Revue de presse
Internationale
Les procédures d’élévation du plancher sinusien sont couramment pratiquées afin de créer une hauteur osseuse suffisante pour la mise en place d’implants dentaires. Deux techniques sont principalement utilisées : l’abord par voie crestale (TSA) et l’abord par voie latérale (LWFSE). La LWFSE a comme principale complication la perforation de la membrane sinusienne (MP). Différentes techniques existent afin de réparer la perforation de cette membrane et permettre de poursuivre...
Les procédures d’élévation du plancher sinusien sont couramment pratiquées afin de créer une hauteur osseuse suffisante pour la mise en place d’implants dentaires. Deux techniques sont principalement utilisées : l’abord par voie crestale (TSA) et l’abord par voie latérale (LWFSE). La LWFSE a comme principale complication la perforation de la membrane sinusienne (MP). Différentes techniques existent afin de réparer la perforation de cette membrane et permettre de poursuivre l’intervention jusqu’à son terme. Cette étude rétrospective a pour but d’évaluer l’influence des facteurs anatomiques et chirurgicaux afin de mieux évaluer le risque d’une perforation de la membrane lors d’une approche par voie latérale.
Deux cent deux greffes sinusiennes réalisées entre 2014 et 2019 sur 166 patients ont été incluses dans l’étude rétrospective. Les paramètres suivants ont été analysés afin d’étudier leur influence sur la survenue d’une MP : l’expérience de l’opérateur, le type d’instrument utilisé (pièce à main, Piezotome®), la taille de la fenêtre osseuse, la présence d’une pathologie sinusienne. Une analyse du cone beam pré-opératoire a été réalisée par le même opérateur radiographique. Ce dernier a enregistré les données suivantes :
• RBH : hauteur osseuse résiduelle entre le plancher du sinus et le sommet de la crête édentée ;
• LWT : épaisseur de la corticale osseuse vestibulaire, mesurée sur une coupe coronale à 5 mm du point le plus apical du sinus (F) et correspondant au milieu théorique de la fenêtre osseuse (L). Une droite est tracée reliant le point L de la paroi latérale au point M situé sur la paroi médiale du sinus ;
• LFM : angle (en degrés) formé entre la paroi latérale, le point le plus apical F du sinus et la paroi médiale ;
• LAM : angle (en degrés) formé entre la paroi latérale, le point A le plus antérieur du sinus et la paroi médiale du sinus ;
• LM : distance entre les parois médiale et latérale du sinus mesurée à différentes hauteurs par rapport au point F : LM-5, mesurée à 5 mm ; LM-10 à 10 mm et LM-15 à 15 mm.
La présence de septa osseux, la position de l’artère alvéolo-antrale ainsi que le type d’anesthésie ont également été pris en compte. Une approche par équation d’estimation généralisée (GEE) avec un estimateur sandwich variance/covariance a été utilisée pour évaluer les associations avec une perforation de la membrane.
Une perforation de la membrane sinusienne a été observée dans 25,74 % des 202 interventions. L’analyse de l’ensemble des CBCT a permis de trouver les résultats suivants : LWT moyen de 1,6 ± 0,6 mm, RBH de 3,2 ± 1,5 mm, angle LFM de 95,5 ± 10,1° et angle LAM de 75,5 ± 11,0°. Les distances moyennes entre la paroi latérale et la paroi médiale sont les suivantes : LM-5 de 12,0 ± 2,0 mm ; LM-10 de 15,4 ± 3,1 mm et LM-15 de 16,4 ± 4,6 mm. Des septa sinusaux ont été retrouvés sur 42 des 202 sinus. D’après les résultats, le risque de perforation de la membrane sinusienne est plus faible pour les LWT < 1,5 mm. En ce qui concerne l’angle LFM, lorsqu’il est > 90°, le risque de perforation est quasiment doublé (38 %) par rapport aux sinus qui ont un LFM > 90°. La moyenne des angles LAM retrouvés sur les sinus dont la membrane a été perforée est de 68,2 ± 11,1°. Lorsque l’angle LAM est > 70°, le risque diminue. Les sinus ayant un LM-5 < 10 mm ont présenté le nombre le plus important de perforations. Enfin, les fenêtres osseuses larges (> 80 mm2) augmentent le risque de perforation de la membrane. Les autres critères comme la hauteur osseuse résiduelle, le type d’anesthésie ou d’instrument utilisé ainsi que le sexe du patient ont été étudiés mais n’ont pas permis de tirer de conclusions.
D’après les résultats de cette étude rétrospective, le risque de perforation de la membrane lors d’une approche par voie latérale est plus important lorsque la corticale osseuse vestibulaire est épaisse (> 1,5 mm) et que le sinus présente une anatomie étroite. Afin d’évaluer le risque de perforation avant une intervention, il est assez simple pour le chirurgien de mesurer le LWT et la distance LM-5 sur une coupe coronale plutôt que le degré de l’angle LFM dont la position des points peut varier. De même, la position de la fenêtre osseuse, proche du plancher, facilite le décollement et diminue le risque de MB. Il serait intéressant d’étudier le taux de survie des implants sur les sinus ayant eu une perforation versus ceux qui n’en n’ont pas eu.