Clinic n° 07 du 01/07/2021

 

Revue de presse

Internationale

Vincent FOUQUET  

Depuis une trentaine d’années, la CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur) dentaire se développe rapidement. Les systèmes CFAO actuels, c’est-à-dire les empreintes optiques et leurs chaînes numériques, permettent une augmentation du confort du patient, un gain de temps, de précision et de productivité tout en réalisant une grande variété de cas acceptables.

Les caméras intra-orales effectuent l’acquisition de données 3D de la zone d’intérêt dans...


Depuis une trentaine d’années, la CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur) dentaire se développe rapidement. Les systèmes CFAO actuels, c’est-à-dire les empreintes optiques et leurs chaînes numériques, permettent une augmentation du confort du patient, un gain de temps, de précision et de productivité tout en réalisant une grande variété de cas acceptables.

Les caméras intra-orales effectuent l’acquisition de données 3D de la zone d’intérêt dans la bouche du patient. Ces données sont ensuite transférées vers différents logiciels de CAO dentaire qui vont réaliser la conception des prothèses.

Certaines caméras (système ouvert) permettent l’export de ces données 3D dans un fichier STL (Standard Tessellation Language) alors que d’autres (système fermé) permettent l’export uniquement dans un format propriétaire ou, parfois, autorisent l’export dans un format STL à travers une étape de conversion à partir du format propriétaire pour pouvoir utiliser ces données dans d’autres logiciels de CFAO dentaire. Cette étape peut entraîner une perte de données due aux multiples étapes de traitements lors de la conversion et peut affecter l’adaptation finale de la restauration.

Le but de l’étude est d’évaluer la précision de la corrélation entre les empreintes optiques et les logiciels dentaires de conception assistée par ordinateur, notamment la perte de données depuis l’étape de l’empreinte optique à l’étape de conception.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Un modèle dentaire Frasaco AG-3 totalement denté a été utilisé dans cette étude in vitro pour simuler une arcade. La 16 a été préparée pour simuler un cas de couronne unitaire. Il a été scanné par un scanner industriel professionnel (GOM ATOS Core 80) afin d’avoir l’empreinte optique de référence du modèle préparé.

Ensuite, le modèle a été scanné avec 3 caméras intra-orales de marques différentes, Cerec Omnicam, 3Shape Trios 3 et GC Aadva IOS 100. Le praticien a 2 ans d’expérience dans la manipulation de ces caméras. Chaque prise d’empreinte optique a été effectuée 10 fois pour chaque caméra dans des conditions d’éclairage identiques. Les empreintes optiques prises avec la caméra Cerec Omnicam ont été exploitées avec le logiciel propriétaire Cerec inLab de la même marque que la caméra et avec le logiciel ouvert Exocad. Les empreintes prises avec la caméra 3Shape Trios 3 ont été exploitées avec le logiciel propriétaire Trios Design Studio de la même marque que la caméra et par le logiciel ouvert Exocad. Les empreintes prises avec la caméra GC Aadva IOS ont été exploitées avec le logiciel ouvert Exocad uniquement.

Dans chaque logiciel de CAO, les conceptions de l’intrados ont été conçues avec un espace de ciment réglé à 0, le but étant que les couronnes « numériques » conçues par les logiciels soient le plus ajustées à la préparation. Les couronnes obtenues par les différentes caméras et logiciels sont alignées avec l’empreinte optique de référence de la préparation afin de mesurer les erreurs de superpositions grâce au logiciel VR Mesh.

RÉSULTATS

Le couple Cerec Omnicam/InLab est la combinaison qui permet d’avoir la plus petite erreur entre la préparation et la couronne virtuelle avec une erreur moyenne de 0,003 µm entre la plus basse valeur négative et la plus haute valeur positive. Suivi par le couple Trios 3/Trios Design Studio avec une erreur moyenne de 0,005 µm, puis les couronnes conçues sur Exocad avec des erreurs moyennes autour de 0,01 µm.

PERTINENCE CLINIQUE

On peut remarquer que les couples caméra et logiciel propriétaire de la caméra sont les combinaisons qui font théoriquement le moins d’erreur. L’export en fichier STL induit une légère perte dans la résolution de l’empreinte optique. Le gros biais de l’étude est que les mesures sont faites in vitro dans des conditions idéales. Dans un milieu in vivo, les erreurs de précision de l’empreinte optiques sont plus grandes.

Les différences d’erreurs entre les différents couples caméra/logiciels montrent que toutes les combinaisons sont cliniquement acceptables pour une préparation unitaire. La fabrication de la couronne par usinage ou par impression 3D entraîne une erreur beaucoup plus grande que les valeurs trouvées pour les erreurs induites par le couple caméra/logiciel.