Clinic n° 06 du 01/06/2021

 

Évaluation

Tristan PICARD*   Sébastien PISCITELLO**   Truong NGUYEN***  


*AH, service de Parodontologie, Montpellier, CES de Parodontologie, Exercice libéral, Marseille.
**Ancien AHU, service de Parodontologie, Montpellier, DU d’Implantologie et de Parodontologie clinique, DU d’Anatomie chirurgicale et sectionnelle, Exercice libéral, Frontignan.
***Ancien AHU, service de Prothèse, UFR d’Odontologie, Université de Paris.

Les techniques d’ostéo-intégration ad modum Brånemark/Schroeder ont consacré l’implantologie orale comme une modalité incontournable pour traiter l’édentement de par la fiabilité des protocoles cliniques sur le long terme mais aussi la reproductibilité des résultats et leur stabilité à long terme [1].

Le développement croissant de la thérapeutique implantaire a vu naître une offre pléthorique de marques sur le...


Résumé

Le choix d’un système implantaire peut laisser perplexe bon nombre de praticiens. Comment choisir parmi les dizaines présents sur le marché de l’implantologie ? Outre l’importance du recul clinique d’un système et des études scientifiques à long terme le concernant, ce sont les attentes spécifiques à chaque praticien qui vont s’avérer déterminantes, lui permettant ainsi de répondre à n’importe quelle situation clinique. Chacun de ces éléments est capital, aucun ne devant être négligé lors d’une réflexion objective, au travers de différents critères que nous avons listé et synthétisé dans un tableau récapitulatif, sous forme de questions à se poser avant de s’engager sur du long terme avec une marque, quelle qu’elle soit (tableau 1).

Les techniques d’ostéo-intégration ad modum Brånemark/Schroeder ont consacré l’implantologie orale comme une modalité incontournable pour traiter l’édentement de par la fiabilité des protocoles cliniques sur le long terme mais aussi la reproductibilité des résultats et leur stabilité à long terme [1].

Le développement croissant de la thérapeutique implantaire a vu naître une offre pléthorique de marques sur le « marché » et une dynamique concurrentielle parfois difficile à appréhender : 12 à 18 millions d’implants sont vendus chaque année dans le monde par plus d’une centaine de marques [2].

Le praticien est désormais confronté à un choix important de matériaux, de conceptions, de connectiques, de trousses chirurgicales/prothétiques, mais également à une variabilité tarifaire allant du simple au sextuple, rendant complexe le choix d’un système implantaire pour débuter son activité.

Une étude a été réalisée aux États-Unis, interrogeant un panel de chirurgiens-dentistes pratiquant l’implantologie, omnipraticiens ou spécialistes, afin de recenser les critères qui leur semblaient importants dans un système implantaire [3].

Certains de ces critères ont été retrouvés lors d’une enquête réalisée en France en 2016 sur une base de 1 000 praticiens [4]. Les trois critères de choix dominants pour le fournisseur étaient :

– la fiabilité démontrée du système (54,1 %) ;

– la simplicité d’utilisation (14,9 %) ;

– la notoriété du fournisseur (12,9 %).

Ces études ont eu le mérite de privilégier, à partir de données déclaratives, des facteurs scientifiques et techniques pour le choix d’un système implantaire. En fait, le biais subjectif reste présent dans la mesure où les critères sélectionnés découlent plutôt d’une expérience personnelle passée et non d’une prise de décision spontanée. Dans ce sens, le démarrage en implantologie est très dépendant de la formation initiale, du mentorat éventuel mais aussi du support technico-commercial du fournisseur.

Au travers de cet article, les caractéristiques d’un implant dentaire seront passées en revue pour permettre une approche la plus objective possible dans la prise de décision en regard des pratiques de chacun.

Cependant, les performances d’un système implantaire ne dépendent pas uniquement de son registre technico-technologique et doivent être conceptualisées dans le respect des bonnes pratiques, et ce quel que soit l’implant : présence ou rétablissement d’une santé parodontale, rigueur de l’analyse pré-implantaire et prothétique.

MARQUE

Aujourd’hui, plusieurs marques proposent des systèmes implantaires. Certaines sont présentes sur le marché depuis plusieurs dizaines d’années et d’autres sont plus récentes.

On peut distinguer trois catégories de systèmes implantaires : les systèmes de marques dites premium, les systèmes de marques dites value ou « milieu de gamme » et les marques dites low cost [5].

• Les marques premium sont généralement parmi les premières firmes à avoir développé des systèmes implantaires. Elles ont donc l’avantage d’avoir un recul clinique et scientifique important. De plus, leur budget recherche et développement est conséquent, aboutissant le plus souvent à des déposes de brevets sur les conceptions implantaires. Ces éléments sont gages d’une certaine confiance pour les praticiens débutant en implantologie, avec l’assurance d’un système ayant fait ses preuves. Ces marques proposent également le plus souvent des formations, aussi bien chirurgicales que prothétiques, afin d’appréhender au mieux les cas cliniques du quotidien avec, en plus, la possibilité de mentorat par un praticien utilisateur ou une assistance technique au cabinet par un spécialiste produit/représentant commercial. Néanmoins, le coût de ces systèmes est souvent plus élevé que celui des autres marques.

• Les marques dites value ou middle cost ont généralement moins de recul clinique que les marques premium. La communication est souvent plus délicate avec, comme seule interface, un site internet permettant les commandes. Les tarifs proposés sont cependant plus intéressants pour le praticien, ce qui peut être répercuté sur le tarif global facturé au patient.

• Les marques low cost sont utiles pour réduire les coûts et permettre ainsi à des patients ayant des moyens économiques limités de profiter de traitements implantaires. Néanmoins, il est important de souligner que ces implants n’ont pas fait l’objet d’études cliniques. Leur budget recherche et développement étant souvent moins important, ces marques préfèrent copier les brevets des marques premium ou middle cost, ce qui n’est pas obligatoirement un gage de sureté, les chaînes de distribution étant différentes.

Choisir un système utilisé par le plus grand nombre peut aussi avoir comme avantage la possibilité d’échanger ou de se prêter des éléments de l’accastillage implantaire qui diffèrent en fonction des marques. De même, pour les praticiens ayant une activité exclusive en implantologie, cela donne la possibilité d’adresser la réalisation de la prothèse supra-­implantaire aux correspondants.

L’accès à l’information par le biais de site internet peut permettre au praticien de recueillir quelques renseignements sur le système et un aperçu sur la gamme d’implants proposée. De même, la possibilité de passer commande via internet (e-shop) est intéressante et permet de gagner en fluidité.

La possibilité qu’un représentant de la marque se déplace au cabinet ainsi que sa disponibilité sont des atouts non négligeables sur la relation client. Cela permet de poser d’éventuelles questions et d’être guidé lors de ses premiers achats et même de ses premières chirurgies.

Opter pour une marque premium permet de s’assurer de la qualité du matériel (recherche et développement, chaîne de distribution…), d’avoir un panel d’accastillage prothétique suffisant pour faire face à différents cas cliniques à long terme mais aussi de bénéficier d’une relation client qualitative. Cependant, l’utilisation de marques « secondaires » permet de limiter les coûts, tout en ayant à sa disposition un matériel d’une certaine qualité.

IMPLANT ET PHASE CHIRURGICALE

Matériau utilisé

L’implant peut être composé de titane pur à usage médical : CpTi (classé de grade 1 à 4, le grade 4 correspondant à une pureté de 99,5 %). On peut aussi utiliser un alliage de titane (Ti6Al4V) : on parle alors d’un titane de grade 5. Son intérêt est qu’il présente une bonne biocompatibilité, tout en améliorant les propriétés physiques de l’implant [6]. Cependant, l’alliage de grade 5 ne présente pas un recul clinique et scientifique comparable au titane grade 4.

La plupart des implants premium adoptent du titane pur de grade 4 à l’inverse des implants dits secondaires qui sont en titane allié.

La zircone fait aussi son apparition dans les matériaux utilisés pour la fabrication des implants [7].

Seuls quelques sociétés proposent des implants de ce type. Leur avantage principal est de présenter une excellente biocompatibilité tout en réduisant les risques d’allergies au long cours [8]. La couleur blanche du matériau est un avantage en zone esthétique lorsque les tissus péri-implantaires sont fins, évitant tout risque de colorations grisâtres (figure 1).

Il existe également des implants composés d’un mélange titane-zircone, alliant ainsi propriétés biomécaniques et biologiques.

Le titane grade 4 ou 5 est aujourd’hui le gold standard dans le choix du matériau implantaire. Les implants céramiques (zircone) représentent une perspective à considérer dans la réflexion.

État de surface implantaire

Le recours aux surfaces rugueuses répond à un double objectif :

– l’amélioration de la réponse osseuse, notamment dans les régions postérieures [9] ;

– la réduction du temps de cicatrisation en vue d’une mise en charge précoce [10].

Différentes rugosités ont été proposées :

– les implants peu rugueux (surface usinée) ont une rugosité comprise entre 0,5 et 1 µm ;

– les implants moyennement rugueux ont une rugosité qui varient entre 1 et 2 µm ;

– les implants fortement rugueux ont une rugosité supérieure à 2 µm.

Aujourd’hui, les implants commercialisés ont le plus souvent un état de surface obtenu par soustraction, selon différentes techniques :

– mordançage ;

– mordançage et sablage ;

– oxydation anodique.

Cela aboutit à l’obtention d’une rugosité moyenne plus favorable pour la santé péri-implantaire à long terme [11]. Les implants à surface usinée ad modum Brånemark ont progressivement disparu du marché.

Cependant, la texture de surface rugueuse ou poreuse doit être considérée comme un facteur critique en présence d’une péri-implantite, le nettoyage et la décontamination étant extrêmement difficiles. Certains systèmes implantaires ont proposé des implants dits hybrides combinant surface usinée pour le col et les trois premières spires puis surface rugueuse jusqu’à l’apex. Ainsi, en cas de perte osseuse, la partie cervicale limitera l’accumulation du biofilm tout en facilitant l’assainissement prophylactique.

Les surfaces rugueuses obtenues par soustraction permettent une meilleure ostéo-­intégration et une stabilité sur du long terme [9, 10].

Corps implantaire

Forme (figure 2)

• Cylindrique : ce sont les implants avec le plus de recul clinique, développés par Brånemark. Ce sont les implants les plus utilisés.

• Conique : il est utilisé dans le cadre de mise en charge immédiate ou d’extraction/implantation immédiate ou encore en présence d’un os de faible densité. En effet, plusieurs études montrent que les implants coniques ont une meilleure stabilité primaire que les implants cylindriques [12, 13].

• Cylindro-conique : combinant un corps droit associé à une faible conicité ou un corps légèrement conique associé à des spires asymétriques travaillantes uniquement au niveau du tiers apical.

Dimension de l’implant

Longueur

La longueur des implants est variable, ce qui permet de s’adapter à chaque situation clinique. Les implants courts (< 8 mm) ont été largement étudiés ces dernières années et ont montré leur efficacité dans des situations où la hauteur osseuse résiduelle est faible, tout en s’affranchissant notamment de greffe osseuse sinusienne ou de greffe osseuse verticale [14].

La présence de cette gamme d’implants dans un système peut permettre d’effectuer des réhabilitations implanto-prothétiques simplifiées, tout en évitant des complications biologiques liées aux greffes osseuses. La taille réduite de l’implant n’est pas un facteur de risque réduisant la survie de l’implant dans le temps [15].

Diamètre

Depuis quelques années, le nombre de diamètres disponibles dans les gammes d’implants a augmenté afin de mieux répondre aux exigences cliniques. En effet, le diamètre implantaire doit s’adapter à la situation clinique (espace prothétique, espace osseux, qualité osseuse) mais il impacte aussi la prothèse implantaire et donc l’esthétique.

Les implants de petits diamètres (< 3,75 mm) sont indiqués pour les espaces inter-radiculaires réduits, une crête alvéolaire mince et un diamètre prothétique cervical limité.

Les implants cylindriques sont les implants les plus utiles dans les situations cliniques du quotidien. Lorsqu’on recherche une meilleure stabilité primaire, on peut opter pour des implants coniques ou cylindro-coniques.

Positionnement de l’implant

Aujourd’hui, deux types d’implants sont proposés en fonction de leur position par rapport à la crête osseuse (figures 3 et 4).

• Les implants Tissue Level. L’implant est positionné en supra-crestal grâce à une plateforme implantaire qui peut être placé au niveau des tissus mous. Il est généralement caractérisé par un col évasé et lisse. Il est constaté une haute stabilité des tissus durs et mous autour de ces implants, due à la distance implant/pilier plus importante que pour les implants Bone Level. Ce type d’implant a des indications spécifiques mais il est déconseillé en secteur antérieur, le grisâtre du titane trans-muqueux risquant de colorer la gencive. Ce type d’implant ne nécessite pas de deuxième temps chirurgical, simplifiant le protocole.

• Les implants Bone Level. L’implant est positionné en juxta-crestal. Le pilier de cicatrisation peut être posé le jour de la pose de l’implant (un temps chirurgical) si, entre autres, la quantité de gencive kératinisée et la stabilité primaire sont suffisantes. La mise en place d’une vis de couverture est aussi possible : la gencive recouvre alors l’implant lors de la phase de cicatrisation, ce qui permettra, lors d’un deuxième temps chirurgical, de créer un profil d’émergence harmonieux (deux temps chirurgicaux). De plus, dans le cadre d’une temporisation par une prothèse amovible transitoire, il est plus sage de mettre une vis de couverture et d’évider l’intrados de cette même prothèse afin d’éviter toute surcharge sur l’implant. Le niveau de la limite entre l’implant et le pilier va influencer le remodelage osseux crestal. Le concept de plateform switching permet de limiter cette résorption en utilisant un pilier dont le diamètre est légèrement inférieur à celui du col implantaire et, donc, de décaler horizontalement le micro-joint [16, 17] (figure 5).

Une revue systématique de 2012 a montré qu’il n’y avait pas de différence significative entre les implants Bone Level et Tissue Level quant à la résorption osseuse péri-implantaire sur une période de 1 à 3 ans [18].

Certains systèmes implantaires fournissent une base cervicale transmuqueuse devant être connectée à l’implant lors de la pose chirurgicale, convertissant ainsi un implant Bone Level en Tissue Level. Cette disposition a l’avantage d’éliminer le pilier de cicatrisation, d’établir l’espace biologique d’emblée et d’éviter les connexions/déconnexions défavorables à la stabilité des tissus mous (one abutment one time) [19].

Cependant, l’utilisation d’implant Tissue Level en zone postérieure permet de s’assurer d’une bonne gestion du complexe parodontal sans avoir recours à des techniques complexes.

Une large gamme d’implants doit être disponible afin de pouvoir répondre à toutes les situations cliniques qui se présentent au cabinet.

Le plan de traitement va déterminer le choix de l’implant le plus adapté au cas. Il est évident qu’un système présentant plusieurs designs implantaires, tant au niveau de la forme que de la taille (diamètre/longueur), va permettre au praticien une adaptation maximale à toutes les situations cliniques, favorisant la réussite de la réhabilitation prothétique supra-implantaire.

Col implantaire

Il correspond à la partie coronaire de l’implant et reçoit le pilier prothétique (connexion à 3 étages) ou la prothèse implantaire (connexion à 2 étages).

On distingue une macrostructure (col droit ou évasé ou cône inversé) et une microstructure avec un état de surface (usiné ou rugueux) et une forme (lisse ou micro-filetage). La présence de micro-filetage sur le col permettrait un meilleur maintien de l’os cortical autour de l’implant [20]. Cependant, ceci reste à prouver, ce micro-filetage ayant été fait pour des questions mécaniques avec l’essor des connexions internes. Les cols évasés et lisses sont retrouvés sur les implants Tissue Level.

Ces dernières années ont vu apparaître des configurations cervicales « atraumatiques » visant à préserver et optimiser l’os cervical à faible capacité de remodelage : col conique inversé, col triangulaire.

Il faut cependant savoir, au-delà de l’importance du placement implantaire (axe, enfouissement, environnement osseux et gingival et prothèse supra-implantaire), qu’une thérapeutique de maintenance est primordiale.

En effet, les péri-implantites se développent plus facilement sur une surface rugueuse que sur une surface lisse au niveau du col implantaire. En outre, il est de plus en plus évident que certains facteurs liés au patient, tels que des antécédents de maladie parodontale et de tabagisme, conduisent à une plus grande perte osseuse péri-implantaire [21].

PHASE PROTHÉTIQUE

Le choix d’un système implantaire s’affine par la prise en compte des considérations prothétiques.

Le type de connectique utilisé va être un critère important, sa qualité conditionnant directement la pérennité biologique et mécanique de la dyade prothèse/implant [22].

Si, dans un premier temps, la connexion peut s’avérer n’être qu’un simple dispositif d’indexation pour le porte-implant et la suprastructure prothétique, elle représente aujourd’hui un facteur déterminant pour le praticien.

Deux types de connectiques

• Externe : principalement l’hexagone externe (historiquement l’implant ad modum Brånemark).

• Interne : plusieurs configurations sont disponibles :

– hexagone interne ;

– tri-lobée ;

– conique indexée (carrée, hexagone, octogone, dodécagone), conicité de 11 à 14° ;

– cône morse avec ou sans indexation, conicité 5°.

La connectique implanto-prothétique définit deux types de joints.

• Si la connexion hexagonale externe associée aux modèles implantaires ad modum Brånemark avait été plébiscitée jusque dans les années 2000, la pratique actuelle s’oriente majoritairement vers l’acquisition d’un système à connectique interne. L’argumentation primaire réside en une gestion facilitée pour les manipulations prothétiques. Cependant, la compréhension des interactions entre le joint implanto-prothétique et les tissus péri-implantaires fait ressortir la nécessité de contourner le hiatus entre l’implant et la suprastructure.

• Dans ce sens, la connexion conique indexée s’est imposée progressivement car elle :

– élimine le joint à plat, bord à bord ;

– assure une herméticité supérieure ;

– supprime l’ouverture du joint lors des sollicitations fonctionnelles (effet de pompe) ;

– intègre d’emblée un platform switch (ou shift).

Quant à la facilité opératoire, les conicités élevées (> 10°) s’avèrent plus conviviales que le cône morse, plus délicat pour la mise en place ou la dépose des superstructures (soudure à froid).

De plus, il a été prouvé que les connectiques internes diminuaient la perte osseuse péri-­implantaire comparativement aux connectiques externes [23].

L’utilisation d’une connectique interne indexée permet une gestion sereine du repositionnement du pilier implantaire [24].

Prothèse vissée ou prothèse scellée ?

Prothèse vissée

Elle implique la présence d’une vis et d’un puits d’accès. Ce puits d’accès doit se trouver dans les sillons occlusaux ou au niveau du cingulum en secteur antérieur.

L’implant doit donc être correctement positionné, sans quoi le puits d’accès peut se retrouver dans une zone esthétique et/ou fonctionnelle, bien qu’il soit possible désormais de confectionner par CFAO des restaurations transvissées unitaires ou plurales avec possibilités de rattrapage angulaire.

Les bénéfices des prothèses vissées sont nombreux : dépose prothétique aisée en cas de problème, absence d’excès de ciment de scellement pouvant conduire à une péri-implantite [25], vissage en direct-implant possible lorsque la hauteur prothétique est réduite.

Prothèse scellée

Elle a ses propres indications, notamment lorsque l’axe implantaire est trop difficile à corriger. L’utilisation de piliers personnalisés est alors recommandée et associée à un scellement. Une attention toute particulière devra alors être apportée à l’élimination des excès de ciment [26].

La prothèse implanto-portée contemporaine, qu’elle soit vissée ou scellée, se doit d’intégrer la chaîne de production numérique, qu’elle soit industrielle ou au sein du laboratoire de prothèse.

L’évolution technologique permet non seulement d’accéder désormais à une grande variété de matériaux prothétiques, allant des alliages non précieux à des superstructures céramiques, mais surtout de s’affranchir des composants préfabriqués. Certains fournisseurs implantaires préconisent un système de fabrication fermé (laboratoires agréés) tandis que d’autres laissent une latitude pour la confection des armatures par d’autres technologies. De ce fait, il est important de vérifier la disponibilité d’éléments de type base titane (Ti Base) spécifiques à la connectique pour permettre de les assembler par collage avec toutes les superstructures existantes.

Pour les cas plus complexes, il existe des piliers spécifiques qui permettent de répondre à certaines situations cliniques :

– les systèmes type Locator® ou Novaloc® (figure 6) permettent, par exemple, la réalisation de prothèses amovibles complètes stabilisées par des implants ;

– les piliers coniques (figure 7) permettent de corriger l’axe implantaire dans la réalisation de prothèses supra-implantaire fixées plurales.

L’analyse de la situation clinique permettra le plus souvent de choisir entre une prothèse transvissée et une prothèse scellée mais la prothèse transvissée sera privilégiée autant que possible (figure 8).

OUTILS NUMÉRIQUES

Grâce à l’évolution du flux numérique en dentisterie, la consultation pré-implantaire, la planification chirurgicale et la chirurgie guidée sont devenues incontournables.

Empreintes et caméras optiques

Les caméras optiques sont des outils précieux permettant d’enregistrer les arcades dentaires avec précision [27] tout en évitant les contraintes des empreintes conventionnelles implantaires (notamment l’ouverture buccale dans le cadre d’empreinte pick-up). Elles permettent à l’opérateur de gagner du temps et donnent un certain confort au patient, notamment pour les empreintes implantaires multiples [28].

L’utilisation de caméra optique requiert un équipement spécifique à l’implantologie (scan body, stéréophotogrammétrie…) qu’il convient d’identifier avant de choisir un système implantaire.

Chirurgie guidée

Elle permet de rendre l’acte chirurgical plus sûr, moins invasif, tout en augmentant la précision du geste. La position de l’implant est plus précise et coïncide parfaitement avec le projet prothétique planifié en amont, ce qui peut aider et rassurer le praticien qui débute en implantologie [29].

La chirurgie peut être totalement guidée (full guided/guidage intégral), du forêt pilote à la pose de l’implant, ou partiellement guidée (seul le foret pilote est guidé, voire toute la séquence de forage, mais la pose d’implant est à main levée).

L’utilisation de ces techniques implique d’avoir une trousse chirurgicale adaptée. En effet, l’utilisation de forêts dont la longueur est augmentée (pour compenser l’épaisseur du guide) est requise. Selon le système choisi, des cuillères de stabilisation sont utilisées pour permettre un passage précis du foret dans le guide et éviter toute erreur d’axe. Néanmoins, ce système de cuillères peut s’avérer fastidieux par rapport à l’utilisation de douilles en chirurgie full guided.

Certaines marques proposent des logiciels permettant la planification implantaire en amont d’une chirurgie guidée, ce qui peut être rassurant pour le praticien lors de ses premiers cas (choix et positionnement de l’implant). De même, l’avènement des techniques d’impression 3D a grandement facilité la production des guides chirurgicaux au laboratoire ou même au cabinet dentaire, réduisant ainsi le coût de fabrication du guide.

La planification et la conception d’un guide chirurgical demeurent des protocoles chronophages. Il est possible de déléguer cette étape de planification/conception à des prothésistes designers avant validation par le clinicien.

Chirurgie naviguée

La chirurgie naviguée, comme la chirurgie guidée, a pour objectif d’augmenter la précision du geste chirurgical mais aussi de le rendre moins invasif.

Ce type de chirurgie nécessite l’acquisition initiale d’un équipement spécifique et onéreux : une unité centrale, composée d’un ordinateur et d’une caméra, un contre-angle spécifique à la chirurgie naviguée, des instruments de calibrage et de repérage (stérilisables) ainsi que des pièces consommables. L’encombrement lié au matériel nécessite un bloc opératoire spacieux.

L’ensemble de l’accastillage nécessaire à la chirurgie naviguée est autoclavable : il n’y a donc aucun compromis sur l’asepsie, contrairement au guide chirurgical qui n’est pas stérilisable.

Comme pour la chirurgie guidée, une étape de planification implantaire via des logiciels spécifiques est à réaliser en amont de la chirurgie. Cependant, l’absence de guide chirurgical permet un gain de temps (pas de conception ni de délai d’impression).

Le coût initial de la chirurgie naviguée implique une utilisation fréquente, ce qui peut être intéressant pour un chirurgien-dentiste exerçant l’implantologie de façon exclusive ou en usage de groupe au cabinet.

La chirurgie guidée et/ou naviguée permet d’augmenter la précision du positionnement implantaire mais l’expérience du praticien reste un critère non négligeable dans la gestion de cas complexes avec ces outils. En effet, la capacité de pouvoir réaliser une pose d’implant à main levée est primordiale afin de pouvoir reprendre le contrôle si la chirurgie guidée ou naviguée faisait défaut.

SUIVI

Le suivi implantaire est une part entière du traitement car il n’est pas rare que des complications prothétiques ou biologiques se produisent. Il est donc important de pouvoir disposer d’un contact avec la firme permettant de retrouver des pièces (vis, tournevis, etc.) et de procéder à la réfection de la prothèse ou même, parfois, à la dépose des implants.

Il peut être important dans le choix du système de se tourner vers une firme pérenne, changeant peu d’accastillage, permettant un suivi au long terme efficace au cabinet.

Certaines marques proposent un système de garantie, tant sur l’implant que sur la prothèse, avec ou sans conditions. Ce genre de pratique peut permettre d’évoluer en toute sérénité pour ses premiers implants.

L’utilisation d’une marque reconnue, qu’elle soit premium ou middle-cost, peut permettre de trouver facilement des confrères utilisant ce système afin de s’adresser à eux en cas de besoin.

CONCLUSION

Le choix d’un système implantaire est un moment important dans la carrière d’un omnipraticien, qu’il ne faut pas sous-estimer et qui demande une réflexion préalable.

Il est primordial de se questionner sur le long terme : quel pratique veut-on avoir, quel volume d’implants sera posé, etc. ?

Néanmoins, la synthèse des pratiques usuellement décrites ainsi que l’acquisition d’un certain nombre de données sur le long terme font apparaître l’intérêt d’un système implantaire proposant :

– une surface moyennement rugueuse ;

– une connexion interne conique ;

– une trousse chirurgicale commune permettant, d’une part, de poser un implant Bone Level en secteur esthétique ou un implant Tissue Level en secteur postérieur et, d’autre part, de disposer d’un implant universel pour les sites cicatrisés (implantation différée) et d’un implant spécifique pour les sites extractionnels (implantation immédiate).

Ainsi, cette approche permet au praticien de choisir un système répondant à ses attentes, capable entre autres de répondre à un grand nombre de situations cliniques, sans pour autant avoir de multiples gammes redondantes dont l’utilisation au quotidien peut s’avérer complexe.

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Liens d’intérêts

Sébastien Piscitello déclare un lien d’intérêt avec Zimmer Biomet Dental en tant que consultant. Il déclare que le contenu de cet article ne présente aucun conflit d’intérêts. Tristan Picard et Truong Nguyen déclarent n’avoir aucun liens d’intérêts.