Clinic n° 09 du 01/09/2021

 

Revue de presse

Internationale

Mathieu IZART  

Les concepts actuels de mise en forme canalaire sont essentiellement fondés sur des mouvements rotatifs. Cependant, leur utilisation requiert une grande prudence et une haute technicité, les sensations tactiles étant extrêmement importantes pour prévenir toute complication. Mal maîtrisés, ces instruments peuvent être à l’origine de la formation de butées ou de fausses routes ou peuvent même se fracturer dans le canal et complexifier grandement le traitement.

Aussi, les...


Les concepts actuels de mise en forme canalaire sont essentiellement fondés sur des mouvements rotatifs. Cependant, leur utilisation requiert une grande prudence et une haute technicité, les sensations tactiles étant extrêmement importantes pour prévenir toute complication. Mal maîtrisés, ces instruments peuvent être à l’origine de la formation de butées ou de fausses routes ou peuvent même se fracturer dans le canal et complexifier grandement le traitement.

Aussi, les auteurs proposent de sortir de ce paradigme de rotation continue, voire de réciprocité, et d’expérimenter une nouvelle voie en utilisant un contre-angle reproduisant des mouvements de va-et-vient verticaux (mouvement de piston). Ils ont conçu plusieurs prototypes avant de comparer leur prototype optimal à d’autres limes associées à l’utilisation de moteurs endodontiques à mouvements rotatifs.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

La première expérience consistait donc à tester divers prototypes et limes sur des dents extraites. La vitesse du contre-angle était fixée à 5 000 mouvements par minute. Une lime K10 a servi au cathétérisme initial. Les auteurs ont ensuite comparé des amplitudes différentes, des poids de contre-angle variables ainsi que des limes H associées à l’utilisation du contre-angle de tailles 15, 20 ou 25/100. La sélection de limes Hedstrom dans cette étude s’explique notamment par leur haut degré de flexibilité par rapport à une lime K de même diamètre, en plus d’avoir une meilleure capacité de mise en forme et de relargage des débris dentinaires. Une amplitude de mouvement de 1,35 mm et un poids pour la tête du contre-angle de 61 g ont été trouvés comme idéaux.

La seconde expérience reprenait alors le prototype sélectionné précédemment et se proposait de tester la mise en forme ainsi obtenue en la comparant avec celles obtenues par une mise en forme manuelle ou mécanisée. La trajectoire utilisée pour les différents systèmes était la même : un canal en forme de J avec une courbe de 30° dans un bloc de résine époxy a été utilisé. De la même façon que précédemment, une lime K10 a tout d’abord été engagée dans le canal puis la longueur de travail déterminée. Le groupe employant des limes manuelles a réalisé ensuite un cathétérisme avec des limes K15, K20 puis K25. Le groupe mécanisé rotatif a réalisé une mise en forme grâce à une lime Reciproc Blue R25. Enfin, pour le groupe expérimental principal, le groupe utilisant le contre-angle à piston, une lime H25 a été sélectionnée.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Les groupes utilisant le Reciproc ou le moteur à piston étaient statistiquement plus rapides et avec moins de transport de la trajectoire canalaire par rapport à la mise en forme manuelle. Les temps de préparation étaient respectivement de 36, 161 et 62 secondes pour les groupes piston, manuel ou NiTi.

Les auteurs soulignent la capacité des instruments à mouvement rotatif (manuel comme mécanisé) à induire des microcracks dans la dentine ou encore à se visser dans la paroi et induire des butées, voire des fausses routes. À l’inverse, le mouvement de piston permet d’éliminer efficacement et sélectivement la dentine affectée tout en produisant un son et un recul reconnaissables lorsque butant sur de la dentine saine. Le bout de la lime ne se plante pas ni ne casse dans la dentine mais continue de chercher un point de passage. Le risque d’excès de préparation est levé et cela diminue grandement le risque d’erreur de préparation.

Il est à noter que, alors que le mouvement rotationnel est courant et donc globalement maîtrisé par les utilisateurs de cette étude, le mouvement de piston est peu courant. Aussi les manipulateurs ont-ils eu de bons résultats avec les limes H malgré le manque d’entraînement.

PERTINENCE CLINIQUE

L’instrument présenté semble donc particulièrement intéressant pour l’omnipraticien : il ne nécessite pas ou que peu d’entraînement et diminue le risque de préparation iatrogène et de fracture. De plus, une lime unique pourrait faire face à la quasi-totalité des situations cliniques présentées selon les auteurs, diminuant par-là les coûts en consommable. Mais l’instrument a pour l’instant été uniquement étudié pour la réalisation de traitements initiaux : il reste encore à l’étudier dans les retraitements orthogrades.

Il manque néanmoins de réels essais cliniques et de recherches menées par d’autres équipes sur son efficacité et sur le matériel idéal à utiliser conjointement à son utilisation.

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