Revue de presse
Internationale
On retrouve un taux de survie implantaire allant de 83 à 100 % dans la littérature avec des temps de suivi variables. Cependant, nombre d’études sont réalisées par des cliniciens aguerris, avec des protocoles précis, une sélection des patients très stricte et sont souvent de simples études transversales. Et nombre d’entre elles comportent des biais d’observation, cherchent à obtenir les meilleurs résultats et ne sont pas applicables à la pratique de ville. Le but de cette...
On retrouve un taux de survie implantaire allant de 83 à 100 % dans la littérature avec des temps de suivi variables. Cependant, nombre d’études sont réalisées par des cliniciens aguerris, avec des protocoles précis, une sélection des patients très stricte et sont souvent de simples études transversales. Et nombre d’entre elles comportent des biais d’observation, cherchent à obtenir les meilleurs résultats et ne sont pas applicables à la pratique de ville. Le but de cette étude était d’analyser les facteurs de risque liés au patient et leur impact sur le taux de survie implantaire au cours du temps, en utilisant un échantillon de patients pris au hasard dans divers cabinets de ville aux États-Unis. Les auteurs ont émis l’hypothèse que l’âge, le sexe, le diabète, le statut de fumeur et la localisation des implants sur l’arche pouvaient influencer l’échec implantaire au cours du temps. L’étude avait pour objectif de quantifier les effets des différents facteurs de risque et d’estimer un taux de survie implantaire plus proche de la réalité dans les cabinets de ville.
Cette étude de cohorte multicentrique rétrospective s’intéressait aux patients ayant reçu un implant dans l’un des 8 cabinets de ville sélectionnés à travers le pays, avec plus de 10 ans d’expérience en implantologie. Les cabinets étaient localisés dans différentes zones des États-Unis incluant des zones urbaines, périphériques et rurales. Des implants de diverses compagnies ont été placés par des chirurgiens oraux, des spécialistes en parodontologie, des spécialistes en prothèse et des chirurgiens-dentistes généralistes. Pour être inclus dans l’étude, les patients devaient avoir eu la pose de l’implant et le suivi dans le même cabinet et avoir fourni l’ensemble de leurs antécédents médicaux. Les patients sans antécédents médicaux complets, ayant bénéficié d’implants ptérygoïdiens ou zygomatiques ou n’ayant pas eu de suivi dans le même cabinet, ont été exclus. Le critère de jugement principal était le délai avant l’événement (échec implantaire ou dernier suivi connu), mesuré en semaines. Les variables observées dépendantes du patient étaient : l’âge à la pose de l’implant, le sexe, la date de la pose de l’implant, la date du dernier suivi, la raison de l’échec implantaire, le site de l’implant, le statut de fumeur et la quantité de cigarettes consommées, le statut diabétique et la mesure de l’hémoglobine glyquée. Les variables observées indépendantes du patient étaient : le protocole chirurgical en un temps ou en deux temps, la pose de l’implant immédiatement après extraction dentaire ou dans un site alvéolaire cicatrisé.
Au total, 835 implants ont été placés chez 378 patients (47,9 % hommes/52,1 % femmes), sélectionnés au hasard dans les 8 cabinets de ville : 34,1 % ont été placés immédiatement après extraction dentaire ; 64,3 % ont été placés en un temps chirurgical ; 34 échecs implantaires (4,1 %) ont été retrouvés. Les causes d’échecs implantaires ont été notées : 2,9 % pour cause de dépose, 11,8 % pour cause d’échec spontané, 32,4 % pour cause d’infection, 35,3 % pour cause de mobilité et 17,6 % pour raison inconnue ou cause non spécifiée. L’âge moyen des patients était de 60 ans ; 15 % des implants ont été posés chez des patients fumeurs, 16 % chez des patients diabétiques. Le taux de survie implantaire global à 10 ans était de 90,1 %. Chez les patients fumeurs, il était de 72,3 %, chez les patients diabétiques de 92,6 % et chez les patients de moins de 70 ans de 86,4 %. L’âge est la seule variable qui présentait une différence significative. Ce chiffre est dans la fourchette basse des chiffres retrouvés dans les études déjà publiées et paraît plus représentatif du taux de survie implantaire global. Ce chiffre est peut-être même optimiste puisqu’il ne prend en compte que les échecs implantaires observés lors du suivi au sein d’un même cabinet et ne prend pas en considération les implants, avec péri-implantite ou avec complication prothétique, qui pourraient échouer dans le futur. Le suivi moyen était de 23 mois, ce qui est court. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que les patients peuvent considérer le traitement implantaire comme définitif et penser qu’un suivi et une maintenance ne sont pas nécessaires. Le diabète, le statut de fumeur et l’âge avancé (> 70 ans) n’ont pas montré de différence significative dans cette étude. On peut penser que les praticiens ont évalué le bénéfice/risque de la thérapeutique implantaire chez ces patients afin de limiter les risques d’échecs implantaires et ont pris des précautions supplémentaires (antibiotiques, placement d’un plus grand nombre d’implants, plus longue durée de cicatrisation, traitement moins invasif en cas d’échec implantaire…). Pour le statut de fumeur et le statut diabétique, les patients ont pu omettre de révéler des informations ou bien ne pas avoir été diagnostiqués. La quantification par le nombre de cigarettes consommées ou l’hémoglobine glyquée n’a pas pu être exploitée car les informations n’étaient pas toujours disponibles dans les dossiers des patients. Ces résultats sont bien sûr à confirmer avec des études de plus grande ampleur, incluant d’autres pays.
Malgré de nombreuses limitations, cette étude élimine les biais d’observation de la part des cliniciens ou des patients et contient un échantillon de patients sélectionnés au hasard à travers les États-Unis. Un taux de survie implantaire à 10 ans de 86,4 %, pour les patients de moins de 70 ans, semble bien plus proche de ce que l’on retrouve habituellement dans les cabinets de ville. De quoi dédramatiser lorsque l’on n’atteint pas toujours personnellement les chiffres retrouvés dans la littérature et se rappeler aussi qu’il faut renforcer l’éducation de nos patients au suivi et à la maintenance implantaire.