Clinic n° 04 du 01/04/2021

 

Revue de presse

Internationale

Adrian BRUN  

INTRODUCTION

Le diabète sucré (DS) est une maladie chronique qui survient soit lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, soit lorsque l’organisme ne peut pas utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. L’OMS estime que 422 millions d’adultes dans le monde souffrent de cette maladie et que plus de 3 millions meurent chaque année des suites de leur hyperglycémie. En Espagne, le DS a une prévalence élevée (12,5 %), et un taux de mortalité...


INTRODUCTION

Le diabète sucré (DS) est une maladie chronique qui survient soit lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, soit lorsque l’organisme ne peut pas utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. L’OMS estime que 422 millions d’adultes dans le monde souffrent de cette maladie et que plus de 3 millions meurent chaque année des suites de leur hyperglycémie. En Espagne, le DS a une prévalence élevée (12,5 %), et un taux de mortalité élevé (environ 20/25 décès pour 100 000 personnes/an). Le DS coûte 5,1 milliards d’euros en coûts directs et 1,5 milliard d’euros en coûts indirects liés à la gestion des complications du diabète. Ces données sont comparables à celles de la France. L’ensemble de ces éléments sous-tend clairement la nécessité de disposer de stratégies efficaces pour la détection précoce, la prévention et le traitement de cette maladie.

Il a depuis longtemps été démontré une association bidirectionnelle entre le diabète et la parodontite, attestant que le DS est un facteur de risque de la parodontite et que la parodontite affecte négativement le contrôle de la glycémie chez les patients diabétiques. Le prédiabète, caractérisé par une légère hyperglycémie et une légère augmentation de l’insulinorésistance, précède souvent le DS et il est considéré comme un facteur de risque indépendant des maladies cardiovasculaires. Toutefois, cette conversion du prédiabète en diabète n’est pas inévitable ; son identification précoce ainsi que la mise en œuvre de mesures préventives peuvent réduire son apparition et le risque de complications ultérieures.

OBJECTIF DE L’ÉTUDE

L’objectif de l’étude était d’évaluer l’efficacité de différents protocoles de dépistage de l’hyperglycémie non diagnostiquée dans un réseau de cliniques dentaires en Espagne.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Au total, 1 143 patients ont été inclus dans l’étude. Les participants ont rempli un questionnaire sur les facteurs de risque du diabète (FINDRISC) et ont subi un examen parodontal de dépistage. Les patients ayant un score légèrement élevé selon le FINDRISC (≥ 7) ont été adressés à leur médecin pour confirmation du diagnostic.

RÉSULTATS

Parmi cette population, 97 patients (8,5 %) ont finalement été diagnostiqués comme diabétiques (n = 28 ; 2,5 %) et comme prédiabétiques (n = 69 ; 6,0 %). L’utilisation du questionnaire a été renforcée par un examen parodontal de base (non significatif) ou un dosage de l’HbA1c (significatif).

DISCUSSION

Les résultats de la présente enquête (étude DiabetRisk) suggèrent que les lieux d’exercice dentaires (cabinets, cliniques) constituent un environnement approprié pour le dépistage du diabète ou du prédiabète. En effet, 8,5 % des patients ayant consulté dans les centres affiliés, en demande de soins dentaires, ont eu un diagnostic d’hyperglycémie. Ces résultats soulignent le rôle important que les professionnels de la santé bucco-dentaire pourraient jouer dans la détection précoce du diabète sucré.

CONCLUSION

En conclusion et en soutien aux recommandations de la Fédération internationale du diabète et de la Fédération européenne de parodontologie, l’étude DiabetRisk confirme le rôle primordial du chirurgien-dentiste dans le dépistage de l’hyperglycémie non diagnostiquée. Les résultats de cette étude soutiennent l’utilisation d’un protocole combinant un questionnaire validé et un dosage de l’HbA1c, avec ou sans examen parodontal de base, comme outil utile pour le dépistage des sujets à risque de diabète ou de prédiabète. Le protocole de dépistage proposé pourrait être facilement mis en œuvre dans tout lieu d’exercice dentaire.

PERTINENCE CLINIQUE

• Justification scientifique de l’étude. Le dépistage de l’hyperglycémie s’est révélé efficace pour inciter au diagnostic et au traitement précoces et pour ainsi réduire le risque cardiovasculaire des sujets atteints. Les cabinets et cliniques dentaires ont été proposés comme des cadres appropriés pour le dépistage des sujets à risque.

• Principales conclusions. La combinaison du questionnaire FINDRISC et d’un dosage de l’HbA1c a été efficace pour identifier les sujets présentant un diabète ou un prédiabète non diagnostiqué. L’ajout de paramètres parodontaux comme prédicteurs a amélioré mais pas de manière significative la capacité de dépistage des modèles testés.

• Implications pratiques. L’équipe de soins bucco-dentaires devrait participer au dépistage de l’hyperglycémie non diagnostiquée afin de faciliter le diagnostic et la gestion précoces du diabète et du prédiabète.

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