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Traduit de J. Dent. Res. 2020Traduction Adrian Brun
Les parodontites sont parmi les maladies chroniques les plus répandues et leurs formes sévères touchent 11,2 % de la population mondiale. En cas de parodontite on observe une destruction irréversible du parodonte, souvent associée à une augmentation de la mobilité des dents et par conséquent à un risque augmenté de les perdre. Les évolutions dans le temps de la perte d'attache et de la perte des dents posent des limitations esthétiques et fonctionnelles,...
Les parodontites sont parmi les maladies chroniques les plus répandues et leurs formes sévères touchent 11,2 % de la population mondiale. En cas de parodontite on observe une destruction irréversible du parodonte, souvent associée à une augmentation de la mobilité des dents et par conséquent à un risque augmenté de les perdre. Les évolutions dans le temps de la perte d'attache et de la perte des dents posent des limitations esthétiques et fonctionnelles, compromettant ainsi la qualité de vie et la confiance en soi. Par conséquent, et compte-tenu de l'augmentation de la durée de vie, la question du maintien des dents en bouche sur le long terme est un sujet d'actualité.
L'objectif de l'étude était d'évaluer les facteurs contribuant à la perte des dents 20 ans après un traitement parodontal.
Après une première analyse rétrospective 10 ans après leur traitement parodontal, des patients ont été recontactés dix ans plus tard. Lors de la réévaluation clinique 20 ans après, les facteurs liés aux dents (type de dent, localisation, perte osseuse, atteinte de la furcation, statut de pilier prothétique) et les facteurs liés au patient (sexe, tabagisme, adhésion au traitement) ont fait l'objet d'une enquête pour répondre à l'objectif fixé par l'étude.
L'étude a porté sur 69 patients (42 femmes/27 hommes). 39 d'entre eux n'ont pas eu de suivi parodontal régulier (56,5 %) et 11 étaient des fumeurs actifs (15,9 %). Au total, 198 dents sur 1611 ont été perdues. La perte des dents était significativement plus élevée (p < 0,001) en ce qui concerne les molaires (21,1 %), les dents pluriradiculées avec atteinte de la furcation (23,5 %), et les dents piliers de prothèse (fixes : 27,6 %, amovibles : 36,4 %). Au total, 37,6 % des dents dont la perte osseuse initiale était supérieure à 60 % ont été perdues en 20 ans. Les patients ayant eu un suivi parodontal ont eu une perte dentaire moins fréquente que les patients n'en ayant pas eu (OR 0,371 ; p < 0,01).
La perte osseuse est considérée comme un facteur important influant sur la progression de la maladie et est donc pris en compte lors de l'établissement du diagnostic d'un patient atteint de parodontite. Le degré de perte osseuse a été associé à un risque plus élevé de perte de dents dans des études antérieures. Ainsi, Graetz et al. (2017) ont mis en évidence la perte osseuse comme un facteur de pronostic de la perte des dents. Dans leur étude, le risque était même multiplié par 23 si la perte osseuse initiale était > 70 % ! Conformément à ces conclusions, les données de cette étude de Rahim-Wöstefeld et al. montrent que 20 ans après le traitement parodontal, la perte des dents dont la perte osseuse initiale était > 60 % était nettement plus élevée que pour les dents dont la perte osseuse initiale était ≤ 20 %. De manière intéressante cependant, même au niveau des dents présentant une perte osseuse initiale sévère, le suivi parodontal a joué un rôle important sur le pronostic des dents concernées. Ainsi, si au moment de l'étude les patients n'ayant aucun suivi parodontal avaient perdu un pourcentage important de dents (52,4 %), ceux ayant eu un suivi parodontal régulier en avaient perdu beaucoup moins (15,8 %). En outre, il est à noter que même des dents dont la perte osseuse initiale était > 80 % avaient été conservées (46,7 %), 20 ans après le traitement parodontal.
Le maintien des dents chez les patients atteints de parodontite sévère représente encore un grand défi pour les chirurgiens-dentistes. Morphologie, localisation, perte osseuse initiale, atteinte de la furcation et statut de pilier de prothèse influent sur le risque de perte de dents. Cependant, il est à noter que 2/3 des dents ayant une perte osseuse initiale > 60 % peuvent être conservées pendant au moins 20 ans après un traitement parodontal ! Le maintien des dents est fortement influencé par l'adhésion du patient au traitement et par conséquent, un suivi personnalisé doit être envisagé dès l'établissement du plan de traitement.
Seules quelques rares études s'intéressent à la survie des dents chez les patients souffrant de parodontite au-delà d'un suivi de 10 ans après traitement parodontal.
Principales conclusions : L'adhésion des patients a un impact considérable sur la perte des dents 20 ans après le traitement parodontal. Environ une dent sur deux présentant une perte osseuse initiale > 60 % a été perdue en cas de non-adhésion (52,4 %), alors que chez les patients adhérents, la perte des dents a eu lieu bien moins souvent (15,8 %). Les facteurs influençant la perte de dents identifiés pour une période de 20 ans sont : perte osseuse initiale, atteinte d'une furcation, statut de pilier de prothèse et adhésion du patient à la thérapie parodontale de soutien.
Implication pratique : Malgré le risque plus élevé de perte de dents avec une perte osseuse initiale > 60 %, l'atteinte d'une furcation pour les dents pluriradiculées et une fonction de pilier prothétique, le maintien de ces dents est fortement influencé par l'adhésion des patients au traitement. Un suivi parodontal régulier et personnalisé est ainsi nécessaire pour réduire le risque de perte de dents et devrait être envisagé de manière plus systématique.