patients allergiques aux pénicillines ont reçu de la clindamycine 600 mg avant et 900 mg/j en 3 prises durant les 7 jours qui suivent l’intervention.
Un bain de bouche à la chlorhexidine 0,2 % est réalisé avant l’intervention.
La procédure a été réalisée sous anesthésie locale à l’aide d’articaïne à 1/100 000 d’adrénaline.
Une incision crestale est réalisée au sommet de la crête. On décolle un lambeau muco-périosté de pleine épaisseur exposant ainsi la paroi osseuse latérale du sinus maxillaire. Une fenêtre latérale est ouverte à l’aide d’une fraise fissure fine avec irrigation stérile saline abondante donnant accès à la membrane sinusienne. Celle-ci est délicatement soulevée. En cas de déchirure, une éponge de collagène ou une membrane de PRF est utilisée pour colmater la brèche (figure 4).
Les forages implantaires sont réalisés avec un diamètre de 1 mm inférieur au diamètre de l’implant choisi. Le substitut osseux a été mis en place dans le nouvel espace créé entre la membrane sinusienne et le plancher osseux sinusien maxillaire. Pour le comblement, le chirurgien a utilisé soit de l’os autogène (prélevé sur le cintre malaire en dessous de l’os zygomatique au bone scraper), soit un mélange de phosphate tricalcique et d’os autogène.
Les implants ont été mis en place, la stabilité primaire a été atteinte pour chaque implant inséré. Le couple de serrage était au minimum de 10 N.cm. Les implants étaient cylindro-coniques auto-taraudants en titane de grade 4 (Osstem, Straumann) avec un état de surface sablé mordancé (figure 5).
Tous les implants sont enfouis ou juxta-osseux. Dans le cas où la hauteur résiduelle osseuse ne permettait pas d’enfouir l’implant à 1 mm sous-crestal, le chirurgien a réalisé une apposition de copeaux d’os autogène pour recouvrir les implants (figure 6).
Une vis de couverture est mise en place.
Le volet osseux est repositionné au niveau de la fenêtre latérale pour fermer le nouvel espace et s’assurer de l’herméticité de celui-ci, empêchant la fuite du matériau de greffe.
Le lambeau muco-périosté est remis en place et suturé avec du fil 5.0 résorbable ou non résorbable (figure 7).
Il est recommandé aux patients de ne pas de se moucher, de ne pas fumer et d’appliquer de la glace sur la zone opérée 3 fois par jour pendant 30 minutes les premiers 3 jours. Le brossage du site est permis 24 heures après l’intervention, après chaque repas, à l’aide d’une brosse à dent chirurgicale 7/100.
Six mois après l’intervention, les piliers prothétiques ont été mis en place avec un couple de serrage à 35 N.cm.
À cette étape, la mobilité clinique des implants a été testée. Le son clair du choc sur le pilier témoignait de l’ostéo-intégration de l’implant. La présence de douleur ou de gêne a également été recueillie.
Le chirurgien-dentiste de chaque patient a réalisé la prothèse 4 semaines après la mise en place du pilier.
Une prothèse scellée a été réalisée pour les édentements unitaires et une prothèse transvissée solidarisée dans le cas d’édentements multiples (figures 8 et 9).
Après l’intervention, une radiographie de contrôle a été réalisée à J15 afin de vérifier l’absence de signe d’instabilité implantaire (variation d’axe implantaire) (figure 10).
La stabilité primaire a été évaluée au moment de la pose de l’implant à l’aide d’une clef dynamométrique.
Un minimum de 10 N.cm est souhaité par l’opérateur. Enfin, l’ostéo-intégration est vérifiée lors de la mise en place du pilier prothétique en le bloquant dans l’implant à 35 N.cm.
On note aussi le succès de la technique par la mise en place d’une prothèse implanto-portée fonctionnelle après 1 an.
Chaque patient a été suivi au moins 1 an après la pose de la prothèse définitive.
• Mise en place de l’implant au moment du soulevé de sinus.
• Stabilité primaire de l’implant.
• Mise en place des piliers prothétiques.
• Stabilité implantaire au moment de la pose des piliers prothétiques.
• Absence de signe radiologique de péri-implantite.
• Absence de symptômes (saignement, douleur).
Les données ont été recueillies à partir des dossiers des patients.
Des fréquences et pourcentages ont été calculés pour décrire les variables qualitatives et les moyennes et écarts-types minimum et maximum pour les variables quantitatives.
Au total, 139 patients ont bénéficié d’une procédure d’élévation de plancher sinusien avec une hauteur osseuse initiale inférieure ou égale à 4 mm. Six ont été exclus de l’étude car devant recevoir un bridge implanto-porté avec mise en charge immédiate. Les données portent sur 133 patients sur lesquels il a été pratiqué une augmentation de sinus et une mise en place simultanée d’implants ; 56 femmes (soit 42 %). L’âge moyen au moment de la procédure était de 58 ans (± 11,09 ; avec un minimum de 24 ans et un maximum de 81 ans).
Parmi les patients, 13 étaient des fumeurs. Aucune distinction n’a été faite en fonction de l’importance de la consommation tabagique. Sur 187 des 299 implants, une mesure de la hauteur osseuse résiduelle a été réalisée de façon individualisée au niveau de la position exacte de l’implant sur les radiographies post-opératoires immédiates. Cette mesure a permis de distinguer 3 groupes d’implants mis en place (figure 11) :
– hauteur osseuse mesurée entre 0 et 2 mm (groupe A) ;
– strictement supérieure à 2 mm et inférieure ou égale à 3 mm (groupe B) ;
– strictement supérieure à 3 mm et inférieure ou égale à 4 mm (groupe C).
Entre 2015 et 2019, 147 soulevés de sinus avec mise en place d’implants simultanée ont été réalisés en 139 procédures et 299 implants ont été mis en place. Les patients ont reçu en moyenne 2 implants (± 1,08 ; avec un minimum de 1 et un maximum de 7).
La longueur de ces implants était en moyenne de 11,33 mm (± 0,9 ; avec un minimum de 8,5 mm et un maximum de 13 mm), la plus utilisée étant 11,5 mm. Les dents remplacées pour cette procédure allaient de la première prémolaire maxillaire à la seconde molaire maxillaire. La dent la plus fréquemment remplacée était la 16. La hauteur osseuse moyenne par implant au moment de la pose était de 2,71 mm sur la radiographie panoramique.
Quatre patients ont présenté un échec et 2 patients une infection à 3 semaines post-opératoires. Un patient a présenté un échec lors de la mise en place du pilier prothétique 6 mois après l’intervention. Enfin, un patient a perdu un implant 6 mois après la mise en place de la prothèse définitive. Dans les deux cas d’infection, une antibiothérapie par amoxicilline et acide clavulanique 3 g/j pendant 7 jours a été prescrite.
La répartition des échecs en fonction de la hauteur résiduelle osseuse est de :
– 1 pour le groupe A ;
– 2 pour le groupe B ;
– 1 pour le groupe C.
Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre ces 3 groupes.
L’os autogène a été utilisé dans 82 cas, soit 55,78 % de l’échantillon. Un mélange BTCP/os autogène (75/25 %) a été utilisé dans 61 cas, soit 41,49 % de l’échantillon. On note également l’utilisation de mélange d’os autogène et de matériau allogénique dans 3 cas.
Sur les 4 cas d’échec, le comblement a été effectué avec de l’os autogène dans 3 cas et avec un mélange d’os autogène et de BTCP dans 1 cas (figure 12).
Il n’y a pas de différence statistiquement significative en fonction du matériel de comblement utilisé.
Dans ces 4 cas, tous les implants ont pu être reposés.
Le délai de mise en charge du pilier prothétique était en moyenne de 5,6 mois (de 2 à 13 mois).
Aucun échec n’a été recensé dans cette étude chez les 13 patients fumeurs.
Aucune complication nécessitant l’intervention d’un oto-rhino-laryngologiste n’est rapportée.
Le taux de succès implantaire s’élève à 97,12 %.
D’après cette étude, la procédure de greffe sinusienne et mise en place d’implant simultanée semble être une technique prédictible. Une étude menée par Peleg et al. [17] sur 731 patients rapporte un taux de succès de 97,9 % comparable à nos résultats. Cette étude avait pour but de déterminer le taux de survie à long terme des implants placés simultanément au soulevé de sinus maxillaire : 2 132 implants ont été mis en place et le recul clinique allait jusqu’à 9 ans. À la différence de notre étude, la hauteur d’os résiduelle était comprise entre 1 et 5 mm et 20 % des implants ont été placés dans une hauteur osseuse entre 1 à 2 mm [17]. D’autres études rapportent également des résultats similaires [16, 18-23].
Sur les 4 échecs rapportés dans notre étude, 1 comblement sinusien a été effectué avec un mélange de BTCP/os autogène et les 3 autres avec de l’os autogène (figure 13). Aucune différence statistiquement significative n’est retrouvée. Ceci corrobore les connaissances actuelles en termes de succès implantaire en fonction des matériaux de greffe utilisés dans les comblements sous-sinusiens [11, 24-27]. Le taux de succès des procédures réalisées avec de l’os autogène est de 96,34 % et celui des procédures utilisant un mélange de BTCP et d’os autogène de 98,38 %. Néanmoins, les greffes autogènes sont encore considérées comme le traitement de référence pour des greffes osseuses du fait de leur propriétés ostéo-inductrices, ostéo-conductrices et ostéogéniques [20-22].
Récemment, de nombreuse études cliniques ont été réalisées pour évaluer le taux de succès implantaire après pose d’implants dentaires simultanée à l’élévation de plancher sinusien sans matériaux de comblement [28-31]. Certains auteurs considèrent que le matériau ne sert qu’à maintenir la membrane de Schneider en hauteur, laissant ainsi un espace à la mise place d’un caillot sanguin. Ainsi, la membrane de Schneider possèderait un potentiel ostéo-inducteur [24].
Les complications infectieuses décrites dans cette étude pourraient s’expliquer par le déplacement secondaire d’1 implant durant les premières semaines. En effet, la faible hauteur d’os résiduelle ainsi que la faible densité osseuse limitent l’obtention d’une stabilité primaire [25]. Chez les 2 patients qui ont présenté une infection, le contrôle radiologique post-infectieux montrait un axe implantaire modifié sur 1 implant par rapport à la radiographie post-opératoire immédiate. On rapporte donc dans notre échantillon 1,36 % d’infection sur 147 soulevés de sinus.
Chez les 13 patients fumeurs, le taux de succès de la procédure est de 100 %. Les résultats ne sont pas en accord avec la majorité des études actuelles [32, 33]. Il est possible que la consommation tabagique ait plus un effet sur le pronostic à moyen et long terme qu’à court terme. Aucune donnée n’a été recueillie sur l’importance de la consommation tabagique dans cette étude. Enfin, notre cohorte de patients fumeurs est trop faible pour permettre d’évaluer l’impact du tabagisme sur la technique décrite.
Le suivi des patients dans l’étude est limité à 1 an après la mise en place de la prothèse définitive, soit environ 18 mois après la mise en place des implants. La plupart des échecs implantaires sont observés lors de la première année. D’après l’étude menée par Cha et al., le taux de survie à 57 mois des 262 implants posés simultanément au sinus lift dans un os de moins de 4 mm de hauteur est de 98,91 %, ce qui est comparable avec le taux de survie de 96,54 % des implants posés de manière conventionnelle [27]. Aucune différence statistiquement significative n’est rapportée entre les 2 groupes.
La hauteur résiduelle osseuse a été mesurée à l’aide d’une radiographie panoramique numérique. Ce procédé de mesure constitue un biais d’inclusion. En plus de l’imprécision de mesure due au calibrage, la superposition des tissus osseux vestibulaire et palatin peut amener à une surévaluation de la hauteur osseuse résiduelle. Dans notre expérience, la hauteur d’os résiduel observée cliniquement durant l’intervention est généralement inférieure à que ce l’on mesure sur une radiographie panoramique. Une mesure de la hauteur osseuse résiduelle à l’aide d’un cone beam aurait probablement permis d’inclure un plus grand nombre de patients.
Dans notre étude, aucun patient n’a dû bénéficier d’une prise en charge ORL préalablement ou dans la gestion d’une complication. Un interrogatoire orienté était réalisé systématiquement lors de la première consultation à la recherche une pathologie naso-sinusienne. Un scanner naso-sinusien était réalisé lorsque le patient rapportait des symptômes d’obstruction nasale ou de sinusite. Aucun des scanners naso-sinusiens n’a relevé une contre-indication à la réalisation de l’intervention.
Bien que la procédure d’élévation sinusienne avec mise en place d’implants simultanée soit plus délicate techniquement, elle présente plusieurs avantages. Le nombre d’interventions et le délai de mise en place des prothèses sur implant sont réduits, ce qui augmente le confort du patient.
Cette étude semble montrer que la hauteur osseuse résiduelle n’est pas un critère de décision pour déterminer si la pose d’implant peut être réalisée simultanément à l’élévation sinusienne ou dans un second temps.
La procédure d’élévation de membrane sinusienne avec mise en place d’implant simultanée peut être réalisée même dans les cas de résorption osseuse sévère, avec moins de 4 mm de hauteur d’os résiduel. Cette technique semble prédictible avec le protocole décrit. Elle permet notamment de réduire le nombre d’interventions et diminue ainsi l’inconfort du patient face aux traitements implantaires. Le succès de la procédure ne semble pas dépendant de la hauteur résiduelle osseuse. Des études prospectives avec une cohorte plus importante permettraient de confirmer nos observations.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.