Clinic n° 04 du 01/04/2021

 

Revue de presse

Internationale

Alexandre PIERGA  

Le succès d’une restauration indirecte collée est directement dépendant de la qualité du joint et des propriétés mécaniques de l’agent d’assemblage utilisé. De plus en plus de praticiens font appel à des composites photopolymérisables à la place des colles duales classiquement utilisées comme agent d’assemblage. Le contrôle du praticien sur le délai de polymérisation et sur la facilité d’élimination des excès rend en effet cette technique séduisante. Cependant, la...


Le succès d’une restauration indirecte collée est directement dépendant de la qualité du joint et des propriétés mécaniques de l’agent d’assemblage utilisé. De plus en plus de praticiens font appel à des composites photopolymérisables à la place des colles duales classiquement utilisées comme agent d’assemblage. Le contrôle du praticien sur le délai de polymérisation et sur la facilité d’élimination des excès rend en effet cette technique séduisante. Cependant, la prise de ces composites nécessite une activation des photo-initiateurs par les photons d’une LED. Cette activation peut être perturbée par la nature et l’épaisseur de la pièce prothétique collée. S’assurer de la transmittance de la LED à travers les pièces prothétiques et du degré de conversion de l’agent d’assemblage est un prérequis nécessaire à une utilisation sereine de cette stratégie de collage.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Ce document est une étude in vitro. Il s’intéresse au degré de conversion à 24 heures de 3 agents d’assemblages : un composite fluide (Universal Flo, GC), un composite micro-hybride (G-aenial postérieur, GC) et une colle duale (G-CEM LinkAce).

Les mesures sont réalisées après photopolymérisation de 40 secondes avec 2 LED différentes à travers 6 blocs :

– 1, 3 ou 5 mm d’épaisseur de Ceramsart (GC) ;

– 1, 3 ou 5 mm d’épaisseur de Enamic (Vita).

La transmittance à travers ces différents blocs est également mesurée.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Les auteurs mesurent différentes variations selon les situations :

– la transmittance diminue lorsque l’épaisseur de la prothèse augmente ;

– la transmittance varie selon la nature du bloc sélectionné et selon sa teinte ;

– le degré de conversion diminue significativement à partir de 3 mm d’épaisseur pour les composites photopolymérisables ;

– le degré de conversion des colles duales n’est pas affecté par l’épaisseur de la pièce prothétique.

Il semble donc que, au-delà d’une certaine épaisseur prothétique, la diminution de la transmittance ne permette pas une polymérisation satisfaisante du composite utilisé pour l’assemblage. Cela s’explique par les particules présentes dans les blocs de céramique ; la lumière interagit avec elles et est partiellement absorbée. Cette absorption varie avec la nature des particules et donc avec la nature des blocs.

L’augmentation de la puissance de la LED ne compense pas l’augmentation de la pièce prothétique.

Les auteurs recommandent donc de limiter l’utilisation du composite de restauration comme matériau d’assemblage à des collages de pièces prothétiques de moins de 2,7 mm d’épaisseur.

PERTINENCE CLINIQUE ET ÉTUDES À MENER

L’assemblage au composite de restauration peut être envisagé sereinement jusqu’à 2,7 mm d’épaisseur de pièce prothétique.

Il est possible d’influer sur le degré de conversion et donc sur l’efficacité du collage en modifiant :

– la durée de photopolymérisation ;

– la nature du composite ou ses propriétés via, par exemple, la chauffe ;

– la nature de la céramique ou la teinte de la restauration collée.

Cette technique cliniquement attrayante reste actuellement dépendante de nombreux facteurs que le clinicien doit envisager dans son exercice afin d’assurer le succès au long terme de sa restauration : épaisseur de sa pièce, durée de la photopolymérisation, choix du composite utilisé.

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