Dentisterie
Restauratrice
Julien BROUSSEAUD* Pascal DE MARCH** Franck DECUP***
*Ancien AHU, Prothèses, UFR Bordeaux 2. Attaché hospitalier, service Odontologie, CHU de Bordeaux. Exercice libéral, Bordeaux.
**MCU-PH, Prothèses, Faculté d’Odontologie de Lorraine. Exercice libéral, Metz.
***MCU-PH, Odontologie restauratrice et Endodontie, Université de Paris. Rédacteur en chef de la revue CLINIC. Exercice libéral, Paris.
La perte de la vitalité pulpaire positionne la dent dans une phase finale pour laquelle des solutions de conservation sont toujours possibles. Bien que son pronostic soit diminué, on sait que les tissus persistants de la dent dépulpée sont peu modifiés, capables de résistance intrinsèque, et qu’ils restent durablement liés au parodonte par l’intermédiaire du cément et du ligament alvéolo-dentaire [1].
Chaque praticien se reconnaîtra dans le choix qu’il doit faire entre les traitements de restaurations corono-radiculaires (RCR) actuels : le scellement d’un inlay-core métallique ou la réalisation par collage d’une restauration en résine composite associée à un tenon fibré.
Dans le cas des inlay-cores, la Haute Autorité de santé (HAS) dans ses recommandations a défini les situations cliniques où ils restent fortement indiqués. L’objectif clinique principal des RCR métalliques coulées est d’assurer une partie de la reconstitution coronaire et de participer à la rétention de la future couronne d’usage, tout en essayant de répartir au maximum les contraintes transmises aux tissus dentaires résiduels. L’ancrage radiculaire y joue un rôle important.
Les fractures radiculaires sont les échecs les plus souvent rencontrés avec ce type de restauration. C’est pourquoi les techniques de préparation sont guidées par l’économie tissulaire et le recours au tenon anatomique. Quelques règles doivent être respectées (figures 1 à 3). Pour rappel :
– la longueur du tenon ne doit jamais atteindre le début d’une courbure ;
– la longueur intra-radiculaire doit être supérieure ou égale à la hauteur coronaire ;
– l’extrémité du tenon doit se situer plus apicalement que le rebord osseux ;
– l’étanchéité apicale doit être assurée par un bouchon de gutta de 5 mm minimum.
Pour les reconstitutions corono-radiculaires adhésives, un des principaux intérêts est de pouvoir les réaliser en une séance, en technique directe. La proximité des caractéristiques biomécaniques avec celles de la dentine réduit le différentiel des contraintes sur la dent, assure l’étanchéité des interfaces et la rétention, tout en préservant les structures. Ici c’est le décollement qui peut générer l’échec. Le tenon fibré, noyé dans la résine composite, a non pas valeur d’ancrage mécanique mais plutôt celle d’extension de la surface d’adhésion.
Les règles de procédure sont guidées par la préparation des surfaces et la qualité du collage. Pour les principales (figures 4 à 9) :
– plus de 2 parois résiduelles ;
– hauteur des parois ? 2 mm ;
– épaisseur des parois ? 1,5 mm ;
– joint de la restauration le plus à distance du joint prothétique ;
– mise en place d’un champ opératoire ;
– préparation stricte de la surface de dentine (aéro-abrasion, ultra-sons, EDTA…).
Les progrès des matériaux, de l’isolation et des procédures adhésives permettent d’augmenter les indications de ces reconstitutions aux dépens des inlay-cores.
Au final, les résultats des RCR adhésives et ceux des RCR métalliques sont sensiblement identiques [2]. En revanche, il apparaît clairement dans la littérature que le principal facteur pour limiter les échecs, indépendamment du type d’ancrage et du matériau, semble être la réalisation d’un cerclage périphérique d’au moins 1,5 mm [3].
Le match entre collage et ancrage ne se situe peut-être pas uniquement là où on le pense !
Congrès de l’ADF – Mastermatch E96
Samedi 27 novembre 2021, 11 h-12 h
Responsable scientifique : Franck Decup