Efficacité clinique des CVIMARs dans la prévention des lésions carieuses occlusales sur les molaires permanentes à éruption partielle
Revue de presse
Internationale
L’éruption partielle des molaires associée à leur anatomie plus ou moins anfractueuse favorise l’accumulation de plaque alimentaire et la colonisation par des bactéries cariogènes, ce qui amène la formation de lésions carieuses débutantes. Les parents et les enfants n’ont souvent pas conscience de l’éruption des premières molaires permanentes et le manque de visibilité associée à une éruption lente (12 mois), un émail immature et un défaut d’habileté manuelle de...
L’éruption partielle des molaires associée à leur anatomie plus ou moins anfractueuse favorise l’accumulation de plaque alimentaire et la colonisation par des bactéries cariogènes, ce qui amène la formation de lésions carieuses débutantes. Les parents et les enfants n’ont souvent pas conscience de l’éruption des premières molaires permanentes et le manque de visibilité associée à une éruption lente (12 mois), un émail immature et un défaut d’habileté manuelle de l’enfant au brossage accélèrent la progression des lésions carieuses qui restent parfois actives même après la mise en occlusion.
Les approches préventives sont l’enseignement à l’hygiène orale à l’aide de dentifrice fluoré, la fluoration topique et les scellements de sillons. La réussite de ces derniers est limitée par les difficultés d’isolation dans les molaires.
Les scellements avec des ciments verres ionomères (CVIs) permettent de diminuer la déminéralisation, même après la perte des CVIs. Toutefois, cette technique demande plus de temps et de compétences que l’application de vernis fluorés qui inhibent le phénomène de déminéralisation et augmentent celui de reminéralisation.
Récemment, un vernis fluoré a été combiné avec un CVI modifié par adjonction de résine (Clinpro XT™ Varnish, 3M ESPE). Peu d’études ont comparé l’efficacité des scellements de sillons à base de CVI conventionnel versus ceux effectués avec un vernis combiné aux CVIMARs.
Comparer le développement des lésions carieuses 12 mois après le traitement de molaires en éruption partielle soit avec un CVIMAR-vernis fluoré (Clinpro XT™ Varnish, 3M ESPE), soit avec un scellement à base de CVI conventionnel (Fuji VII, GC Corporation).
Au total, 583 patients âgés entre 6 et 8 ans ont été reçus en examen de contrôle. Les enfants avec des dents en cours d’éruption (entre 1 et 3 selon les stades de Dennison) présentant des sillons anfractueux ou des lésions carieuses débutantes (ICDAS 0,1,2,3) ainsi que les enfants avec une lésion interproximale (indiquant un risque carieux individuel élevé), coopératifs et avec une bonne hygiène bucco-dentaire, ont été inclus.
L’étude a inclus 182 dents sur 74 patients. Après un nettoyage prophylactique avec une pâte non fluorée, les dents ont été rincées puis isolées avec des rouleaux de coton puis le scellement de sillons a été appliqué selon les recommandations des fabricants. Deux groupes ont été constitués, le premier groupe a reçu du Clinpro XT™ Varnish et le second du Fuji VII. Deux évaluations ont été faites, une à 6 mois et une à 12 mois, sans regard sur les résultats précédents.
À 6 et 12 mois de suivi, les traitements n’ont pas montré de différence significative dans l’apparition de lésions carieuses ou dans la perte de scellements. L’application de vernis fluoré associé à un CVIMAR est plus rapide que l’application d’un scellement au CVI conventionnel. Le groupe avec des scellements de sillons au CVI conventionnel avait un pourcentage moins important de nouvelles lésions carieuses malgré le fait qu’il y avait plus de perte de scellement de sillons, mais sans qu’aucune différence significative n’ait été montrée.
L’utilisation d’un CVIMAR couplé à un vernis fluoré n’a pas montré de supériorité à l’utilisation d’un scellement de sillons à base de CVI conventionnel.
Dans le cas de molaires en cours d’éruption, où l’isolation sur des enfants plus ou moins coopérants peut être compromise, les praticiens peuvent être séduits par des produits qui semblent plus rapides et plus faciles à mettre en place. Cette étude montre qu’investir dans un nouveau produit CVIMAR-F n’apportera pas de bénéfice par rapport à un CVI conventionnel mais peut permettre à des praticiens peu à l’aise avec les CVI de proposer une alternative à leurs patients.
La revue de presse est coordonnée par
Philippe FRANÇOIS
MCU-PH Biomatériaux, UFR Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau
Ont collaboré à cette revue de presse :
Adrien BRUN
Maître de Conférences des universités, Praticien Hospitalier en Parodontologie, UFR Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Henri Mondor
Marie-Joséphine CRENN
AHU en Odontologie prothétique, UFR Odontologie-Garancière, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Rothschild
Vincent FOUQUET
AHU en Odontologie Prothétique, UFR Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Louis Mourier
Philippe FRANÇOIS
MCU-PH Biomatériaux, UFR Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau
Martin GAUDINAT
Interne DESCO, UFR Odontologie-Garancière, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Marianne LAGARDE
AHU en Odontologie pédiatrique, UFR Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Henri Mondor
Matthieu MOULINIER
Ancien AHU, Exercice libéral limité à la Chirurgie orale, Ermont (95)